INTERVIEW

GRAND APPARTEMENT (LE)

© Mars Distribution

LE GRAND APPARTEMENT


Pascal Thomas, François Caviglioli, Laëtitia Casta et Mathieu Amalric

réalisateur – scénariste, scénariste, actrice et acteur


Journaliste:
Comment vous est venu cette idée d'un scénario avec tout ce monde?

Pascal Thomas:
C'est un peu notre façon de vivre... avec des enfants ou des petites amies tout autour. Dans une belle agitation. Dans le film, les protagonistes souhaitent prolonger ce mode de vie, mais les conditions de loyer sont un peu excessives... Alors la femme devient le capitaine de ce petit monde sur le point de sombrer. Au départ, ce devait être un homme. Puis Laëtitia est arrivée sur le projet... et c'est devenu une femme. Il a fallu transformer le scénario pour l'accorder au caractère de Laëtitia, à sa tenue, son innocence, sa vitalité.

Journaliste:
Comment avez-vous choisi les interprètes?

Pascal Thomas:
Dans le film, la grand mère dit que ce sont les enfants qui choisissent leurs parents. Ici c'est un peu cela. J'avais vu Laëtitia dans le téléfilm « La Bicyclette bleue » et dans Ondine. Je l'ai aperçue à Cannes, où elle remettait un carosse d'or à Jacques Rozier, à qui elle savait répondre avec applomb. J'ai voulu la rencontrer...

Pour Mathieu, la rencontre a eu lieu chez Bernard Ménez à Cannes. Nous avons fait des projets d'ivrognes, qui ont fini par se réaliser...

Journaliste:
Ce personnage de pilier de la famille a-t-til été difficile à appréhender?

Laëtitia Casta:
Je n'imaginais pas le personnage comme cela. Je la pensait plus terre à terre. Pour moi, elle regardait la fantaisie des autres... Ce qui m'a plu, c'est sa trempe de vraie femme, son côté famille, sa volonté de sauver la maisonnée.

Journaliste:
Vous faites une opposition entre communauté et société?

Pascal Thomas:
Oui. La communauté est basée sur l'amour, la société sur la Loi (Rossellini)

Journaliste:
Votre personnage, Mathieu, est très insouciant...

Mathieu amalric:
Je dirais qu'il est plutôt rusé. Il se permet la légèreté. C'est un luxe. Pour moi, ce film a à voir avec une utopie plutôt qu'une nostalgie. Parce que la société nous empêche de réaliser celle-ci, surtout notre génération. Je rêverais de cette vie là. Selon moi, c'est un peu le futur. Au lieu de se tabasser avec un huissier, on entâme une danse...

Journaliste:
Justement. Comment est venue la partie chantée? S'agissait-il de montrer un réel grand moment de communion entre les personnages?

Pascal Thomas:
Je ne l'ai pensé comme cela. C'est la communauté qui rappelle au désordre.

Mathieu Amalric:
Adrien (le metteur en scène amène un désordre qui entraîne l'envie d'être ensemble.

Journaliste (abus de ciné):
Pourquoi ces commentaires face caméra? Ils semblent casser le rythme de ce tourbillon de vie qui existe dans l'appartement...

Pascal Thomas:
Au départ, des voix-off étaient prévues. Mais que faire faire à l'acteur pendant ce temps? Le premier jour du tournage, lors de la scène de la gifle, la question s'est posée et l'idée est venue.

Mathieu Amalric:
Une voix-off ça ne s'apprend pas, même si le réalsiateur vous demande de le faire une heure avant. Les monologues face caméra créent une énergie.

Journaliste (abus de ciné):
Vos dialogues semblent distiller une certaine sagesse...

Pascal Thomas:
La sagesse dépend de l'âge qu'on a. Chez les chinois, moi j'ai constamment 18 ans, Lindon a 2 ans, Laëtitia 28 ans et François 20 ans... Nous avons essayé d'écrire des dialogues uniquement faits de maximes et d'aphorysmes. Mais il y a toujours un moment où il faut simplement crier « passe moi le sel » (Malher).

Journaliste:
Vous êtes de plus en plus épanoui dans vos rôles, Laëtitia...

Laëtitia Casta:
Je me met à fond dedans en tous cas...

Pascal Thomas:
Elle a su résister aux côtés abrutissants des centaines de photos prises d'elle. Son caractère fait que tout est possible pour la suite. Laëtitia, c'est un « tirage unique ».

Mathieu Amalric:
Elle a une sacré dose d'inconscience. Du coup, elle se permet la vie et la prise de risques, avec humour.

OB
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