DOSSIER

Affiche

TOP 10 PALMES D’OR


Le Festival de Cannes n’est pas seulement le plus grand festival au monde, le plus glamour aussi, c’est surtout la plus belle vitrine du cinéma mondial ! Découvreur de talents, Cannes en a aussi confirmé plus d’un et la liste des chefs d’œuvres sélectionnés au festival rivalise avec celle des stars qui ont foulé les marches revêtues du fameux tapis rouge. Pour célébrer la 66e édition du Festival de Cannes, la rédaction d’Abus de ciné a voté pour ses 10 films palmés préférés. Le meilleur des films cannois ! Un top 10 qui en a forcément laissé sur le carreau de la croisette mais qui a le mérite de refléter la diversité du cinéma qu’il met chaque année en lumière avec 10 réalisateurs différents (dont une femme), 5 décennies et une multitude de nationalités…


10e // DANCER IN THE DARK
de Lars von Trier, 2000, Danemark
Président du Jury : Luc Besson


Sur les marches.
Avant d’être persona non grata au Festival de Cannes (son dernier film "Nymphomaniac" n’a pas été sélectionné cette année), Lars Von Trier a été accueilli les bras ouverts pour la quasi-totalité de ses longs métrages et il y a reçu pas moins de cinq prix : "Element of crime" Grand Prix de la Commission Supérieure Technique en 1984, "Europa" Grand Prix de la Commission Supérieure Technique et Prix du Jury en 1991, "Breaking the waves" Grand Prix en 1996, et "Dancer in the Dark" Palme d’or en 2000.

La Palme de la révélation Björk.
"Dancer in the Dark" pourrait être dépeint comme la plus belle comédie musicale de Cannes et du Dogme 95 (même si le film ne respecte pas complètement les règles du mouvement que Von Trier a lui-même insufflé avec Thomas Vinterberg). La beauté de "Dancer in the Dark" doit beaucoup à l’Islandaise Björk pour ses chansons bien sûr et pour sa sublime composition également d’une mère courage qui se bat pour son fils. La chanteuse-comédienne a d’ailleurs été justement récompensée à Cannes du Prix d’interprétation féminine.
Mêlant réalité sociale et rêveries chantées, ce qui aurait pu être un vulgaire mélo tire-larmes devient dans les mains magiques de Von Trier une magnifique évocation christique qui prend vie dans les flammes de l’enfer. Mais en chanson s’il vous plaît !


9e // AMOUR
de Michael Haneke, 2012, France/Allemagne/Autriche
Président du Jury : Nanni Moretti


Sur les marches.
Voici un autre cinéaste reconnu par le Festival de Cannes ! Quatre prix sont venus récompenser le réalisateur autrichien : le Prix de la mise en scène pour "Caché" en 2005, le Grand Prix pour "La Pianiste" en 2001 et deux Palmes d’Or attribuées au "Ruban blanc" en 2009 et à "Amour" l’an dernier. Il a ainsi rejoint les six autres réalisateurs doublement palmés : Francis Ford Coppola, Shohei Imamura, Emir Kusturica, Bille August et les (deux) frères Dardenne.

La Palme de l’émotion.
Avec "Amour", Haneke transcende son art, efface sa réalisation pour mettre en avant son histoire – bouleversante et tragique – et ses deux principaux comédiens – Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant prodigieux. Loin de ses précédentes mises en scène provocantes et crues, loin de ses obsessions liées à la violence (sociale ou sexuelle), Haneke se dévoile dans une réalisation sobre et austère et avec une histoire sur l’Amour et la fin de vie émotionnellement puissante.
Privés des prix d’interprétation cannois à cause du règlement (pas de prix cette année aux comédiens si le film recevait la Palme), Trintignant et Riva furent récompensés par ailleurs d’une dizaine de prix dont les deux trophées mérités des Césars (Riva, nommée, passa à côté de l’Oscar).

Photo2

8e // TAXI DRIVER
de Martin Scorsese, 1976, États-Unis
Président du Jury : Tennessee Williams


Sur les marches.
Avant d’être Président du Jury du Festival de Cannes en 1998 et voir se prosterner à ses pieds Roberto Benigni, Martin Scorsese découvre Cannes en 1974 en y présentant son troisième long-métrage "Mean Streets". Son talent explose sur l’écran cannois et le festival le rappelle les deux années suivantes, d’abord avec "Alice n’est plus ici" puis avec "Taxi driver", qui décrochera l’ultime récompense. Le réalisateur recevra également en 1986 le Prix de la mise en scène pour "After hours" et il acceptera en 2002 la présidence du jury Courts-métrages Cinéfondation.

