© Patrice RICCOTA
réalisateur et acteur
Quelle est la part d'invention et d'autobiographie dans le film?
Le réalisateur indique qu'il relit souvent les interviews de Fellini et qu'il trouve assez juste ce que celui-ci dit lorsqu'il affirme que même s'il filmait un poisson rouge ce serait autobiographique. C'est vrai qu'il y a eu un âge auquel Gérald Hustache Mathieu a quitté "son couvent", "sa famille". Il est vrai aussi qu'il a rejoint une autre famille, culturelle celle-ci, et que les secrets de famille existent pour tout le monde. Il affirme en tous cas, plus que d'avoir eu une volonté explicitement autobiographique, qu'il a surtout laissé venir les images, puis structuré son récit. C'est comme cela qu'il travaille.
Avez-vous eu une volonté de casser certains tabous au travers de ce récit?
Comme dans ses courts métrages ("La chatte andalouse"...), c'est encore une fois le cas ici. Il a souhaité en tout cas faire passer une certaine idée de la transgression, avec la découverte du monde par la nonne, mais également la dernière scène dans l'église. La transgression est courante dans les métiers artistiques. Mais il n'a jamais voulu forcer le jugement. Il a voulu son personnage curieux. Comme chez Candide, derrière Avril il y a la curiosité du monde, un regard ouvert comme dans les personnages de Tati.
Vous aviez déjà travaillé avec Sophie Quinton. Est-ce que les trois rôles d'hommes se sont imposés facilement?
Ce fut pour lui de vraies rencontres. Clément Sibony était dans un jury du festival de Clermont Ferrand alors que lui présentait un court métrage. Ils se sont connus là-bas. Il a vu Richaud Valls joué dans une pièce de théâtre. C'est quelqu'un qui attire tout de suite le regard. Enfin Nicolas Duvauchelle était en soi un personnage incandescent. Et derrière cette image de dur rebelle, cela l'intéressait d'aller chercher une certaine tendresse.
Nicolas Duvauchelle affirme d'ailleurs se retrouver dans le personnage de Pierre. Car il est un peu comme lui, il fait tout à l'instinct et n'a jamais eu à proprement parler de formation d'acteur. Lui même avait déjà tourné avec Sophie Quinton dans Poids Léger de Jean Pierre Améris. Il avait aussi fait un téléfilm où il partageait la vedette avec Richaud. Le tournage n'a donc pas été trop difficile, mais il faut toujours trouver sa place dans une équipe.
Vous opposez en quelque sorte le vice religieux à la vertu laïque. Mais était-il bien utile de faire "sortir la criminelle de sa soutane vers la fin"?
Selon Gérald Hustache Mathieu, cette femme est tellement personnelle dans ses actes qu'elle en vient naturellement à cet acte. Cependant lui même n'a pas voulu opposer vice et vertu, ni religion et laïcité. Il s'est donné du mal pour que le couvent puisse être perçu à la limite de la secte. Car au fond il se méfie de l'éducation, qui lui semble parfois aller bien au delà de ce que peut supporter notre "nature de mammifère".
Il ajoute également qu'à l'origine le scénario commençait par le drame en question. Mais l'artifice lui semblait alors encore pus grand.
Pour vous la peinture a quelque chose d'érotique, de sensuel?
Le réalisateur affirme que cette sensualité réside à la fois dans les couleurs, le contact avec les pinceaux. Cependant la peinture n'est pas forcément liée au féminin. Lui même se dit très sensible au toucher, très tactile. Il pense qu'au cinéma comme ailleurs, l'individu doit pouvoir jouir de ses cinq sens. Du coup, l'équipe a notamment fait un gros travail sur le son.
Comme dans "La chatte andalouse", la peinture fait ici référence à Yves Klein. Il a lui même découvert un livre concernant cet artiste en quête d'absolu, de pureté. Et s'en est inspiré. Il a voulu lui aussi "dénuder la peinture jusqu'à éliminer le trait". Il est allé vers la couleur.
En lisant le dossier de presse présenté sous forme de journal, on a l'impression que vous avez été malheureux pendant deux mois...
Gérald Hustache Mathieu affirme que ce n'est pas le cas. Mais il tient à préciser qu'il ont dû faire face à de nobmreux problèmes. Ainsi dès le départ ils ont eu des problèmes financiers l'obligeant à réduire la durée du tournage de 8 à 6 semaines. Ensuite ils ont tourné en Camargue où ils ont eu affaire au vent... et aux moustiques. Et puis tourner avec trois garçons lui a également paru épuisant. Avec les techniciens à diriger en même temps, c'était pour lui pire que d'avoir toute une classe face à lui. Et puis il avoue que durant le tournage il lui est difficile de supporter le décalage entre ce qu'il a imaginé, ce dont il a eu envie, et la réalité. Tout cela cumulé avec un haut niveau de responsabilité, il faut avoir une sacré carapace...
Comment avez-vous trouvé le site de "Consolation" pour le tournage?
Lors des repérages nous avions trouvés certains décors évidents, comme le potager et le couvent. Nous étions allés en Franche Comté, et avons trouvé ce lieu dans une sorte de "cirque". "C'est un lieu lugubre où il pleut tout le temps" selon une journaliste. Les deux hommes acquiessent en complétant par le fait que pendant le tournage, en plein juillet, il faisait à peine 13 degrés!
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