© Diaphana Distribution – Inkpot Films
Ratna rêve de travailler dans la mode. Pour le moment, elle survit en jouant la domestique chez Ashwin, un jeune homme très aisé de Mumbai. Mais alors que tout les sépare dans une société où le mixage social est rare, ces deux êtres vont commencer à se rapprocher…
Cela commence comme un huis-clos. Ratna et Ashwin partagent le même appartement, mais tout les oppose. Veuve à 19 ans, et considérée ainsi comme une paria, elle a dû fuir sa ville natale, car dans beaucoup des villages indiens, l’épouse est nécessairement responsable de la mort du défunt mari, et ainsi porteuse d’une malédiction. Lui, est le fils d’une famille aisée, revenu des États-Unis où il vivait de sa plume. Ensemble, ils errent dans ce logement luxueux de Mumbai, la jeune femme jouant les domestiques en attendant de pouvoir vivre ses rêves et travailler comme fashion designer, l’homme noyant son spleen dans le boulot offert par Papa. La caméra les isole, la séparation est à la fois physique et sociale. Mais inévitablement, les corps se frôlent, les regards s’échangent. Les quelques formules de politesse se transforment en conversations. Dans ces silences, des sentiments sont en train de naître, interdits par une société où l’on ne mélange pas les classes, et pourtant terriblement prégnants.
Pour son premier long métrage, dont le scénario est né des souvenirs de sa propre nourrice, Rohena Gera esquisse un amour naissant avec délicatesse et pudeur. Hors de question de montrer de grandes effusions, tout se passera dans les petits détails, dans ces gestes presque anodins mais si révélateurs. Bienveillant et charmant, le film dessine les contours d’une relation où chacun va aider l’autre à l’avancer, à reprendre goût à l’existence et à oser exprimer ses désirs, quels qu’ils soient. Si le résultat est très attendu et un poil trop mielleux, il n’en demeure pas moins révélateur de l’état d’esprit d’un pays encore soumis au diktat de traditions ancestrales. Si l’on accepte de se laisser emporter par cette vague de bons sentiments et qu’on délaisse toute ambition formelle, "Monsieur" devient une chronique sentimentale plaisante dont la sélection à la Semaine de la Critique 2018 a permis de mettre une nouvelle fois dans la lumière la production indienne loin des carcans Bollywoodiens.
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