© Le pacte
réalisateur-scénariste et actrice
Journaliste:
Est-ce que la philosophie vous semble avoir sa place dans les médias français ?
Emmanuel Salinger:
Ca n'est pas exactement ce que raconte le film. Il y a quelque chose d'un manque de communication entre la parole et la philo. J'espère que le personnage est tout de même proche de nous. Pour moi, la philosophie n'est pas quelque chose de sacré ou de lointain. Elle est faite des questions que tout le monde se pose. Mais j'ai voulu plutôt faire un film léger, qui invite en même temps le spectateur à se poser des questions, sans être donneur de leçons...
Journaliste:
Comment est venue l'idée de mettre face à face ces deux personnages en crise (quarantaine et vocation pour l'un, cinquantaine et amour pour l'autre) ?
Emmanuel Salinger:
le dispositif est apparu d'un coup. Il y a deux personnages en crise, mais chacun incarne des choses différentes. D'un côté, il y a la rigueur et l'éthique, de l'autre la jouissance, la facilité et l'attirance pour ce qui brille. C'est ce qui crée la tension.
Journaliste:
Depuis quand avez-vous eu l'envie de tourner ?
Emmanuel Salinger:
Cela vient de très loin, car j'ai été élève à la Femis (devenue l'IDHEC), puis j'ai été lecteur de scénarios pour Canal +. Puis je me suis un peu éparpillé en faisant l'acteur pour Noémie Lvovsky, Desplechin, pour qui j'ai aussi revu le scénario de "La sentinelle". Par la grâce des choses, j'ai été acteur pendant un temps, et je suis revenu à l'écriture progressivement, jusqu'à faire ce film.
Hélène Fillières:
Etre acteur prend beaucoup de place. On a souvent du mal à décrocher d'un rôle. On se laisse guider par des personnages, et il est parfois difficile de dire "stop". Ou alors c'est le métier qui vous dit "stop"...
Journaliste:
Pourquoi avoir choisi de réaliser une comédie ?
Emmanuel Salinger:
Ce n'est pas une manière de me mettre en décalage avec un cinéma d'auteur dont j'ai fait partie. Mais j'aime le burlesque. J'ai découvert le cinéma avec les comédies italiennes. Et au fond, j'appréhende le monde de cette façon là.
Journaliste:
Le film est tout de même une attaque envers l'intelligencia, en dépeignant un intello qui, au moment de l'élection présidentielle, a basculé côté fric...
Emmanuel Salinger:
Il y a de la colère, oui, mais en tant que telle, elle est impraticable. J'offre ici une série de révoltes ou d'indignations, mais qui vont vers l'ouverture.
Journaliste:
Tout votre casting provient d'un univers commun, excepté Boujenah...
Emmanuel Salinger:
Oui, mais il ne s'agit pas d'une seule famille. Ils proviennent d'univers très différents. Capelluto est un acteur belge qui vient du théâtre. On l'a vu certes chez Desplechin, mais il est surtout connu pour Coquelicot, un personnage de maquereau glacial et froid (non sorti en France). Et surtout, il peut être drôle : il allie un peu la fantaisie, avec la rigueur du théâtre.
Journaliste:
Bernard Le Coq c'est une évocation de Vincent Bolloré ?
Emmanuel Salinger:
Oui, de ce que Bouygues ou Messier ont fait avant lui. Ce sont des patrons-stars, apparus dans les années 80...
Journaliste:
Pourquoi avez-vous été intéressée par ce rôle ?
Hélène Fillières:
En fait, je connais Emmanuel depuis l'âge de 14 ou 15 ans, depuis que ma soeur a fait la Fémis. Pour le rôle de Céline, je me trouvais trop vieille, mais il m'a rappelée pour le rôle de Véro... Cela me paraissait plus approprié, car je suis devenue une femme... et lui me voyait sûrement dans ses souvenirs (rires). J'aimais qu'elle agisse un peu comme un garçon, qu'elle ne réfléchisse pas comme les gonzesses. "Pour une fois que je porte la culotte"!
Journaliste:
Comment est-ce que les co-producteurs télé réagissent devant un scénario comme celui-ci ?
Emmanuel Salinger:
Ils ne réagissent pas (rires). Les gens de TF1 nous ont dit que ça leur avait plu, qu'ils avaient ri, mais que ça n'était pas pour leur public. Et les chaînes publiques se sont demandées de quel genre de film il s'agissait...
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