© Mars Distribution
réalisateur – scénariste, actrice et acteur
Journaliste:
Comment avez-vous présenté ce projet autour d'un affabulateur réinventé, à vos producteurs?
Jean Paul Rouve:
J'avais fais « Le temps des porte plumes » avec la productrice Claudine Duval. Au cours d'un dîner, je lui ai dit que j'avais envie d'écrire à nouveau. J'ai trouvé l'axe du personnage assez rapidement, même si l'écriture, elle, a durée deux ans. Mais dans le fond, je n'ai en rien « réinventé » le personnage. Je me suis inspiré des trois bouquins de Spaggiari a écrit, dont deux portaient sur sa vie. Ma seule invention est le personnage de Gilles, le faux reporter. En fait, il y a eu un journaliste de Paris Match qui allait le voir régulièrement en prison, mais le reste est inventé. J'ai dû aussi changer le nom de son épouse, car là, on touche à la vie privée.
Journaliste:
Mais vous aviez quand même une vision de ce personnage... avec son côté transformiste, à la Peter Sellers?
Jean Paul Rouve:
C'est ce qui m'intéressait chez lui. Il se comporte comme une vedette. Le casse ne l'intéresse pas. Aussi je l'ai ramené à 4mn du film seulement, sans en montrer les préparatifs. C'est un personnage un peu pathétique. Il en fait trop. Il est à court de « numéros » par moments. Du coup, il est un peu ringard sur les bords. On a l'impression qu'il récite, qu'il fait son show... Mais le on est au cinéma, pas dans un documentaire. On ne le montre jamais en direct, car c'est le mystère qui le rend intéressant. Je le filme « à la longue focale ». Au total, il m'a fallut 2 ans de recherches. C'était il y a 30 ans, j'avais 9 ans, et Spaggiari ressemble finalement à ces jeunes « qui en veulent », même si on ne peut pas le comparer avec Kervel (même somme et même banque 30 ans après), car il veut surtout être connu. Comme les jeunes qui ont pour but de passer à la télé. J'hallucine d'ailleurs quand je vois ces gens qui parlent de leur vie privée à la télévision.
Journaliste:
Vous avez éludés les rapports avec la bande...
Jean Paul Rouve:
Ce n'était pas ce qui m'intéressait. Je n'avais pas besoin de développer les rapports avec les marseillais et les barbouzes. Je les ai simplement montrés durant le casse, comme des ringards, mais qui transpirent la sueur: des hommes. Au fond, je suis pour la frustration au cinéma. « Ca doit venir de mon éducation catholique » (rires). J'avais plus envie de développer la rencontre entre deux hommes: Gilles et moi.
Journaliste:
Comment s'est fait le choix des comédiens?
Jean Paul Rouve:
Pour Gilles, ce fut naturel, grâce à sa capacité d'écoute. Pour le personnage de la femme, que j'ai développé peu à peu, il me fallait une femme amoureuse, belle, mais surtout solide. Alice est forte, elle n'a pas besoin de masque.
Journaliste:
Comment avez-vous appréhendé votre rôle?
Alice Taglioni:
Je devais jouer sa femme, qui est aussi un peu son attachée de presse. Elle veille sur lui, mais elle sait ce qui va se passer. Il y a du coup une part de tristesse chez elle. Pour l'aborder, je me suis détachée du côté « historique » du récit. Je devais rester dans l'ombre, et faire preuve de plus de profondeur que mon mari.
Journaliste:
Quelle a été votre perception de Jean Paul Rouve réalisateur?
Alice Taglioni:
Il sait où il va. Et il dispose d'une équipe solide. Tout était parfaitement clair. Et l'avantage d'avoir un acteur comme directeur d'acteurs, c'est qu'il sait aller chercher les émotions chez nous.
Gilles Lellouch:
Je n'ai pas grand chose à ajouter. Tout était très cadré, la seule vraie liberté dont nous disposions était dans les scènes d'interviews, où le charme opère car les personnages se surprennent, et qu'une part d'improvisation était possible.
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