© La Fabrique 2
réalisateur – scénariste et actrice
Journaliste :
Des trois personnages, de laquelle vous sentez-vous la plus proche ?
Catherine Jacob :
Il s'agit d'un film de fiction, pas d'un documentaire... Mais Chantal à la fin, c'est moi tous les jours...
Journaliste :
C'est un peu un film sur l'état de la cinquantaine...
Catherine Jacob :
Oui, mais c'est bien un état, pas une crise. Ca n'est pas une maladie honteuse d'avoir 50 ans. J'ai appris en faisant le film que c'était un sujet tabou. Je ne le savais pas, car avoir cinquante ans, ça n'est pas un drame en soi. C'est juste l'idée qu'on s'en fait. Je crois qu'il y a un petit complot mondial avec le jeunisme... Peut-être pour vendre des fringues à la mode. On est apparemment assujettis à subir des « crises », mais en fait chaque âge a ses plaisirs.
Journaliste :
Ces trois personnages le vivent quand même très mal...
Catherine Jacob :
Oui, car il s'agit d'un road movie et qu'en allant prendre l'air, elles prennent conscience de leur état. Elles sont chacune dans leur train-train, et le fait de voir autre chose, les fera revenir chez elles avec d'autres dispositions. Elles se rendent compte que la résignation, la séduction ou la victimisation ne sont pas forcément l'idéal. Dans ce film, il s'agit de prendre son défaut, le comprendre, et de rebondir sur un autre système. Car sinon, l'on peut aller dans le mur. C'est un film sur le « lâcher prise », le ménage.
Benoît Pétré :
Pour ces rôles, je me suis inspiré de ma mère et de ses copines. Elles avaient pour certaines des enfants qui étaient parties, et n'arrivaient pas à refaire leur vie. Ma mère, bien entendu, a vu le film, et se l'est un peu pris dans la gueule quand même, même si elle dit qu'elle n'oserait jamais faire certaines choses que font les personnages. Dans le fond, elle est plus proche du personnage de Jane que des deux autres.
Journaliste :
Justement, comment avez-vous choisi les actrices pour ces trois rôles ?
Benoît Pétré :
Ma mère était une grande fan de Jane. Elle lui ressemble un peu et j'ai forcément pensé à elle.
Catherine Jacob :
Nous, on se connaît depuis 10 ans...
Benoît Pétré:
Pour Caroline Cellier, je trouvais qu'on ne l'avait pas vu au cinéma depuis longtemps...
Journaliste :
Comment est venue l'idée du parallèle avec Thelma et Louise ?
Benoît Pétré:
Comme c'est un road movie entre filles, cela était amusant d'y faire référence.
Catherine Jacob :
Pour ces femmes aussi, il y a un énorme raz le bol. La différence c'est qu'on rentre à la fin, pour partir sur de nouvelles bases.
Journaliste :
Vous avez été co-réalisateur sur « Foon ». Vous considérez que c'était votre premier film ?
Benoît Pétré :
Non, mon premier film c'est celui d'aujourd'hui. A l'époque on avait des sketchs avec les Quiches sur Canal Plus et le hasard a fait les choses côté financements, avec notre rencontre avec Louis Becker. C'était un peu un film de sortie d'école. Au départ j'étais acteur, ce qui est toujours le cas, mais je n'ai rien trouvé d'intéressant et il a fallu que je me crée du travail. J'ai participé à l'écriture d'une série pour Canal, puis à ce film.
Journaliste :
Pourquoi avoir choisi le registre de la comédie ?
Benoît Pétré :
Ce n'était pas le cas au début. C'était une histoire très triste, mais j'avais envie d'écrire des dialogues plus légers. Dans le fond, je suis persuadé que je ferai rarement des drames...
Journaliste :
Il y a justement, côté drames, quelques jolies scènes, lorsque chacune des femmes fait face à ses regrets, à son passé. Lorsque Jane regarde un couple avec enfant sur l'autre rive de la rivière, ou lorsque Catherine aperçoit une carcasse de 2cv dans une casse... Est-ce que vous avez envisagé l'utilisation de flash-back ?
Benoît Pétré :
Non, parce que j'ai horreur de cela. On peut très bien raconter le passé autrement, en laissant libre place à l'imagination du spectateur.
Catherine Jacob :
Cela dit, il y a quand même une voiture qui passe à un moment (qui les double), avec les trois mêmes dedans, 30 ans plus tôt...
Journaliste :
Pourquoi avoir choisi d'adapter les chansons plutôt que de réutiliser les versions originales ?
Benoît Pétré :
C'est venu dès l'écriture. Quand on n'entend Sheila ou Jonasz, on n'écoute plus les paroles. On a donc préférer réorchestrer les chansons, en faisant appel à la nouvelle scène française...
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