INTERVIEW

GENESIS

GENESIS


Alain Sarde et Marie Pérennou

Producteur et réalisatrice, co-scénariste


La brasserie Hilton, Alain Sarde et Marie Pérennou sont là pour parler de leur nouvelle réalisation, "Genesis", qui fait suite au succès "Microcosmos". L'idée de ce film leur est venue naturellement parce que chacun se pose la question des origines, qu'on essaie d'y répondre par les mythes traditionnels ou aujourd'hui par la science. Ce film tente donc d'y répondre par une sorte d'hybridation culturelle, mélange entre la tradition et les connaissances scientifiques.

En effet, aujourd'hui, pour Alain Sarde, la réponse scientifique tient lieu de mythe fondateur. On utilise le griot africain pour que le récit ne soit pas simplement factuel, mais pour montrer que les connaissances peuvent être incarnées (par les animaux et le conteur) et la réflexion amenée.

Ils ont choisi des animaux existants pour représenter des animaux plus archaïques, mais n'ont utilisé aucun mammifère pour faire un contraste avec la présence du conteur. Le seul "mammifère" présent est l'image d'un embryon humain mis en parallèle avec l'animal, des lémuriens avaient été filmés, mais n'ont pas été utilisé au montage. En effet, les réalisateurs se sont rendus compte que ça ne collait pas au reste : les mammifères sont trop familiers. On a trop l'habitude de les voir, et cela gâchait la symbolique que permettait les autres, moins habituels. Ils pouvaient chacun représenter un passage de l'évolution de la vie par leur nature propre.

Pour l'écriture du scénario, il a fallu deux ans ; le choix des animaux était également établi avant le tournage avec la contrainte qu'il ne fallait pas se disperser géographiquement pour limiter les coûts.

Comme le raconte Marie Pérennou, le film est très mis en scène, mais les animaux apparaissent vraiment dans des scènes de leur vie, qui ne sont pas jouées pour la caméra. Alain Sarde et Marie Pérennou sont tous les deux depuis 25 ans passionnés par la nature, ce qui leur a permis d'élaborer une sorte de "casting" d'animaux. Ensuite il laur fallait simplement attendre que les animaux donnent ce que l'on espère d'eux. C'est pourquoi le tournage a duré trois ans car le temps apporte un plus : d'abord pour avoir la scène que l'on veut, mais aussi pour la mise en scène, le lieu, la lumière et dans le cadrage pour gommer l'échelle. Pour exemple, la scène des hippocampes a nécessité deux mois d'attente…

A la fin du tournage, il y avait 15 jours de rushs et un scénario. Le dialogue a été écrit avant la musique, élément majeur du film. Sa composition a commencé quand le montage était effectué car il y a eu un travail dans le déroulement du film, avec des discussions et des rencontres chaque jour entre les réalisateurs et le compositeur, avec qui ils avaient déjà travaillé pour "Microcosmos", ce qui facilitait les choses. Il y a eu recomposition de beaucoup de morceaux, révision des choix effectués, dans les deux sens. Il est très important de dialoguer très tôt, car la bande sonore est là pour créer une ouverture à l'interprétation, pour ne pas fermer la lecture des images.

Enfin pour le choix de Sotigui Kouyaté dans le rôle du conteur, déjà au moment de l'écriture du scénario, les dialoguistes avaient en tête la musique de sa voix. Quand le film a été tourné, ils lui ont donc demandé d'apporter sa participation à ce film. Mais tout le travail a eu lieu après le montage (donc trois ans après son accord…). Alain Sarde explique que, comme avec tous les grands acteurs, Sotigui comprenait tout de suite ce qui n'allait pas, ce qui convient. On suggère simplement, on dit peu de choses.

Le choix de la mise en scène des interludes avec le conteur tient au fait que le sujet du film est sérieux, donc le jeu devait être léger, sur le ton de l'humour, de plus en plus ludique. De plus, Sotigui venant d'une véritable famille de griot, il a d'autant plus vite compris ce que son rôle devait amener dans le film.

Chloé
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