© Olivier BACHELARD
réalisatrice, actrice et acteur
Dans l'un des salons de la Cour des Loges, Valéria Bruni Tedeschi apparaît presque comme par enchantement, fidèle à son image de femme discrète, accompagnée d'un des ses acteurs, Nicolas Briançon (le metteur en scène dans le film). A la fois souriante et extrêmement attentive, elle répond aux questions des journalistes.
Le projet, a demandé près de 6 ans de travail. Elle avoue en avoir commencé l'écriture seule, puis s'être fait aider par Noémie Lvovsky, durant les deux dernières années. Au début, il n'y avait pas de producteur, l'équipe faisait des essais dans sa propre cuisine. Puis, le projet a obtenu l'avance sur recette (3 millions) et une aide de Canal + (environ 2 millions), mais il n'avait toujours pas de producteur. Ils ont dû d'ailleurs en changer 4 ou 5 fois, car chaque nouvel intervenant n'arrivait pas à monter le projet.
Elle semble regretter amèrement que toutes les chaînes de télé aient refusé le film, y compris les télévisions italiennes. Heureusement, Paolo Branco a voulu un jour lire le script, et a décidé de produire le film. Selon elle, avec ce producteur, les films sont sûrs de se faire, avec certes peu d'argent, mais le réalisateur y conserve toute sa liberté.
Pour elle, il n'était pas essentiel de réaliser. Elle a seulement eu envie d'écrire. C'est en faisant des essais, que cela c'est peu à peu imposé. Noémie Lvovsky a contribué à l'écriture, et apporté quelques touches liées à l'enfance du personnage de Fédérica, susceptibles d'éclairer la vie d'adulte de celle-ci.
Bien entendu, elle ne cache pas qu'il y a une part d'autobiographie dans ce récit. Elle-même est partie d'Italie pour des raisons semblables. Elle déclare d'ailleurs à ce sujet que " Quitter son pays quand on est petit, c'est comme une fracture dans sa vie ", ce qui permet d'envisager son héroïne sous un jour différent. Elle ne souhaitait en tout cas pas donner de réponses ou de solutions au malaise de Fédérica, mais plus poser des questions sur sa vie, sur la vie.
Elle souhaitait faire un film avant tout positif. Cela se ressent au travers des scènes de danse, revenant en parallèle à l'histoire, tel un chœur, symbole d'un même désir d'élévation de l'homme au travers de la musique et de la danse. Même chose avec la scène de fin, où le cercueil ne rentre pas dans l'avion, qui semblait finalement évidente au montage, car plus légère et moins triste que celle prévue initialement, où l'appareil décollait.
De même, son film fait la part belle à l'imagination de son héroïne, au travers de petits flashs, matérialisant ses désirs honteux ou érotiques. L'idée des dessin animés, symbolisant une imagination encore enfantine, est venue de Noémie, qui avait déjà utilisé le même principe dans ses films. Une scène X était initialement prévue, où Fédérica rêvait éveillée, et commettait l'acte avec le prêtre, dans la sacristie. Elle souhaitée par là, poser la question de " ce qu'on fait de ses pulsions naturelles, une fois dans une église ".
Lorsqu'on lui parle de Miracle, pour la scène de rémission de son père malade, elle répond que le seul vrai miracle est celui de la compassion. Le père a donc l'occasion de dire à ses enfants, à ses proches, ce qu'il ressent. Il peut partir dans la paix. Elle avoue par contre que le hasard a bien fait les choses, puisqu'elle a choisi Fédérica comme prénom pour son héroïne et s'est aperçu après coup que celui-ci contient les mots 'foi' et 'riche', à l'image du personnage, aisé, qui recherche cette foi.
Nicolas Briançon garde l'image d'un tournage heureux, où Valéria était détendue avec l'ensemble des acteurs sauf peut être avec elle-même. Valéria explique cela par son besoin d'être félicitée en tant qu'actrice, ce qu'elle ne pouvait pas recevoir, étant elle-même metteur en scène. Elle souhaitait en tout cas " faire rire à partir des névroses " de ses personnages, chercher un sens à la vie dans la joie, ce qu'elle semble avoir réussit à faire.
Valéria Bruni Tedeschi résume elle-même son film comme " l'histoire d'une fille qui a été trop aimée par son père " ou " de quelqu'un qui veut être libre ". Quant au titre, la citation entière aurait été trop longue, et la fin déjà prise par un autre film dont les droits appartiennent à René Château. Son titre préféré, " Moi aussi je suis communiste " ayant été refusé par les producteurs, c'est le début de la sentence qui a été conservé.
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