© Olivier Bachelard
réalisateur et acteurs
Djamel Bensalah prĂ©cise dâemblĂ©e que des personnes comme le personnages de Julien, il y a des milliers dâexemplaires en banlieue. Non pas quâil se prenne pour un arabe, mais quâil le soit. Ainsi, il est normal quâil veule ressembler aux autres, pour ne pas ĂȘtre exclus. Ainsi lâun de ses mailleurs amis est allĂ© jusquâĂ se faire appeler Tarek, nom qui lui est restĂ©, mĂȘme si ses lubbies dâĂȘtre arabe ont disparues. Il indique quâil allait mĂȘme jusquâĂ faire ramadan. Il a logiquement inspirĂ© le personnage. Le respect des rites et coutumes vient du fait que lâidentitĂ© passe par la religion, comme un lien Ă©vient avec ses racines, ceci mĂȘme si peu sont vĂ©ritablement pratiquant. Ainsi David Saracino prĂ©cise quâil a connu beaucoup de jeunes musulmans qui allaient en douce sâacheter des sandwich au thon, mais restaient fiers dâĂȘtre musulmans.
Il fallait, pour Djamel Bensalah, rendre la culture lisible et joyeuse, sans verser trop dans le clichĂ©. A lâĂ©poque du tournage de « Le ciel les oiseaux et ta mĂšre », il en avait lui mĂȘme marre des banlieues illustrĂ©es en noir et blanc, façon « La haine », et voulait donner dans une vision positive. Avec « Il Ă©tait une fois dans lâOued », il a voulu cumulĂ© des choses positives Ă©galement, en se tournant plus vers la fable. Concernant lâaspect conte justement, le personnage apparaissant dans le village fantĂŽme est un peu le gĂ©nie de lâhistoire. Quant au happy end le rĂ©alisateur lâassume parfaitement, Ă lâimage dâun film de Frank Capra ou de Billy Wilder, oĂč comme dans tous les contes, les parents gagnent.
Il affirme alors voir « Il Ă©tait une fois dans lâOued » comme un voyage initiatique, oĂč un jeune homme retrouve son identitĂ© sans le vouloir vraiment, puisquâil ne vouait pas se rendre en AlgĂ©rie. Son film nâest par pour autant communautaire. Chacun doit pouvoir sâidentifier Ă lâun des personnages, ne serait-ce que par exemple dans le conflit avec les parents. Et puis, si lâon peut discuter sur le mariage forcĂ©, lâinversion, avec lâhomme obligĂ© et surtout le fait quâil ne sâagisse que de fiançailles, attĂ©nue la polĂ©mique Ă©ventuelle.
Il admet que son film est nĂ© suite notamment Ă la vision de « Viva Laldjerie », qui Ă©tait une peinture terrible de son pays, avec putes et vie nocturne douteuse. Il a alors eu envie de retourner lĂ -bas, pour y voir si les choses Ă©taient vraiment diffĂ©rentes de dans son souvenir. Câest un peu comme pour ses parents, qui gardent un souvenir bloquĂ© Ă une Ă©poque, toujours plus beau que dans la rĂ©alitĂ©. Il a pu le faire avec ce tournage. LâĂ©criture a pris environ un mois et demi, et le tournage a commencĂ© deux mois plus tard. Celui-ci sâest fait Ă lâĂ©nergie, avec environ 50 techniciens français et comĂ©diens. Sur place, il a fallu exagĂ©rĂ© systĂ©matiquement les quantitĂ©s ou proportions demandĂ©es (figurants, dĂ©laisâŠ) pour avoir ce qui Ă©tait rĂ©ellement souhaitĂ©. Car en AlgĂ©rie, « câest toujours impossible ou compliquĂ© », mais au final « ça se fait quand mĂȘme » (rires). Et Julien Courbet de prĂ©ciser quâon « ne vous dit jamais non », mais quâon « peut attendre des plombes » (rires).
Djamel Bensalah Avoue avoir Ă©crit le scĂ©nario en pensant aux deux interprĂštes. Il avait pu voir David Saracino dans « La mentale » et dans le film de Timsit. CĂŽtĂ© filles, il connaissait Josiane Balasko, et a confiĂ© Ă sa fille, un personnage au dĂ©part toujours en gestation. Le frĂšre, maĂźtre chanteur est un gamin de 9 ans dĂ©nichĂ© lors dâun casting. Il a tout de suite Ă©tĂ© une sorte de mĂ©lange entre beautĂ© et espiĂšglerie. Sa malice dans le regard lâa imposĂ© dâemblĂ©e. Il fallait un personnage rusĂ©, qui allait morfler Ă un moment, puisquâil se prend beaucoup de coups, et câĂ©tait celui-lĂ . David Saracino avoue quâil lui a menĂ© la vie dure (rire), mais quâil y avait une certaine connivence entre eux Ă lâextĂ©rieur du tournage. Ils sont ainsi allĂ©s Ă des fĂȘtes foraines ensemble, ou on fait dâinterminables parties de UNO.
Le rĂ©alisateur termine par un mot sur quelques dĂ©tails. Concernant le trĂšs remarquĂ© groupe qui joue au mariage. Il sâagit des Hoba Hoba Spirit, groupe marocain, dĂ©couvert sur internet. Câest un vrai groupe, mĂ©langeant français, et arabe, pour un rĂ©sultat trĂšs drĂŽle. La reprise quâils avaient fait de Copa Cabana, nâa pu ĂȘtre utilisĂ©e faute de droits, du coup, ils font semblant de mal chanter, ce qui est trĂšs rĂ©ussi. Concernant la transformation du logo THX en Youyou sound systĂšme, câĂ©tait une idĂ©e rigolote pour intĂ©grer ce logo (et celui de la Gaumont) au film. Concernant lâaffiche de François ValĂ©rie, elle nâest pas la seule Ă montrer que la culture française est trĂšs prĂ©sente Ă Alger. Il y a dâailleurs une espĂšce de dualitĂ© permanente, les rapports avec la France pouvant se rĂ©sumer en un « je tâaime, moi non plus ». Quand on arrive Ă Alger, on est en France, de part lâurbanisme ou la culture. Mais des dĂ©tails, comme le changement du nom de certaines rues (Anatole France, transformĂ© en Anatole AlgĂ©rie), pour rappeler la volontĂ© dâindĂ©pendance.
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