© 20th Century Fox France
réalisateur et acteur
Abus de ciné:
Le thème central du film est le deuil ou son impossibilité...
Gaël Morel:
Je dirais plutôt qu'il s'agit du thème de l'absence. Ou de la manière dont les absents peuvent envahir votre vie. Pour des raisons inexplicables, c'est un thème qui était présent dans tous mes films précédents (« Le clan », « A toute vitesse », mon premier court métrage...). Mais je n'ai pas pour autant l'impression de refaire le même film.
Abus de ciné:
Dans « Le clan » vous vous focalisiez sur un groupe d'hommes...
Gaël Morel:
Et ici je me concentre sur une femme, ce qui n'est pas mon habitude. C'était volontaire, car au fond le sujet s'est imposé à moi. Je n'ai pas pensé à Catherine Deneuve en écrivant ce rôle, et j'avais quelque part l'idée qu'aucune actrice ne pourrait me le refuser. Concernant Deneuve, elle était intéressée, mais dès le premier rendez-vous, il y a un an, elle a montré quelques résistances, dûes à la dureté du projet. D'autres rendez-vous ont suivi...
Abus de ciné:
Et jouer face à Deneuve?
Thomas Dumerchez:
J'ai vécu cela comme une chance, une expérience. Elle avait comme un oeil rassurant. Je ne dirais pas un côté maternel, mais nous avions un peu les mêmes rapports et types de dialogues entre les scènes que dans le film.
Abus de ciné:
Vous avez également choisi d'engager Guy Marchand...
Gaël Morel:
C'était après l'avoir rédécouvert dans « Dans Paris ». Il n'avait jamais tourné avec Catherine Deneuve, et j'étais de disposer ainsi d'un « couple exclusif ».
Abus de ciné:
Le travail d'écriture s'est fait avec Christophe Honoré...
Gaël Morel:
Je l'avais d'abord rencontré en tant qu'écrivain. Nous avons beaucoup de points communs, en terme de background, mais nous avons cependant des goûts très éloignés. Nous avons accompagnés nos carrières respectives depuis « Le clan ». D'où mon apparition clin d'oeil dans « Les chansons d'amour » avec la réplique « je suis après lui ».
Abus de ciné:
La fin, sous forme d'exil, est un peu comme une ouverture...
Gaël Morel:
Elle se sauve, au sens propre comme au figuré. Cela n'est pas si ouvert. Le film se referme sur la relation avec son mari et sa fille. Et elle le retrouve, alors que nous avions prévu initialement une scène d'aéroport où l'on n'était pas sûr de ce qu'elle faisait...
Abus de ciné:
Le tournage de la « veillée funéraire » a dû être dur...
Thomas Dumerchez:
Oui, très dur. Car il s'est déroulé sur deux jours et demi. Et que cette scène comporte beaucoup de regards accusateurs et violents. A partir du concert, les choses changent. Mon personnage ne se laisse plus guider par cette femme. Il y a certes des ambiguïtés entre elle et moi tout au long du film, en matière de séduction, mais je pense qu'ils sont bien au delà de cela.
Gaël Morel:
L'ambiguïté est au coeur du film, comme la vengeance sous forme d'un certain pardon. On perçoit cela lorsqu'elle se fout finalement qu'il soit blessé dans l'accident. L'important pour elle est alors de savoir s'il a voulu se suicider et donc se jeter contre le mur. Elle ne va d'ailleurs pas le consoler lorsqu'il s'effondre en larmes dans le cimetière.
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