INTERVIEW

EMMENEZ-MOI

© Mars Distribution

EMMENEZ-MOI


Edmond Bensimon, Zinedine Soualem, Lucien Jean Baptiste et Damien Jouillerot

réalisateur et acteurs


Très conviviaux, Edmond, Zinedine, Lucien et Damien arrivent en se présentant par leur prénom. Installés comme des amis autour d’une table, le réalisateur et ses acteurs commencent à nous parler de leur film. L’idée du projet est partie d’une blague improvisée par Edmond lors d’un dîner trop arrosé. La blague commençait par un jeu de mot sur les paroles d’une chanson de Charles Aznavour : « je suis un homme, oh comme ils disent ». De cette blague, il a écrit une scène du film, et de cette scène, il a écrit le scénario entier.

Ce scénario, comme on s’en doute en visionnant le film, fait référence au Magicien d’Oz. Jean-Claude part seul avec son neveu, et rencontre sur sa route, Arsène puis Boris, deux êtres atypiques qui vont l’accompagner jusqu’à sa destination finale, Paris.

En rencontrant Zinedine et Lucien, nous rencontrons deux acteurs loin de la personnalité de leurs personnages respectifs. Zinedine, très blagueur, arbore un sourire très différent de celui de Boris. Il avoue avoir travaillé le fameux sourire de Boris avec Edmond pour le rendre le plus authentique possible. Lucien, quant à lui, arrive avec un look très net et de fines lunettes, aux antipodes d’un Arsène assez négligé.

Enfin, Damien, l’un des gamins fétiches des derniers films français est heureux du rôle qu’il s’est vu proposé. Installé dans son fauteuil à fumer quelques cigarettes, à vingt et un ans, ce gamin, qui n’en est plus un, et se réjouit d’un rôle qui lui fait prendre quelques années à l’écran. C’est vrai qu’il apparaît peu à l’image mais son personnage a le rôle clef de témoin, de rapporteur des évènements.

Nous ne manquons pas de dire à Edmond combien son effet de film dans le film est réussit. « Pour bien différencier les images au caméscope, nous dit-il, j’ai utilisé le numérique pour les images filmées par Benoît et le 35mm pour les fantasmes de Jean-Claude ». « Je voulais que le film ne soit pas seulement une comédie mais qu’il touche aussi les spectateurs. »

Pour choisir ses acteurs Edmond Bensimon a fait confiance aux suggestions de ses proches. Quand Marie-Castille (de la production) lui parle de Damien, il pense d’abord qu’il s’agit de Jules Sitruk et il est alors un peu retissant ; mais en voyant Damien, sa bouille est exactement ce qu’il recherchait. C’est le frère d’Edmond qui pense à Zinedine, et Pierre Sélénas (le premier assistant) qui propose Lucien. Avec Gérard Darmon cela forme une belle équipe qui s’entend bien, ce qui sert évidemment le film, car leur complicité ressort à l’écran.

Le plus impressionnant dans ce film est l’utilisation fréquente des plans séquences ; une dure performance pour les acteurs. Pour Edmond, c’était un risque à prendre, il voulait que l’émotion vienne vraiment du jeu des acteurs. C’est un contrat rempli (je lui avoue au passage avoir versé quelques larmes.)

Nous sommes tous un peu muets concernant le film lui-même. Qui a-t-il à dire sur film qui remplit pleinement son contrat ? Il présente ses personnages avec une véritable justesse et son côté féerique en fait un véritable film où l’on ne s’ennui pas. De cette rencontre nous retiendrons que le réalisateur et ses acteurs sont des personnes ouvertes et sociables. La personnalité communicative du réalisateur, cet homme charmant, lui permet de faire un film vrai qui n’admet pas de stéréotypes et développe un art du cinéma qui refuse de se refermer sur lui-même, mais au contraire accepte de s’ouvrir au monde. Nous avons hâte de le voir endosser un autre projet et de le rencontrer à nouveau.

Aïcha
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