INTERVIEW

POUR UNE FEMME

© EuropaCorp Distribution

POUR UNE FEMME


Diane Kurys, Mélanie Thierry, Benoit Magimel et Clément Sibony

Réalisatrice, actrice et acteurs


Accompagnée de Mélanie Thierry, Benoit Magimel et Clément Sibony, la réalisatrice de « Sagan » est e présenter son dernier film dans sa ville natale qu'est Lyon. Elle revient d'ailleurs sur sa redécouverte de la ville dans ce métrage et le plaisir qu'elle a eu à tourner dans la capitale des Gaules. Les acteurs, quant à eux, ont pu parler des rôles forts qu'ils interprètent, sachant qu'ils sont en partie inspirés de la vie de Diane Kurys.


Journaliste :
Ce film est très personnel, presque autobiographique, qu'est-ce qui vous a poussé à porter cette histoire à l'écran ?

Diane Kurys :
Souvent les films personnels sont les plus inspirants. Lorsque l'on parle de soi ou de choses que l'on connaît bien, on arrive à toucher la vérité et on donne aux acteurs de la matière qui est dans le vécu et le ressenti. Même si cela reste une histoire réinventée. Ma famille m'inspire, mes parents me fascinent et j'avais envie de revenir sur un film plus intime car je m'étais éloignée un peu de ça récemment. Alors que j'avais déjà traité ces sujets auparavant. Ça m'a fait un bien fou et j'ai pris beaucoup de plaisir à y revenir.

Journaliste :
Mais est-ce qu'on a une appréhension à traiter sa propre intimité ?

Diane Kurys :
Non, je crois que lorsque l'on écrit on ne doit pas s'embarrasser de craintes ou de peurs. De plus, ces personnages là sont tous morts, donc personne ne m'en voudra. Mais j'ai quand même plus l'impression de leur rendre hommage, même si je leur fait vivre une aventure qui ne leur est pas vraiment arrivée.

Journaliste :
Comment se passe le casting, lorsque l'on doit trouver une personne pour représenter un de ses proches ?

Diane Kurys :
Je n'écris jamais en pensant à des acteurs. Mais lorsque le scénario est terminé et que l'on a choisi les acteurs qui joueront les personnages, il y a une sorte de surimpression, entre le comédien et la personne qu'il interprète et que je visualise très clairement, vu que je m'inspire du réel. Et là, ça marche, ou pas... Mais dans ce cas précis, ça a collé parfaitement.

Journaliste :
Comment s'est déroulé le tournage, vu que vous abordez deux époques et surtout dans cette ville dont vous êtes originaire ?

Diane Kurys :
Et bien, avec deux époques, c'est deux fois plus dur ! À la base, la partie dans les années 80 avait beaucoup plus d'importance alors qu'au final, elle est devenue une mise en abîme qui rend l'histoire d'amour et la volonté de vengeance plus forte. Mais pour le tournage, on a fait comme on pouvait, avec la ville qui nous a aidés en enlevant les tags et en gérant tout ce qui pouvait être anachronique aux années 80 puis aux années 40, rendant ainsi la reconstitution plus réaliste. En tout cas, c'est une ville qui m'est revenue au cœur. J'avais quelques problèmes à y retourner à cause de mon enfance, mais ce film m'a vraiment permis de me réconcilier avec Lyon. Et puis, de toute façon, lorsque l'on tourne dans un endroit, on se l'approprie.

Journaliste :
On peut voir beaucoup de détails dans le film qui jouent aussi sur la reconstitution, comme cette cafetière des années 40, vous êtes-vous beaucoup documentée pour retrouver ces objets atypiques ?

Diane Kurys :
D'abord je suis assez vieille, pas pour avoir connu cette époque, mais presque, j'ai donc des souvenirs. Et puis, il y a tout un travail en amont. On se base sur des photos, car là il y en avait beaucoup. Mais cette cafetière, c'est vraiment quelque chose dont je me rappelle. Et d'ailleurs plusieurs détails me sont revenus durant le tournage. Comme le panier à salade. Un matin je me suis réveillée en me disant que l'on avait pas de scène avec cet objet, alors l'accessoiriste a dû chercher un panier le matin même, juste pour tourner cette petite scène qui n'était même pas dans le scénario. Mais pour rajouter encore un peu de réalisme.