La Palme de la fureur.
Bob De Niro, 32 ans, revient fêlé du Viêtnam et voit des ennemis partout dans la jungle urbaine new-yorkaise qui le dégoûte au plus haut point. « You’re talkin’ to me ? », dit-il devant sa glace. Sa silhouette fine et nerveuse, son regard profond et glaçant inspire le respect qui cache la peur. Délaissé par une femme de la haute, il voudra sortir du trottoir une jeune prostituée angélique. Sous les traits de Jodie Foster, 13 ans, la fille de joie est d’une maturité désarmante, l’effrontée américaine, véritable révélation du film. "Taxi Driver" lui ouvrira d’ailleurs en grand les portes des plateaux de tournage avec la carrière que l’on sait ensuite.
Derrière la caméra, Scorsese est magistral ; au scénario Paul Schrader est brutal et sombre ; à la musique, Bernard Herrmann est virtuose. Pour la petite histoire, le célèbre compositeur (des "Citizen Kane", "Vertigo", "Psychose"…) est mort la veille de noël 1975, alors qu’il venait tout juste de terminer la partition de ce "Taxi Driver"…


7e // ELEPHANT
de Gus Van Sant, 2003, États-Unis
Président du Jury : Patrice Chéreau


Sur les marches.
Trois prix ont récompensé Gus Van Sant au Festival de Cannes, dont deux pour "Elephant" : Palme d’or et Prix de la mise en scène. Le réalisateur américain reçut également en 2007 le Prix du 60e anniversaire pour son long-métrage "Paranoid Park". "Elephant" est le second des deux films primés à Cannes qui sont directement inspirés de la tragédie de Columbine, ce lycée américain théâtre en 1999 d’une tuerie dans l’enceinte de l’établissement et qui émut le monde entier. Le premier fut "Bowling for Columbine" de Michael Moore qui obtint le Prix du 55e anniversaire du Festival de Cannes l’année précédente en 2002…

La Palme du Grand art.
Les deux films précités n’ont rien en commun si ce n’est le fond de l’histoire. Pas de revendication ni de dénonciation, pas de recherche de cause ni d’explications sur le geste des deux étudiants, Gus Van Sant ne fait pas du Michael Moore. Gus Van Sant fait de l’art ! À base de longs plans séquences, de ralentis qui accentuent le drame et d’une formidable bande son, "Elephant" (titre qui peut être vu comme une charge politique contre l’emblème du parti républicain pro arme à feu) nous perd dans les couloirs du lycée qui en devient une jungle, une arche de Noé où sévit la loi du règne animal.
Gus Van Sant ira même jusqu’à faire référence aux cultissimes "Orange mécanique" et "Shining" de Kubrick. Mais de l’aveu même du réalisateur, c’est un de ces cinéastes préférés, le Hongrois Bela Tarr, qui l’influencera le plus ici.


6e // M.A.S.H.
de Robert Altman, 1970, États-Unis
Président du Jury : Miguel Angel Asturias


Sur les marches.
Cannes a pratiquement révélé Robert Altman au monde entier. Son premier film sélectionné "That cold day in the park" (hors compétition) date de 1969 et son second "M.A.S.H." lui a valu une belle Palme d’or (Grand Prix international du Festival comme cela s’appelait à l’époque). Vingt-deux ans plus tard, Altman fut à nouveau à l’honneur avec son film "The Player" qui lui permit de remporter le Prix de la mise en scène.

La Palme de la comédie.
Le film a beau se dérouler en pleine guerre, c’est à une pure comédie caustique que Robert Altman nous invite. Mis en boîte en 1970, l’histoire se passe pendant la Guerre de Corée, alors que les États-Unis sont englués en pleine Guerre du Viêtnam ! Se déroulant à la « Mobile Army Surgical Hospital », le film met en scène de facétieux chirurgiens chargés d’opérer des soldats américains affreusement mutilés, et qui pour oublier l’horreur de la guerre passent leur temps libre avec de ravissantes infirmières ou sur le green d’un terrain de golf improvisé !
L’humour acide qui dénonce l’absurdité de la guerre, on le doit aux parfaits dialogues, aux excellentes situations et aux fantasques comédiens Donald Sutherland et Tom Skerritt en tête ; sans oublier les éternels Elliott Gould, Robert Duvall et Sally Kellerman, celle qui deviendra la célèbre « Lèvres en feu » !

