affiche film

© Ad Vitam

L'HOMME FIDÈLE


un film de Louis Garrel

avec : Laetitia Casta, Louis Garrel, Lily-Rose Depp...

Abel aime Marianne et est aimé de Chloé, la sœur de Paul qui ne tarde pas à mourir, après que Marianne ait eue un enfant de lui : Joseph. Un doute s’installe quand Joseph annonce à Abel, qui vient tout juste de rentrer dans la vie de sa mère, que c’est elle qui a tué son père...


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Photo film

La fidélité à la parisienne

Le film s’ouvre sur un ascenseur émotionnel très efficace, filmé dans la plus pure tradition française d’une lumière naturaliste, issue de la Nouvelle Vague, à la fois fade et très peu travaillée. L’absence de tact atteint des sommets dans cette scène de rupture. En effet, Laëtitia Casta, non-contente d’annoncer à Louis Garrel qu’elle est enceinte, mais pas de lui, lui annonce qu’elle va se marier dans 10 jours avec le père de l’enfant et que comme ils vont emménager chez elle, Abel doit donc vider les lieux. Elle lui annonce tout cela les jambes nues, au sortir du lit, sur le pas de la porte, alors qu’il s’apprête à partir en cours. La scène s’ouvre tout de même par : « je ne suis pas sûr que ce soit le bon moment mais », et se clôt sur elle qui le remercie de le prendre comme ça.

Le ton est donné. Le film de Louis Garrel ajoute à cette chronique parisienne sur le couple dissolu et sa fidélité une petite part de mystère et de thriller. L’idée est efficace, l’exécution, très simple, il suffit d’un petit rien pour laisser le doute germer : un enfant taiseux annonce au nouvel amant de sa mère, comme un secret, que c’est elle qui a tué son père.

Pas de bon point particulier pour une mise en scène extrêmement classique, avec peut-être un abus de plans d’exposition et des panoramiques d’ouverture un peu faibles, que l’on sent se répéter pour placer les personnages dans leur contexte. Une prise de partie esthétique est à relever au montage, avec des raccords mouvements décalés qui répètent des petits points de détails, parfois doublés avec des inserts, ce qui rend les procédés un peu lourds. Une autre est à noté au son. Garrel expliquant qu’il voulait faire un film avec trois voix-off, donc une absence de communication entre les personnages. Le son, plus que la mise en scène, permet de comprendre quel monologue intérieur correspond à chaque séquence.

Les scènes de restaurant sont assez bien travaillées, avec une serveuse qui soutient et provoque le sourire, alors qu’à la scène suivante où c’est la gêne qui émerge. Comme le titre l’indique, la fidélité est au cœur du film, comme concept, outil et idée, elle se pense plus qu’elle ne se vit. Jamais dans le jugement, Garrel ère entre les deux femmes, dans une sorte d’illusion de contrôle et de choix. "L’homme fidèle" est un film très parisien, dans ses décors et ses personnages, mais il n’est pas cynique. Il se tient de manière surprenante, un peu magique, dans un ton décalé, dilettante et perdu, comme l’air ahuri permanent de l’acteur réalisateur Louis Garrel, à moitié décoiffé, à moitié endormi.

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