INTERVIEW

J'ATTENDS QUELQU'UN

© Bac films

J'ATTENDS QUELQU'UN


Jérôme Bonnell et Florence Loiret Caille

réalisateur – scénariste et actrice


Journaliste:
Comment s'est passé le film en terme de production? Comment arrive-t-on à monter ce genre de projet, à la fois personnel et ambitieux?

Jérôme Bonnell:
EuropaCorp n'a que distribué le film. C'était un peu un hasard au départ. C'est Dominique Toussin qui a produit ce film. Elle a aimé le scénario. C'est une productrice combative et éclectique.

Journaliste:
Trois histoires croisées, comment cela se construit-il?

Jérôme Bonnell:
D'abord il y a eu l'histoire de deux personnages: Darroussin et Florence. Puis les autres sont arrivés... Le processus de création est assez intime, même au tournage et au montage... Dans ce film, ils sont beaucoup à attendre. Il est difficile de dire qui attend qui. Il y aurait une longue liste de liens à faire. Beaucoup attendent à la fois quelqu'un et quelque chose...

Cette relation entre le patron de bistrot et la prostituée est née simplement. Lui est fanfaron, il se donne une image de dragueur mais serait bien embêté si l'une des femmes disait oui... Il pourrait être un père ou un confident pour elle... Cela me plaisait, dans leur monde naturaliste, de faire intervenir des choses incongrues. C'est ainsi qu'on croit à leur histoire. Grâce à l'imprimeur qui mange 8 bananes par jour...

Journaliste:
Est-ce qu'il faut forcément un enfant pour changer la vie de quelqu'un dans la bonne direction?

Jérôme Bonnell:
Ce sont plutôt des petits signes qui font changer. Les spectateurs auront beaucoup plus de réponses sur cette question. Le chien est un peu un enfant, et il nous en dit sur le regard des personnages (Eric et Emmanuelle) sur le monde. Mon film est une hsitoire de liens entre les gens. Il n'y a pas forcément d'éléments déclencheurs. J'aime en fait filmer des gens qui se connaissent déjà, des moments de leurs vies.

Journaliste:
Où s'est déroulé le tournage du film?

Jérôme Bonnell:
Cette ville que vous voyez à l'écran est en fait composée de 7 villes de région parisienne (à cause du financement notamment). Cela crée une espèce de lointaine banlieue crédible. Ce qui unifie ces lieux c'est le personnage de la dame aux chiens et un son de piano au loin, comme une fenêtre ouverte.

Journaliste:
Dans votre film, les femmes dominent?

Jérôme Bonnell:
Elles agissent alors que les hommes sont passifs. Mais cela s'est fait malgré moi, c'est peut être mon regard inconscient sur le monde. Côté hommes, Darroussin n'était pas prévu au départ. C'est après la vision de « Feux rouges » de Cédric Kahn que j'ai voulu travailler avec lui. Florence, je l'ai rencontré sur « Le chignon d'Olga » et j'ai eu vite envie de la retrouver.

Journaliste (abus de ciné):
Etait-il agréable de jouer une femme avec une telle carapace?

Florence Loiret-Caille:
Je n'y pensait pas forcément en jouant. J'y ai songé lors de la scène de la cuisine, quand elle rentre blessée. On a fait plusieurs essais. Au début j'étais en état de choc, bouleversée, puis cette sensation s'est atténuée. Et finalement Jean Pierre était plus ému que moi. Je devais donc être très digne.

Journaliste:
Pourquoi avoir esquissé des rencontres à la fin du film?

Jérôme Bonnell:
Il s'agit de romanesque assumé. J'ai essayé d'avancer, de surpasser ma pudeur. La scène du train était déjà écrite, avec ces deux personnages opposés dont les regards se croisent. L'entrée de la dame aux chiens dans le bistrot n'était pas écrite. J'avais juste envie que Nathalie Boutefeu (héroïne des « Yeux clairs ») joue dans le film. Et aussi de ne pas abandonner le personnage de Louis (Darroussin). Il fallait montrer qu'un bonheur est possible, que les choses restent ouvertes...

OB
Partager cet article sur Facebook Twitter