© Metropolitan FilmExport
acteur-réalisateur et acteur
Les deux stars d’ « Appaloosa » se confient et nous font une belle déclaration d’amitié. Quand la réalité dépasse la fiction !
Journaliste :
Viggo Mortensen, comment avez-vous abordé votre personnage du film ?
Viggo Mortensen :
Pour ce qui est du rôle, je savais déjà monter à cheval, j’ai simplement dû m’habituer à ce cheval là plus précisément. Et puis c’est une période qui m’intéresse, celle entre 1860 et 1890. Il a donc simplement fallu que je me replonge dans cette époque. Moi-même plus jeune je regardais beaucoup de westerns, c’était quelque chose qui m’intéressait. Quand j’étais enfant les westerns se faisaient beaucoup et en tant que spectateur, j’avais une familiarité avec ce genre. Je n’ai pas ce film juste pour faire un western. Ce n’était pas l’idée première. Ce qui comptait plus que tout pour moi, c’était de faire un film de grande qualité et ça a été le cas. Donc je pense que si Ed m’avait présenté un livre de cette qualité là, surtout de cette qualité de texte, de dialogues et de relations humaines, même si l’histoire se passait en 1983, je me serais autant intéressé au projet. Je dois dire que je suis également très heureux que le film s’inscrive dans la meilleure tradition du genre du western.
Journaliste :
Pourriez-vous nous parler du choix de l’actrice espagnole, Ariadna Gil ?
Ed Harris :
J’ai dû chercher longtemps pour le rôle de Katie. Pour moi ce rôle était très important parce que, dans une certaine mesure, elle représente le regard du spectateur, donc je tenais vraiment à ce que ce soit la bonne personne. Et puis dans la manière dont les choses se passaient entre les personnages de Viggo et elle, je ne voulais pas que ce soit trop souligné, trop explicite. J’ai vu beaucoup d’actrices, notamment des comédiennes européennes. Ariadna Gil, je la connaissais, je savais qu’elle avait déjà joué avec Viggo, mais je ne savais plus précisément si c’était ce film là qui m’a décidé ou si c’est une cassette qu’elle m’a envoyée. En tous cas j’ai pensé qu’elle pourrait convenir. Notamment ce qui m’a marqué c’est son sourire éclatant et cette espèce d’étincelle qu’elle a dans le regard. Son visage tout entier était illuminé par son sourire et à ce titre là elle m’intéressait. Au final, ce qui m’a vraiment fait choisir, c’est une photo d’elle et Viggo où il y avait comme une joie et une entente qui se dégageait de leurs présences mutuelles et qui m’a fait penser qu’elle pourrait vraiment convenir. En fait je ne voulais pas une femme qui soit trop jeune, je voulais une femme qui avait une certaine maturité et une expérience des rapports entre les hommes et les femmes. Je pense qu’elle a vraiment fait un très bon travail, qu’elle a vraiment enrichi le rôle de sa propre personnalité et de sa propre âme et j’aimerai beaucoup avoir l’occasion de retravailler avec elle !
Journaliste :
Pourriez-vous, Ed Harris, nous parler de votre investissement dans la musique et le chant pour la BO de votre film ?
Ed Harris :
C’était important pour moi de choisir les chansons appropriées au film. Il y avait cette chanson de Tom Petty qui était pour moi une chanson « toute faite » et qui collait parfaitement au film. Pour le reste, un soir tard, je me suis amusé à écrire les paroles d’une chanson, à laquelle j’ai fait quelques retouches. Un compositeur a écrit une musique, mais on faisait ça comme une sorte de roue de secours, sans être sûrs de l’utiliser. Et puis au cours du mixage du film, quand il s’est agit de choisir la bonne bande son, toute l’équipe s’est dite « wahoo c’est super, il faut absolument prendre cette chanson ». Je me suis dit pourquoi pas, et ça c’est fait. C’est ainsi que j’ai commencé une carrière de chanteur !
Journaliste :
Le cœur de votre film, Ed Harris, semble être cette relation d’amitié entre deux hommes : est ce que c’est quelque chose qui se rattache au genre du western ?
Ed Harris :
Ca tient peut-être de mon expérience personnelle. J’ai fait moi-même étant enfant beaucoup de sport et j’avais des copains avec qui je tapais du ballon, avec qui j’ai grandi et ce sont des amitiés qui me sont restées. Ce sont des gens que j’ai continué de voir 45 ans après. Et ça pour moi, c’est quelque chose qui a vraiment un sens. Pour moi c’est très important d’avoir des amis sur qui on peut compter, des amis dont vous savez que si vous avez des coups durs dans la vie, ils sont là pour vous aider.
Dès que j’ai lu le livre de Robert B. Parker c’est quelque chose qui m’a sauté aux yeux. Je me suis reconnu dans cette amitié masculine, cette camaraderie non-dite. Je m’y suis tout de suite senti à l’aise. Je l’ai aussi trouvée très drôle, il y avait beaucoup d’humour. Et en fait j’avais envie de l’incarner ! J’avais envie d’en faire un film parce que j’avais envie de partager cette expérience avec quelqu’un à qui on n'a pas besoin de dire beaucoup de choses mais sur qui on sait qu’on peut compter. C’est vraiment ce qui se passe entre ces deux types. Pendant des heures et des heures ils font du cheval ensemble, ils n'ont pas besoin de se parler pour savoir que l’autre est là et qu’ils partagent quelque chose d’unique ensemble. J’avais vraiment envie de jouer ce rôle et pour la personne que j’avais envie d’avoir en face de moi, je n’ai pas hésité une seule seconde, le premier type auquel j’ai pensé c’est celui qui est assis à côté de moi maintenant !
Journaliste :
Ed Harris, comment passe-t-on de « Pollock » à « Appaloosa » ? Comment décidez vous de passer derrière la caméra ?
Ed Harris :
Pollock, pour moi, c’était une obsession, c’était un personnage qui m’intéressait, et je n’étais pas le seul d’ailleurs, donc j’ai eu l’idée de passer à la réalisation et de porter ce projet à bras le corps en réalisant le film et en l’incarnant. Après, pour des raisons personnelles et familiales, je me suis un peu écarté de cette nouvelle voie qui s’ouvrait à moi et qui était celle de la réalisation mais j’avais toujours eu envie d’y revenir. C’est donc arrivé une fois que j’ai lu ce livre que j’avais envie de porter à l’écran. Je pense que la réalisation est une expérience vraiment formidable, notamment dans le travail d’équipe et la collaboration que cela suppose. Faire le travail de montage est quelque chose que je trouve passionnant et qu’on ne peut vivre qu’en tant que réalisateur.
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais