© Patrice RICOTTA
réalisateur et très jeune acteur
Ce sont un Richard Berry et un Jules Sitruk très attendus, qui arrivèrent dans un salon de La Cour des Loges pour parler de leur film : " Moi César, 10 ans ½, 1m39 ". Malgré un air réservé, dès que l'on s'adresse à lui, on voit que Jules Sitruk a déjà l'habitude de répondre aux questions, de manière presque aussi naturelle que son réalisateur, Richard Berry.
Pourquoi avoir choisi de filmer la totalité du film du point de vue de César ?
Richard Berry : j'avais le sujet et l'histoire depuis longtemps dans la tête, mais pas le film. Et puis en le racontant à un copain, je lui ai dit " imagine ce que vit le gosse ". C'est un film sur un sujet assez inédit, l'enfance. Et c'est comme que ça s'est décidé, que la forme est venue, par le décalage entre la réalité de l'enfant et le reste. Et puis je voulais que l'on soit dans l'intimité du personnage, la voix off, c'est l'intimité avec un peu de recul, puisqu'il raconte les émotions qu'il a vécu, pas celles qu'il vit.
La mise en scène et la manière de filmer sont plus poussés cette fois…
Richard Berry : quand on tourne un premier film, on fait des essais, … et finalement on ne va pas tout à fait au bout. Pour le deuxième, c'est effectivement un peu plus poussé, mais toujours pas assez, car le style du film impose une certaine esthétique.
Est-ce un choix de votre part de ne pas jouer dans votre film cette fois ?
Richard Berry : je n'ai pas fait un film pour me donner un rôle, je joue encore suffisamment pour ne pas avoir de " frustration d'acteur ". Je voulais dire des choses, et je voulais qu'elles soient dites avec mon regard. En plus, avec la direction de trois enfants à gérer… Et j'ai une image trop installée pour que le public m'imagine dans le rôle du père. Ma présence aurait gêné à l'abandon, au voyage des spectateurs. Enfin, c'est " super frustrant " de quitter la place de metteur en scène pour celle d'acteur, ce n'est pas très agréable.
Quels conseils avez-vous donné à votre fille, qui joue le rôle de Sarah dans votre film ?
Richard Berry : quand je lui ai proposé le rôle, je lui ai parlé des avantages : c'est une passion qui fait vivre, un " loisir " comme dit Jules (Sitruk), et bien sûr des désavantages. Elle ne serait plus anonyme, elle serait montrée du doigt à l'école. A leur âge, ils ont envie de se fondre dans la masse. Quand on est enfant on veut " être pareil ", et quand on est acteur, connu, on est différent.
Pourquoi Jean-Philippe Ecoffey dans le rôle du père de César ?
Richard Berry : je ne le connaissais pas, et physiquement, il collait bien avec Jules, d'entrée. Sa rondeur crédibilise la rondeur (créée par prothèses) de Jules.
Comment avez-vous choisi Jules Sitruk pour le rôle ?
Richard Berry : j'ai vu beaucoup d'enfants et aucun ne m'a vraiment plu. Jules savait avant moi qu'il était fait pour le rôle, et quand je l'ai vu faire un essai, j'ai vu qu'il avait raison.
Comment as-tu pensé à passer l'audition pour ce rôle, Jules ?
Jules Sitruk : j'avais vu une annonce pour l'audition dans un journal de cinéma, je voulais le rôle mais je ne correspondais pas au rôle à cause du physique, je n'étais pas assez gros, donc… et puis quelques mois après, comme ils ne trouvaient pas, on m'a appelé pour faire un essai et c'était bon.
Qu'est-ce qui t'a plu dans le personnage ?
Jules Sitruk : César a beaucoup de problèmes, on se retrouve en lui et il a beaucoup d'imagination. En plus il est marrant, il se révolte contre les adultes. Il dit ce que tous les enfants pensent.
C'est un rôle de composition ou est-ce que tu es un peu comme César dans la vie ?
Jules Sitruk : c'est un rôle de composition. Je suis un enfant différent de lui, car lui a des problèmes…, mais en même temps j'ai des points communs avec lui, je réfléchit beaucoup et j'analyse tout le temps tout comme César.
Joséphine est vraiment bilingue ?
Richard Berry : oui, puisque sa mère est anglaise comme Sarah dans le film. Le personnage qu'elle joue est complètement calqué sur elle.
Le tournage du film à Londres, ça s'est bien passé ?
Jules Sitruk : je n'y étais jamais allé, c'était bien, même si comme dans le film, Joséphine est la seule à parler anglais, alors Mabo et moi on était un peu perdus. Et puis il y a eu beaucoup de problèmes pour tourner.
Quels problèmes ?
Richard Berry : c'est quasi-impossible de tourner à Londres. Ils n'en ont " rien à foutre " du cinéma, et on les dérange tout le temps. Il n'y a plus tellement de culture du cinéma , et on a jamais de facilité quand on veut tourner en extérieur, ou dans le métro. Il faut toujours se battre même quand on a les autorisations… Mais le travail en studio et les équipes techniques sont très bien.
Pour finir, ce film est un message aux parents, ou plus généralement aux adultes ?
Richard Berry : mon propos, c'est que les enfants méritent le même respect que les adultes, la même prise en compte. Les adultes oublient souvent cette partie de leur vie. On se dit que quand on sera grand, on ne fera pas comme les adultes et puis on oublie la promesse qu'on s'était faite. Ce film a pour but de montrer aux adultes ce qu'il ne faut pas reproduire. On tutoie les enfants, on ne leur explique jamais rien… Je voulais montrer que " les enfants sont des êtres humains à part entière "
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