Photo3

5e // PARIS, TEXAS
de Wim Wenders, 1984, Allemagne/France
Président du Jury : Dirk Bogarde


Sur les marches.
L’Allemand Wim Wenders a un parcours cannois des plus singuliers. Seize films présentés au festival entre 1976 et 2008, deux fois Président (de la Compétition officielle en 1989 et de la Caméra d’or en 2003), cinq prix reçus pour quatre de ses films. Deux Prix de la Critique Internationale F.I.P.R.E.S.C.I. pour "Au fil du temps" (1976) et "Paris, Texas" (1984), un Prix de la mise en scène pour "Les Ailes du désir" (1987), un Grand Prix pour "Si loin, si proche !" (1993) et la fameuse Palme d’or pour son "Paris, Texas".

La Palme de l’icône.
Un homme sorti de nulle part (le lunaire Harry Dean Stanton) refait surface et tente de remettre de l’ordre dans sa vie et celle des siens (son fils et la mère de son fils). "Paris, Texas", même 30 ans après, n’a pas pris une ride. L’esprit européen en terres américaines par excellence. Wim Wenders s’est allié en effet pour le meilleur et le meilleur au scénariste Sam Shepard pour un film où les genres se succèdent les uns après les autres (western, comédie, drame, docu).
Un vieux film toujours aussi percutant et contemporain. L’histoire est bouleversante, les comédiens hors pair et le pull rouge de Nastassja Kinski iconique. En plus, le film est à l’origine du nom du groupe de rock Texas !


4e // LE PIANISTE
de Roman Polanski, 2002, France/Pologne/Allemagne/Royaume-Uni
Président du Jury : David Lynch


Sur les marches.
Roman Polanski découvre le tapis rouge de Cannes en 1968 en tant que membre du jury de la sélection officielle. Il est à cette époque un réalisateur déjà reconnu (son cinquième film "Rosemary’s baby" sort la même année). Ses plus grands films ne seront pas présentés à Cannes ("Chinatown", "Le Locataire", "Tess", "Frantic"). Il faut attendre 2002 et son "Pianiste" pour que le Festival l’acclame et lui décerne la Palme d’Or, unique récompense cannoise pour le réalisateur à ce jour. Polanski sera aussi le Président du Festival en 1991 faisant de "Barton Fink" le film cannois le plus primé (trois prix).

La Palme de la retenue.
Fils d’un père juif polonais et d'une mère d'origine russe déportés dans un camp de concentration durant la Seconde Guerre Mondiale, Roman Polanski adapte ici l’autobiographie du pianiste et compositeur polonais Wladyslaw Szpilman. Le réalisateur qui a porté ce film durant plus de 50 ans se raconte aussi dans une œuvre mise en scène avec humilité, profondeur et sagacité. La reconstitution est minutieuse et la photo dans les tons sépia appelle l’Histoire.
Le film remportera également sept Césars et sept Oscars. Et il fit d’Adrien Brody le plus jeune comédien à recevoir l'Oscar du meilleur acteur ainsi que le seul à remporter les statuettes française et américaine pour le même rôle.

Photo4

3e // LA LEÇON DE PIANO
de Jane Campion, 1993, Nouvelle-Zélande/Australie/France
Président du Jury : Louis Malle


Sur les marches.
Si Cannes est chaque année la cible des foudres des commentateurs sur le peu de femmes réalisatrices sélectionnées (qui a dit l’absence ?), Jane Campion en a été, en est et en sera éternellement le symbole du festival cannois. Elle a, fait rare, obtenu deux Palme d’or : l’une pour son court métrage "Peau" et l’autre pour son long "La Leçon de piano" (ex-aequo la même année avec "Adieu ma concubine" de Chen Kaige).
Elle reste, encore à ce jour, la seule femme réalisatrice de l’histoire du Festival de Cannes à avoir été palmée d’or. Sa "Leçon de piano" obtint enfin à Cannes le Prix d’interprétation féminine pour Holly Hunter.

