© Patrice RICCOTA
réalisateur et scénariste
Rabah Ameur Zaïmeche nous fournit tout d'abord quelques données générales sur le tournage de son film. Celui-ci a duré près de six semaines et a été réalisé en vidéo HD. Il en a été le producteur, comme sur "Wesh Wesh", son premier long métrage qu'il avait auto-produit. Lui-même est issu d'une famille nombreuse, avec un père qui a réussi dans les affaires, ce qui lui a permis d'avoir une éducation, même d'il a grandi dans la cité des bosquets, tristement connue de manière médiatique. Sa famille s'est fortement impliquée dans le tournage, cela se voit au générique, et cela lui a permis de rester fortement autonome.
Il perçoit la société algérienne comme une société fière et vivante. C'est un peuple qui a connu beaucoup de bains de sangs, des guerres permanentes. Il est habitué à une certaine tension, qui existe encore aujourd'hui. Concernant les difficultés de tournage là-bas, il dit n'avoir eu aucun problème pour obtenir des autorisations de tournage. Il a lui même souhaité montrer que le pays a évolué. Selon lui la guerre civile a permis de développer la faune et la flore, notamment dans sa région du Nord Est. Ce qui donne un paysage de sauvage de maquis, que les plus obscur ont d'ailleurs pris après les élections volées de 1992.
Rabah est né en Algérie. Il est venu en France à l'âge de 2 ans et en a aujourd'hui 39. Il a en fait découvert l'Algérie durant ses vacances, à partir de l'âge de 9 ans. Puis étant déclaré insoumis militairement, il a mis près de 17 ans à obtenir la carte jaune qui lui permet de circuler librement aujourd'hui. Concernant le film, il n'y a pas encore eu d'avant première en Algérie, mais les premières critiques sont dors et déjà catastrophiques, l'accusant notamment de racisme! La seule projection sur sa terre a eu lieu dans son village, en présence de sa famille. Et une certaine sensation de "justesse" en est ressortie.
Interrogé sur ses références et sa manière de faire du cinéma, le réalisateur avoue qu'il envisage "Bled Number one" comme un western. Mais il a surtout voulu "exploser le style documentaire", en utilisant notamment une musique qui "interpelle les racines de la terre". Il souhaité également "mettre les accessoires au milieu de l'écran", à la Godard, "rester ouvert à l'accident, à l'imprévisible". Mais c'est l'idée de célébration de l'énergie qui semble le plus l'habiter, au travers de la mise en valeur des vents, de la lumière et surtout de la terre.
Son film a reçu le Prix de la jeunesse à Cannes, ce qui est pour lui un beau symbole. Mais il ne revendique pas son oeuvre comme étant "communautariste". C'est avant tout un film, "pour se soigner lui-même". Pour parler de la condition de la femme, dans une société patriarcale qui soumet celle-ci, comme c'est le cas dans bien d'autres. Pour questionner également du besoin de police ou de répression, les citoyens étant contraints de se prendre en main, comme avec le barrage improvisé et ridicule, du à l'absence de sécurité d'Etat.
Côté interprètes, il a pris un malin plaisir à faire de Ramzy un salaud. Celui-ci était d'ailleurs très content de se voir proposé un tel rôle. Il avait vu "Wesh Wesh" et a bien voulu jouer ici à titre gracieux. Pour finir Rabah Ameur Zaïmeche nous parle de ses projets. Il vaudrait adapter l'histoire de Mandrin, figure qu'il trouve très christique, et prévoit de réaliser, plus tard, un polar sur l'Islam dans le monde du travail. Encore un sujet délicat en perspective.
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