© Gaumont Distribution - Legende Films - EZRA
Edmond Rostand est en panne d’inspiration. Grâce à son amie Sarah Bernhardt, il se voit la chance de rencontrer le grand Constant Coquelin pour lui présenter une pièce. Ce dernier désire une comédie, héroïque, en vers et prête dans trois semaines. Aucun problème pour le jeune dramaturge. Il ne lui reste plus qu’à recruter les autres comédiens. Et à écrire l’intégralité du texte en un temps record…
Événement de ces dernières années au théâtre, "Edmond" s’était vu couronné de cinq Molière en 2017. Alors que le Palais Royal ne désemplit toujours pas, et où le public parisien peut découvrir les coulisses incroyables de l’écriture de la pièce iconique "Cyrano de Bergerac", Alexis Michalik a décidé d’adapter lui-même son propre travail pour les salles obscures. Rien d’étonnant lorsque l’on sait que le texte avait d’abord été imaginé pour le cinéma, avant de connaître le succès sur les planches, faute d’avoir trouvé à l’époque des investisseurs pour le grand écran. L’histoire est donc toujours la même : une plongée dans les quelques jours qui ont précédé la première représentation de ce qui restera comme l’un des plus grands triomphes du théâtre français.
Nous sommes ainsi en 1897. Trois semaines séparent Edmond Rostand de son grand retour au théâtre de la Porte-Saint-Martin, après les fortunes diverses de ses précédentes créations. Mais entre l’écriture de la pièce, la gestion des comédiens, son coup de cœur pour la belle Jeanne, la désinvolture de son meilleur ami et les exigences farfelues de deux producteurs corses, le temps va passer très vite. Comédie burlesque et fantasque, le film souffre de ne jamais réussir à s’emparer du médium cinématographique pour transcender le matériau originel. Si le récent "Les Chatouilles" avait multiplié les innovations visuelles, cette adaptation, elle, se contente du strict minimum, à savoir offrir une audience plus large à une œuvre, sans rechercher à l’adapter aux nouveaux codes narratifs offerts par ce nouvel outil. Et comme souvent lors d’un passage du sixième au septième Art, c’est principalement là que le bât blesse, dans cette incapacité à créer autre chose qu’une succession mécanique de joutes verbales.
Si les récits imbriqués, pâte d’Alexis Michalik, ont fait sa renommée sur scène, la recette de mêler plusieurs histoires, de s’amuser avec les références historiques, ou encore de marier l’intime à un contexte plus large sont des ficelles plus que vues et revues au cinéma, précisément parce que le montage permet de s’alléger de toutes les contraintes de lieux et de temps. Il appartenait alors au réalisateur de placer l’inventivité ailleurs, dans ses choix de mise en scène, dans son appropriation d’une nouvelle grammaire (le champ-contrechamp, ça peut être utile), dans sa prise de recul par rapport à l’édifice matriciel. Il n’en sera malheureusement rien, le métrage se satisfaisant dans ses dialogues aiguisés et son rythme soutenu. Parfois divertissant, "Edmond" perd rapidement tout son romanesque, la faute à des mouvements de caméra absolument pas maîtrisés, à une direction d’acteurs hésitante et à une absence de velléités esthétiques. L’enfant prodige des planches a encore du chemin à parcourir s’il rêve de s’imposer dans le paysage cinématographique hexagonal…
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