La Palme de la passion.
Une femme débarque avec sa fille sur une plage néo-zélandaise. La première scène du film de Jane Campion est apocalyptique avec cette mer déchaînée et ses déferlantes, cette femme muette aux grands yeux étonnés et ce piano balayé par les eaux. Un piano, reflet de l’âme de celle qui ne dit mot mais qui exprime ses émotions à travers ses notes, ses graves et ses cordes (sensibles). Si "La Leçon de piano" est dans le trio des Palmes d’or préférées de la rédaction, c’est aussi pour les fessiers de Holly Hunter et de Harvey Keitel !
Car oui, ce film est d’une sensualité certaine. Au fur et à mesure des leçons de piano, la tension érotique augmente. Les corps s’observent, se frôlent, puis se caressent jusqu’à la passion dévorante… Le film révéla enfin la jeune Anna Paquin, 10 ans, qui obtint aux Oscars la statuette du meilleur second rôle féminin (la 2e plus jeune récompensée de cette statuette) !


2e // APOCALYPSE NOW
de Francis Ford Coppola, 1979, États-Unis
Président du Jury : Françoise Sagan


Sur les planches.
Deuxième film palmé ex-aequo dans notre top 10 (avec "Le Tambour" de Schlöndorff cette année-là), "Apocalypse Now" a également obtenu le Prix de la Critique Internationale F.I.P.R.E.S.C.I. Si Coppola n’aura présenté que trois films en compétition et deux hors compétition (dont la version longue de 3h15 d’"Apocalypse Now" en 2001) en quarante années de carrière, il aura fait fort en étant récompensé de deux Palmes d’Or dont la première lui a été remise en 1974 avec "La Conversation secrète". Coppola, en tant que Président du Jury du Festival de 1996 couronna à son tour un film cannois : "Secrets et mensonges" de Mike Leigh.

La Palme de la folie.
"Apocalypse Now" est un monument du septième art qui arrive sur la deuxième marche de notre podium des films palmés. Les scènes anthologiques se succèdent dans une folie psychologique et philosophique soutenue. « J’aime l’odeur du napalm au petit matin » fait partie des répliques cultes, tout comme l’ouverture du film sur la chanson des Doors « The end », faire du surf sur un fleuve vietnamien et voir le visage du dément Marlon Brando sortir des eaux sombres à l’image de son esprit torturé.
Le film aligne un casting impressionnant, outre l’acteur d’un "Tramway nommé désir" : de Martin Sheen à Robert Duvall et de Lawrence Fishburne à Harrison Ford en passant par le photographe bafouillant Dennis Hopper ! Ce voyage initiatique, ce déluge de feu et de folie est une œuvre insensée et inoubliable.


1er // PULP FICTION
de Quentin Tarantino, 1994, Etats-Unis
Président du Jury : Clint Eastwood


Sur les marches.
Tarantino foule le tapis rouge de Cannes dès son premier long-métrage "Reservoir dogs" présenté Hors-Compétition en 1992. Deux ans plus tard, son deuxième film "Pulp fiction" trouve sa place dans la compét’ et obtient la fameuse Palme. Suivent "Desperado" (HC - acteur), "Kill Bill Vol.2" (HC), "Boulevard de la mort" et "Inglorious basterds" tous deux en compétition. QT pour les intimes fut aussi Président du Festival. C’était en 2004 et la Palme fut remise, cette année-là, à Michael Moore pour son "Fahrenheit 9/11".

La Palme des palmes.
Voici sur la plus haute marche de notre humble podium, la référence tarantinesque qui émut plusieurs générations de cinéphiles tant les hommages pullulent dans ce puzzle cinématographique qui bombarda le box-office international ! Montage intelligent, histoire de gangsters tragi-comique, casting étincelant, bande originale à passer dans toutes les bonnes soirées, dialogues incisifs, John Travolta ressuscité…
Il faut définitivement prendre cette pépite comme elle est : un divertissement cinéphage sans égal, Oscar du meilleur scénario original l’année suivante. Original à tout point de vue.

Mathieu Payan

Partager cet article sur Facebook Twitter