© Olivier BACHELARD
Réalisateurs, actrices et acteurs
Journaliste :
Vous êtes plus rapidement passés du court, à la télé puis au film, que les autres « comiques » de Canal Plus…
Les quiches :
En fait, nous avons surtout tourné pour la télé, après avoir commencé à travailler sur le film. Nos courts métrages ont été beaucoup diffusés sur Canal Plus et Paris première, cela a peut être aidé à faire de nous des « enfants adoptifs » de Canal.
Journaliste :
Comment s’est déroulée la réalisation à quatre ?
Les quiches :
En fait ça n’est pas réellement possible. Nous avions déjà travaillé à huit, mais chacun avait son rôle bien défini. Par exemple, sur les courts métrages, Marianne… s’occupait de la cantine, c’était la cuisinière (rires). Pour Foon, le découpage s’est fait à quatre, et nous avons formé des groupes d’écriture pour chacune des scènes. Cela a permis des gains d’énergie considérables, avec un unique interlocuteur par scène. Nous avons pu ainsi tourner trois à quatre séquences par jour.
Le responsable de la séquence devait initialement avoir une casquette, pour pouvoir l’identifier facilement. Mais considérant les coiffures « pas possibles » des filles, qui sont aussi comédiennes dans le film, cela n’était pas réalisable.
Journaliste :
Ne pensez vous pas que le langage franglish peut être rebutant à la longue pour les spectateurs ?
Les quiches :
Au départ le film avait été écrit en anglais, et devait comporter des sous-titres « décalés ». L’idée du franglish a demandé un retravail du scénario mot par mot, pour ne pas perdre le spectateur. Nous avons testé le texte sur le papa de Vanessa, qui ne parle pas un mot d’anglais. Il était important qu’il puisse comprendre. Ce fut le cas.
Journaliste :
Quelle place avez-vous laissé à l’improvisation ?
Les quiches :
Le texte ne permettait aucune improvisation, justement à cause de la langue. Cela a du coup été un vrai challenge et un vrai plaisir de faire participer de vraies comédiennes de théâtre. Elles sont facilement rentrées dans notre univers, mais il a fallu beaucoup de coups de fils pour les convaincre.
Journaliste :
Justement, comment avez-vous fait venir Ludivine Sagnier, ou Thierry Lhermitte sur votre projet ?
Les quiches :
Ce fut beaucoup de harcèlement. Voir même des grèves de la faim (rires). Pour Adjani, on s’est beaucoup battus (avant qu’elle ne change de numéro de téléphone). Plus sérieusement, nous étions fans des bronzés, et Thierry est ami de Louis Becker, qui a produit le film. Quant à Ludivine, c’est une amie à nous.
Journaliste :
L’écriture des chansons s’est-elle faite dans la facilité ?
Les quiches :
Nous adorons nous déguiser, chanter, danser, cela est la base même de nos premiers courts. Mais nous avons dû faire appel à un chorégraphe, parce que si certains savent danser, comme Isa, d’autres avaient besoin de se faire crier dessus pour réussir, même pour des choré assez simples.
Journaliste :
Pourquoi « Le pin’s », pour le chien ?
Les quiches :
Vous trouvez qu’il ressemble à quoi ? A vrai dire, il a vraiment failli y passer. Un jour il avait disparu du plateau. C’était la catastrophe. On s’est dit qu’il avait pris la grosse tête, dès qu’on disait « action », il chantait…
Journaliste :
Où le film a-t-il été tourné ?
Les quiches :
A Cherbourg, dans un ancien hôpital maritime, devenu une école de cinéma. Les élèves en fin d’études nous ont servis de figurants. D’ailleurs les cocotiers et palmiers que vous voyez dans le décor, sont des plantes tropicales ramenées par les marins, lors de leur voyages.
Nous n’aurions pas eu les moyens de les rajouter… Le budget pour ce film (d’époque), était de 650 000 Euros. Nos salaires ressemblaient plus à des pourboires. Et il faut avouer que les stagiaires nous ont sauvé la vie.
Journaliste :
La fin est une allusion à Carrie de De Palma..
Les quiches :
Oui, et il y a en a beaucoup d’autres, comme « Sauvez par le gong ». Il nous fallait un univers parqué par les leaders, et proche des codes de l’adolescence.
Journaliste :
Justement, vous avez une vision des plus personnelles sur les relations entre filles. « On est copines », mais on se trucide par derrière : c’est une vision de filles ?
Les quiches :
Non, c’est plus un discours sur le pouvoir et la compétition. On devient toujours un con à un moment. Et les rapports entre Smoking Kills et Ashtray, les filles pourraient les reproduire à terme. Il s’agit donc des rapports entre refus de perdre et renoncement à gagner. Mais nous avons aussi voulu parler de la dictature du cool, et à travers, de la violence et de la cruauté. Tout en restant à mi chemin entre cartoon et tragédie.
Journaliste :
Les samples de chansons anciennes, c’est pour vous une nouvelle forme de créativité ?
Les quiches :
Pas sûr. Bien sûr, il faut des références, mais il ne s’agit pas de pomper bêtement. Le mélange des genres nous était cher, c’est là dessus que nous avons travaillé.
Journaliste :
Vous faites quand même de nombreuses références à des chansons connues, d’interprètes de renom : Queen, Les chaussettes noires, Whitney Houston, Lionel Richie, Isabelle Adjani…
Les quiches :
Oui, il y a même une que seule Elysabeth Quin a trouvée… Vous trouvez ?… Non… C’est bibifoc En fonction des textes, nous avons recherché les musiques. Cela a donné une certaine influence, tout en gardant volontairement un côté sixties.
Journaliste :
Le passage en roman photo est une idée assez fameuse. Elle parodie notamment les publicités Coca Cola…
Les quiches :
Elle nous était venue lors d’un court métrage, il y a 20 ans. La caméra et les objets bougeaient, mais pas les figurants. C’est d’un autre court métrage que provient le concept de Foon : « Grease side story ». Il avait gagné un prix à l’époque, dans un festival où Louis Becker était président. Il nous a rapidement proposé d’en faire un long.
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