© Twentieth Century Fox France
réalisateur et actrice
Vendredi 9 septembre 2011. Au Festival de Deauville 2011, Mike Cahill et Brit Marling étaient présents pour soutenir leur première production « Another Earth ». Mike Cahill en est le scénariste et le réalisateur, et Brit Marling l’actrice principale et la co-scénariste.
Journaliste :
Quel a été votre parcours cinématographique ?
Mike Cahill :
C’est mon premier film de fiction. J’ai d’abord fait des documentaires sur les requins et les tortues. J’y ai compris que les émotions humaines authentiques ne sont ni clichés ni prévisibles. C’est riche de cette expérience qu’on s’est attelé à cette production en essayant d’avoir quelque chose de très contenu, pour aller au plus près des émotions qu’on voulait décrire.
Journaliste :
Avez-vous choisi « New Heaven » comme lieu de tournage de votre film en fonction de son nom comme une métaphore de ce qu’est cette nouvelle planète découverte dans notre système solaire ?
Mike Cahill :
Non, cette idée ne m’a jamais traversé l’esprit. Mais maintenant que vous me la soufflez, je la trouve bien belle donc je ne manquerai pas de dire dans toutes le conférences de presse que c’était à dessein que nous avions choisi cette ville-là ! En réalité, ce sont pour des raisons beaucoup plus terre à terre et parce que nous ne voulions pas nous lancer dans une grande production hollywoodienne que nous avons tourné à New Heaven. Il fallait en effet faire avec les moyens du bord et tourner dans ma ville d’enfance où tous les décors étaient gratuits et où vos amis pouvaient vous apporter un coup de main bien pratique !
Journaliste :
Comment s’est déroulée cette collaboration entre vous deux ?
Brit Marling :
On a vraiment une sensibilité commune. Du fait que la science-fiction nous intéresse tous les deux, ça nous permet d’avoir un rapport mystérieux au monde qui nous entoure. On avait aussi cette facilité à travailler ensemble, on se comprenait très bien. On était le premier lecteur de l’autre et quand je m’endormais c’était le signe que ce que Mike me proposait n’était pas génial et quand lui allait chercher à manger dans la cuisine je me rendais compte que je ne devais pas être passionnante ! Ce qui nous rapproche également, c’est notre fibre émotionnelle et on cherchait toujours à se faire rire ou à faire pleurer l’autre. Mike est quelqu’un de très ouvert et quand vous lui proposez une mauvaise idée, il vous pousse à vous surpasser. Ça a été un plaisir de travailler à ses côtés.
Journaliste :
Quelles sont vos sources d’inspiration ? Et avez-vous vu « Melancholia » de Lars von Trier ?
Mike Cahill :
Lars von Trier fait partie de mes réalisateurs préférés mais je n’ai pas encore vu « Melancholia ». Avec « Tree of life », ce sont tous des films qui incitent à regarder vers le haut ! Sinon, un réalisateur que j’aime beaucoup c’est Krzysztof Kieslowski le réalisateur de la trilogie « Trois couleurs » mais qui a fait un film qui me touche beaucoup et qui s’intitule « La Double vie de Véronique », une œuvre extrêmement réaliste où il y a comme ça une dimension divine, métaphysique qui est rendue avec beaucoup de grâce. Comme Kieslowski, j’ai voulu travailler sur la notion de personnage double.
Journaliste :
Les thèmes du pardon ou de la rédemption sont présents, mais vous n’intégrez aucun signe religieux, c’était un postulat de départ ?
Mike Cahill :
C’est intéressant votre regard sur le film. On ne m’avait jamais posé cette question. En effet, il y a des thèmes qui sont portés par le film comme ceux que vous citez, avec celui de la culpabilité aussi, et qui sont des thèmes qui circulent dans toutes les religions mais qui sont d’abord et avant tout des causes humaines, qu’on porte en soi et qui sont propres à notre humanité. Mais mon prochain film parlera de la réincarnation, on se rapprochera donc davantage de la religion…
Journaliste :
Est-ce que le cinéma indépendant est mort comme le suggèrent certains réalisateurs américains ?
Mike Cahill :
Nous étions avec ce film au dernier Festival de Sundance qui soutient le cinéma indépendant américain et cela a effectivement été dit. Pourtant, il m’a semblé qu’il y avait une véritable volonté des organisateurs de laisser de côté le strass et les paillettes pour dénicher de jeunes auteurs méconnus et partir à la recherche d’histoires nouvelles ou de nouvelles approches de vieilles histoires. J’ai été très fier d’appartenir à cette promotion d’œuvres originales et assez visionnaires découvertes cette année. Donc je ne crois pas ce cinéma mort. Peut-être a-t-il été en apnée un temps mais je pense qu’une nouvelle bouffée d’oxygène arrive !
Journaliste :
Brit, vous avez tourné dans une grosse production avec Richard Gere, Susan Sarandon et Laetitia Casta [« Arbitrage » de Nicholas Jarecki], qu’avez-vous pensé du tournage et des coulisses ?
Brit Marling :
Le tournage s’est terminé il y a un mois et je dois dire que cela a été une expérience merveilleuse de tourner avec Gere et Sarandon, parce qu’ils ont été généreux et formidables, y compris quand les caméras cessaient de tourner. Après, concernant l’importance de la production, vous savez qu’il y eait plus de lumière et d’apparats ne change rien au métier d’acteur. Vous êtes là pour donner cet instant de vérité et tout le reste parait bien futile.
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