Benoit Magimel :
Elle a mis une pression sur l'équipe déco ! (Rires). C'est vrai que ça lui revenait au fur et à mesure, mais elle était précise sur le moindre des objets.

Journaliste :
En tant qu'acteur, est-ce qu'il y a une difficulté à tourner ces films d'époque ?

Benoit Magimel :
Personnellement je trouve ça plutôt excitant ! C'est vraiment quelque chose que j'aime. Les années 40-50, c'est quelque chose que j'avais déjà découvert avec « Les Ritals » de Cavanna (adapté à l'écran par Marcel Bluwal en 1991, ndlr). Porter le costume, c'est vraiment appréciable, surtout avec de beaux personnages comme ceux-là. Après il y a une plus grande part d'inconnu pour le personnage des années 80, je porte un masque vieillissant, on dépend alors de beaucoup de gens et il y a un peu plus d'appréhension. C'est pourquoi, à la base, Diane ne souhaitait pas que je le fasse. Mais j'y tenais vraiment.

Diane Kurys :
À la base, je voulais prendre André Dussollier !

Journaliste :
Mélanie, qu'est-ce qui vous a touché dans ce rôle ?

Mélanie Thierry :
J'étais très émue. J'ignorais que c'était un épisode familial. J'ai trouvé le personnage très attachant. Même si au début j'avais une petite pression de camper ce personnage après Isabelle Huppert. Mais au final, ce n'était pas si oppressant. Je me suis dit que si Léna pouvait venir à moi, on pourrait trouver les bons accords.

Diane Kurys :
Oui, ce rôle de mère revient dans beaucoup de mes films. Elle porte d'ailleurs toujours un peignoir à pois rouges. Hitchcock apparaissait dans ses films, moi je mets un peignoir ! (Rires) Et quand il n'est pas porté, il est dans le décor.

Journaliste :
Benoit, dans ce film vous interprétez un très beau rôle, celui d'un homme prêt à tout pour garder sa femme, est-ce que c'est cette sensibilité qui vous a amené à accepter ce rôle ?

Benoit Magimel :
Oui, tout à fait. Cette thématique d'aimer une femme au point de pouvoir la laisser partir pour qu'elle soit heureuse, c'est extrêmement beau. De plus, c'est un type d'une autre époque. Un homme comme on en fait plus. Je dis toujours qu'il y a des rôles que l'on choisit et d'autres qui vous choisissent, celui-là c'était pour moi une évidence. Il y a longtemps que je n'avais pas eu autant de plaisir à jouer. Et puis il y a cette relation fraternelle aussi qui m'a touché, vu que j'ai moi-même un frère. Diane raconte des choses extrêmement personnelles mais on a l'impression que c'est notre histoire. C'est difficile de ne pas être sincère avec des rôles comme ça.

Journaliste :
Clément, vous jouez un rôle un peu plus secondaire et pourtant important pour l'intrigue du film, comment vous êtes-vous imprégné de ce personnage aussi mystérieux ?

Clément Sibony :
Diane nous a conseillés, à Nicolas et à moi, de lire le livre « Les Vengeurs ». Et puis j'ai vraiment voulu me renseigner sur cette ambiance d'après-guerre et de m'en servir pour mon personnage. On a toujours la pression de la crédibilité de ce genre de personnage. Il ressort des camps de concentration, il a un numéro sur le bras... J'ai donc regardé beaucoup de vidéos pour essayer de comprendre ce qu'il avait vécu et surtout ce qu'il avait vu. C'est une période délicate, donc on a facilement de l'appréhension, mais Diane nous a beaucoup aidés. Et ce qui est important, c'est que la vie est présente chez eux malgré leurs passés terribles.

Propos recueillis par Quentin Chirol
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