© Chrysalis Films
actrice et réalisateur
Lors du Festival de San Sebastian 2011, Glenn Close recevait le « Donostia life achievement award », à l'occasion de la présentation, hors compétition, de son dernier long-métrage, « Albert Nobbs ». Nous l'avons rencontrée, lors de la conférence de presse du film.
Journaliste :
Dans les années 80, vous avez déjà joué le rôle d'Albert Nobbs...
Glenn Close :
La première fois c'était en 1982, sur scène. La pièce était adaptée par un réalisateur français, très minimaliste, avec beaucoup de mimes. Pour le film, on a du remplir tous les blancs...
Journaliste :
Vous avez fait un caméo chez Spielberg dans Hook, comme pirate. C'était déjà un rôle d'homme...
Glenn Close :
Pour Hook, j'avais en fait visité le plateau avec ma nièce. Steven m'a dit que je pourrais faire une apparition. Pendant 3 jours, personne ne savait que j'étais Glenn Close...
Journaliste :
Vous avez dit que vous ne voudriez pas être un homme, que vous « vous sentiez désolée pour eux ». Pourquoi ?
Glenn Close :
Je ne sais pas si c'est toujours le cas. On déclare un truc et ça vous suit pendant vingt ans... Les femmes me paraissent plus complexes. J'éprouve une certaine fierté à en être une. Même si aujourd'hui je suis « happily married »...
Journaliste :
Comme pour Albert, il semble plus facile à Hollywood de survivre en tant qu'homme ?
Glenn Close :
Après 33-34 ans, on atteint un âge problématique pour les actrices. Il n'y a pas beaucoup de rôles importants pour des femmes d'âge moyen. En réfléchissant à cela, je peux faire un parallèle en pensant à la Reine Elisabeth, qui savait que si elle se mariait, elle perdrait de son pouvoir. Il faut donc se créer ses propres rôles s'ils ne viennent pas...
Journaliste :
Vous semblez avoir enfin abandonné les rôles de méchantes. Vous incarnez ici une vraie bonne personne...
Glenn Close :
Le seul vrai méchant personnage que j'ai joué était Cruella. La Marquise de Merteuil, les autres, sont des femmes existant dans un monde d'homme. Si c'étaient des personnages masculins, on ne dirait pas qu'ils sont « méchants »...
Journaliste :
C'est là un rôle potentiel à Oscar. Vous êtes fière d'être ici pour ce film ?
Glenn Close :
Cela a pris 15 ans pour arriver ici avec ce film. J'ai manqué une opportunité il y a 10 ans. Depuis, nous avons passé 5 ans à faire de la réécriture... C'est un vrai plaisir d'avoir pu travailler sur les mots. Nous n'avons jamais abandonné l'idée, j'ai toujours eu la volonté de faire ce projet. Et je suis très fière qu'au final même pas un penny ne vienne d'Hollywood...
Journaliste :
Comment s'est déroulé le travail avec Rodrigo Garcia sur le film ?
Glenn Close :
Il est très doué pour l'écriture. Ici, c'est une histoire de survie qui a beaucoup de résonance dans notre monde actuel. Il y a beaucoup de gens invisibles dans ce monde, qui n'ont aucun droit. Cela peut donner des personnages très complexes, des scènes excitantes à tourner... Comme quand les deux personnages principaux mettent des robes pour aller se promener...
Journaliste :
Quelle a été votre implication dans le choix du casting ?
Glenn Close :
Mia, était le choix original pour ce rôle. Elle avait travaillé sur « In treatment » (Thérapie) avec Rodrigo. Je l'avais amenée d'Australie. Je suis 20 ans plus âgée qu'elle quand j'ai joué ce rôle dans la pièce... On espère que les personnages seront bien compris. Albert Nobbs n'a aucun concept de sexualité, d'amour, il cherche juste en elle un partenaire de travail...
Journaliste :
Quelle est la relation entre le scénario final et la première version d'Istvan Szabo ?
Glenn Close :
J'ai passé beaucoup de temps à emmener le script un peu partout. À des amis, des réalisateurs avec qui j'avais travaillé. Istvan m'a dit qu'il comprenait le contexte, notamment social. Je le lui ai donné en réécriture. Il voulait le réaliser lui-même... mais je n'ai pas pu le vendre tel quel.
Journaliste :
C'est le second personnage que vous interprétez qui porte un corset, après la Marquise de Merteuil...
Glenn Close :
J'ai passé beaucoup de temps en corset en fait. Le pire était celui de Cruella. Pour la Marquise de Merteuil, cela m'avait aidé à me tenir, à savoir comment bouger. Pour Albert, c'est un peu la même chose, mais je le conçois plus comme une cage pour le personnage. Il forme la posture... J'aime comment le docteur lui enlève ce bandage à la fin, comme s'il enlevait un bandage sur une blessure, quelque chose qui l'empêchait d'être elle-même.
Journaliste :
Rodrigo Garcia, vous êtes déjà venu à San Sebastian, mais toujours hors compétition, pour « Mother and child »...
Rodrigo Garcia :
C'est plus relaxant que d'être en compétition, on a juste à faire la promotion du film. Mais on est toujours jugé d'une manière ou d'une autre...
Journaliste :
Comment s'est passé le travail avec Glenn Close ?
Rodrigo Garcia :
J'avais déjà travaillé avec Glenn Close. Je savais comment elle est, comment elle travaille. Et surtout, que ce projet était son rêve. Cela a fait qu'elle a collaboré, s'est impliquée. Je savais qu'on pourrait discuter ensemble de tous les aspects créatifs du film.
Propos recueillis par Olivier Bachelard
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