© Olivier Bachelard
acteur, actrice et réalisateur
Journaliste : Comment est né le projet ?
Arnaud Viard : Au départ, j'étais acteur, donc forcément, j'avais beaucoup de temps pour moi. J'ai commencé à écrire : des chansons, des adaptations pour le cinéma, des scénarios… J'ai fait plusieurs courts-métrages, et en 1999, j'ai écrit une histoire d'amour, comme celles qu'on n'oublie jamais. J'avais surtout la volonté de faire le portrait d'un jeune homme de 33 ans.
Journaliste : Le tournage en numérique est dû à des questions budgétaires ou esthétiques ?
Arnaud Viard : A des questions budgétaires, uniquement. Si j'avais eu plus d'argent, j'aurais tourné en 35 millimètres. Ce n'est pas vraiment un handicap ; je crois que dans toute production, on a toujours des concessions à faire…
Journaliste : Aviez-vous au départ l'intention de tenir le rôle d'Antoine ?
Arnaud Viard : Oui, au départ, j'avais écrit ce rôle pour moi, mais le film tardait à se monter… Pour la première expérience, c'est très difficile de diriger et jouer en même temps. En plus, le héros devait être ni trop jeune, ni trop vieux, pour n'être ni insouciant ni pathétique. Mais le personnage me ressemble beaucoup.
Julien Boisselier : Au départ, j'ai dit non. Je n'avais pas envie de me « balancer » dans cette histoire. Le scénario a été réécrit, je l'ai trouvé beaucoup plus fluide, beaucoup plus construit. Je crois qu'avant je n'étais pas prêt à interpréter le rôle d'Antoine. Je ressemblais trop au personnage pour m'amuser. Je dois prendre de la distance, c'est nécessaire.
Journaliste : Vous pensiez interpréter le rôle d'Antoine ; quelles directives avez-vous données à Julien Boisselier ?
Arnaud Viard : Je ne lui ai pas donné énormément de directives. C'est un travail qui se fait à deux : on parle beaucoup, on échange nos idées… La façon de jouer d'Antoine est très différente de la mienne. Je l'ai laissé faire. Et j'en suis très content.
Julien Boisselier : Il y a une sorte de mimétisme qui s'est crée : j'utilise aujourd'hui énormément de mimiques d'Antoine. Les gens qui me connaissent bien s'en étonnent, en général…
Arnaud Viard : Le scénario était sans retouches. J'ai beaucoup coupé, beaucoup réécrit. On discutait des scènes, de l'ambition des personnages.
Journaliste : Comment voyez-vous la décision d'Antoine de quitter Clara parce qu'elle est séropositive ?
Arnaud Viard : Je crois que la décision est lâche, mais on a essayé de ne pas faire de lui un diable. Je ne voulais pas le juger, je peux le défendre facilement.
Julie Gayet : Il est lâche mais à un moment donné, il se remet en question, ce que tout le monde ne fait pas dans ce genre de situation. La situation aurait peut-être été pire s'il avait été lâche…
Julien Boisselier : C'est grâce à cette fille qu'il ouvre enfin les yeux. C'est un tas d'épreuves qui le fait grandir. Dans une certaine mesure, la fin est une happy-end.
Julie Gayet : Je crois que ça soulève un vrai problème de société : on évite la maladie, on ne veut pas en parler, on la met de côté. On pense toujours que la médecine va nous sauver…
Arnaud Viard : Le choix de la maladie (le sida) s'est plus ou moins imposé de lui-même. La maladie s'est vraiment fait connaître il y a 15 ans, mais aujourd'hui, c'est encore un tabou dans notre société. Cette maladie a vraiment changé les comportements.
Julie Gayet : On ne s'abandonne plus à l'Amour. Clara a décidé de se tourner vers la vie.
Arnaud Viard : C'est un film sur le couple. Clara n'est pas une victime. Je n'avais aucune envie de la montrer malade, souffrante. Je voulais qu'on voit la réaction d'Antoine.
Journaliste : Comment s'est passé le travail avec Benjamin Biolay, qui a composé la bande originale ?
Arnaud Viard : C'est moi qui suis venu le trouver. Comme le budget était serré, on ne pouvait pas se permettre de piocher des chansons à droite à gauche, donc ça voulait dire qu'il nous fallait un compositeur. Il a vu le film, il a adoré et nous a offert quatre chansons.
Julie Gayet : La bande originale est particulièrement bien adaptée, parce que Benjamin Biolay s'est vraiment mis dans l'univers d'Arnaud Viard. C'est assez rare, comme comportement. Le film s'en ressent, c'est très positif.
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