INTERVIEW

PERMISSION DE MINUIT (LA)

© Rezo Films

LA PERMISSION DE MINUIT


Delphine Gleize, Vincent Lindon et Quentin Challal

réalisatrice et acteurs


Journaliste :
Vous évitez le pathos malgré une histoire basée sur une maladie orpheline.

Delphine Gleize :
Je n’ai pas voulu raconter un film sur les maladies, mais sur une histoire d’amour et d’amitié très forte qui lie un enfant à son médecin. Néanmoins, cette maladie est le point de départ de leur relation, c’est à cause d’elle que l’enfant est contraint de vivre la nuit, qu’il ne sait pas combien de temps il va survivre, et c’est elle qui va provoquer l’intensité de leur relation.

Journaliste :
Est-ce que vous avez choisi spécialement cette maladie parce qu’elle est très cinégénique ?

Delphine Gleize :
Le choix de cette maladie ne se justifie pas parce qu’elle va me permettre d’avoir des belles lumières, des contre-jours et que ce sera à la fois esthétique et proche de la science-fiction. Ce qui est plus troublant encore, c’est le lien entre le cinéma et la pellicule qui s’imprime définitivement quand on tourne avec cette maladie, et la peau qui s’altère au contact de la lumière, elle aussi définitivement…

Journaliste :
Vincent, qu’est ce qui vous a plu dans ce rôle ? Est-ce sa double facette : le docteur côté pile et le père côté face ?

Vincent Lindon :
C’est drôle, mais je découvre à travers les interviews les raisons inconscientes qui m’ont poussé à accepter ce rôle ! Quand j’ai vu le film, en tant que spectateur, j’ai découvert beaucoup de choses, mais je n’ose même pas vous les dire tellement je me sens bête ! Je suis l’une des personnes qui a le moins d’esprit de synthèse au monde ! Pour ce film, j’ai adoré le scénario et j’ai dit oui à Delphine immédiatement. En plus, être docteur est mon fantasme absolu, j’ai toujours voulu être un grand médecin.

Journaliste :
Pourquoi avez-vous choisi Vincent Lindon ?

Delphine Gleize :
Vincent, c’est un homme solide, qui occupe l’espace et qui en même temps a une vraie part de fantaisie. J’avais vu « Welcome » [de Philippe Lioret, ndlr] très peu de temps avant, et je sentais que Vincent pouvait apporter au film quelque chose de profondément honnête.

Journaliste :
Comment Quentin Challal est-il arrivé sur le film ?

Delphine Gleize :
En fait, Quentin est mon neveu. J’ai écrit le rôle de Romain en pensant à lui, mais je ne le lui ai pas proposé. J’ai d’abord cherché chez des enfants qui faisaient du sport ou l’école du cirque. Je ne voulais pas un enfant chétif, au contraire, il me fallait un jeune en pleine forme, très physique. Puis, je lui en ai parlé, je l’ai invité au casting et ma directrice l’a vu en me disant « Dans la salle d’attente, y’a un jeune, c’est un soleil » !

Journaliste :
Vincent, comment se sont passées les retrouvailles avec Emmanuelle Devos ?

Vincent Lindon :
Si je le pouvais, je ferais tous mes films avec Emmanuelle ! C’est une sorte d’emboîtement de jeu. Entre nous, c’est une évidence. Pour les spectateurs, je ne sais pas, mais pour nous c’est miraculeux !

Journaliste :
Quentin, pourrais-tu nous révéler un secret de tournage ? La scène où tu rases Vincent Lindon à l’hôtel, y avait-il vraiment des lames de rasoirs ?

Quentin Challal :
Oui, il était d’ailleurs tendu comme pas possible !

Journaliste :
Et qu’est-ce que ça t’a apporté de tourner ce film ?

Quentin Challal :
Enormément de choses, mais je ne saurais pas dire quoi ! C’est une expérience, j’ai rencontré des gens formidables. Quand le film s’est arrêté, je me suis senti plus riche intérieurement. Si l’occasion se présente, j’aimerai bien continuer à faire du cinéma….

Delphine Gleize :
Mais…

Quentin Challal :
Mais après mon bac !

Propos recueillis par Mathieu Payan
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