© Olivier Bachelard
réalisateur et scénariste, acteur et actrices
Jean Loup Hubert se lance dans une longue introduction, expliquant la genèse du film. Ainsi, le scénario est né de l'observation de ses trois filles, qui ont grandi ensemble. Il a ajouté les différences d'origine : une fille de bourge, une fille d'immigré et une fille de fonctionnaire. Spontanément, elles sont toutes trois dans l'instant, dans la minute, elles peuvent se détester, s'aimer. Finalement, elles se choisissent, car il est plus facile d'avancer à trois dans ce monde gerbant. Il a donc volé beaucoup de chose de leur adolescence, mais aussi beaucoup d'éléments de leur personnalité.
Gérard Jugnot précise qu'il a également volé ces moments aux interprètes durant le tournage. Il indique que Jean Loup Hubert a le don pour « aller chercher les gens » dans leurs vérités, le qualifiant même de Pialat light. A tel point qu'il aurait même écouté aux portes, pour trouver l'idée des menottes en peluche (rires).
Bien évidemment la question de l'habitude qu'aurait Jean Loup Hubert à tourner avec des enfants vient sur la table. Jugnot précise alors que ce sont ici des ados. Ou plutôt des pré-ados comme le dit Sabrina Ouazani. Mais pour Jean Loup Hubert, il s'agit juste du fait que dans nos vies nous avons tous des enfants quelque part. Il est donc normal que l'on les retrouve dans les films.
Concernant le couple d'adultes, le réalisateur affirme qu'il n'a pas voulu en faire un couple « de cinéma ». Le personnage d'Adriana Karembeu, une nymphomane qui s'assume, le revendique, ça n'est pas dans l'air du temps. Quant à celui de Jugnot, en étant amoureux d'elle, il s'expose à la passion, et donc à des bonheurs et des malheurs ineffables.
Pour son rôle, Gérard Jugnot dit qu'il était évident qu'il ne pouvait refuser d'épouser Adriana Karembeu, même s'il vivrait lui-même difficilement le pact qui les unis. Cependant, Jean Loup Hubert n'a pas voulu d'une rencontre ciné pré formatée. L'histoire avait besoin ici d'improbable, au travers de la composition du couple, ou des lieux où l'on va (en Corse). Paolo et Laetitia sont des marginaux comme on en trouve encore en marge de notre civilisation. Pour Gérard Jugnot, il s'agit surtout d'un couple de parents de substitution.
Le personnage d'Adriana Karembeu est un peu un sujet de fascination pour une adolescente déclare le metteur en scène. Car lorsque l'on se pose des questions sur sa propre féminité, sa sexualité, on peut admirer cette femme surdimensionnée, dans son physique, son comportement ou son emballement. Le choix de cette mannequin pour interprète était naturel, car elle a un passé, des fêlures. Jean Loup Hubert la compare à Loana, indiquant qu'il la voit plus comme une nourrice, une mère. Tandis que Gérard Jugnot ajoute qu'Adriana, en bonne débutante, a su être à la fois généreuse et naturelle. Avec la rencontre de ce monde d'adultes et de l'univers des ados, elle évolue, elle devient une autre femme, tout comme l'homme d'ailleurs.
Jugnot ajoute que les trois jeunes actrices sont très professionnelles, hyper motivées, mais qu'au fond ce sont quand même de petites pétasses pénibles (rires). Sabrina Ouazani précise que leurs personnages avaient besoin de se rassurer, avaient envie que quelqu'un devienne leurs parents, ceux avec lesquels ont peu mieux parler qu'avec les vrais. La peur de grandir, arrivé en CM2, est pour elle bien présente, selon Lucie De Saint Thibault, avec la conscience de posséder une innocence que l'on voudrait bien garder.
Au départ, Jean Loup Hubert avait pensé intituler le film Trois petites filles et une grande. Ses personnages sont heureux de rencontrer des gens gentils, ce qu'il ne pense pas être lui-même. Jugnot acquiesce, lâchant un assassin « oh non ! » (rires). Et deux au moins des filles semblent souhaiter persévérer dans le cinéma. Sabrina indique avec humour qu'elle est overbookée pour les quatre prochaines années, avant de revenir sur les deux courts métrages, et le long L'esquive, qu'elle a récemment tournés. La plus impatiente semble être Lucie, qui lance un appel à producteur, indiquant qu' « on n'est pas là pour rien » (rires). Et Gérard Jugnot de conclure en beauté d'une phrase, lourde de sens : « être comédien c'est un engagement de vie qu'elles n'ont pas encore pris », simplement.
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