DOSSIER

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gerardmer 2012 - Bilan


Un parfum d’apocalypse flottait sur la sélection de ce 19ème Fantastic’Arts, dernière édition avant la fin du monde programmée pour le 21 décembre 2012. Certes, seulement quatre films se sont penchés sur cet événement redouté et ses conséquences – forcément – désastreuses. Mais en s’attardant bien souvent sur l’humain, sa volonté de survie, sa bestialité refoulée, ils n’en ont pas moins tenté une approche personnelle, chacun dans leur genre.

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THIS IS HOW THE WORLD ENDS

Fantasme de cinéma pour les piliers du blockbuster et les faiseurs de la série B/Z, la fin du monde a été servie à presque toutes les sauces. Chutes de météorites, invasions extraterrestres, désastres climatiques, nouvelle guerre mondiale… toutes les excuses ont été trouvées pour mettre en images la chute de la civilisation. Mais les films présentés à Gérardmer en cette fatidique année 2012 ont eu pour eux de ne pas tant se pencher sur les causes de l’apocalypse, que sur ses répercutions sur l’être humain et ses semblables. Aussi définitive soit-elle au final, la fin du monde telle qu’elle est décrite dans le "Perfect Sense" de David MacKenzie n’en reste pas moins d’une originalité bienvenue. Décrivant la perte progressive des sens (l’odorat, puis le goût, puis…), entraînant l’humanité dans une déperdition sociale et émotionnelle totale, le film prend son sujet par le biais de l’intime. Virus foudroyant, attaque biologique ou manifestation divine, MacKenzie ne le dira jamais, préférant s’attacher aux basques d’une humanité dont l’espoir fait figure de sacerdoce. Aveuglement naïf ou véritable volonté de survie ? "Perfect Sense" penche pour la seconde.

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Ce qui n’est pas le cas, loin de là, du rageur "The Divide". Sans rien montrer d’autre qu’une explosion titanesque (hallucinante scène d’ouverture), le film enferme ses protagonistes dans le sous-sol d’un immeuble, pour un huis-clos sauvage et étouffant. Un véritable « laboratoire » d’étude de caractères en situation extrême, que le cinéaste français Xavier Gens traite en résidus divers d’une humanité désormais éteinte. Le résultat, forcément explosif, prend le parti contraire de l’humaniste "Perfect Sense" : ici la survie n’est pas soumise aux aléas de la vie, mais seulement à la loi du plus fort. Alors qu’au-dehors, le monde s’effondre, les personnages du film se réinventent en une société basée sur la violence et l’humiliation. Au moindre accrocs, le vernis de la civilisation se fissure et la bestialité reprend ses droits…

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LE JOUR D’APRES

C’est sur ce constat terrifiant que se sont basés la grande majorité des films post-apocalyptiques : gangs de mutants cannibales, vampires assoiffés de sang, sanguinaires seigneurs de la route, créatures monstrueuses errantes… Une bien belle brochette de dégénérés, comme résultat d’une fin du monde pas vraiment en douceur, et dont la subite plongée dans la violence et la sauvagerie auront finalement assuré la survie. Dans le plutôt bon "The Day", l’inévitable poignée de survivants tentent de vivre au jour le jour, cherchant refuge et nourriture au gré de leurs pérégrinations diurnes. Un « carpe diem » rendu obligatoire par les hordes de vampires déambulant dès la nuit tombée, en quête de proies humaines. Une espérance de vie quasiment réduite à néant, pas de perspective future ni d’espoir en des lendemains qui chantent : le quotidien des survivants de l’apocalypse n’est que désillusion et combats.


Un constat qui irrigue également le « monde d’après » de "Hell", tentative inaboutie de cinéma post-apocalyptique allemand. Point de créatures fantastiques dans cet univers au réalisme contrasté, mais un résidu d’humanité réduit aux plus basses actions pour maintenir un semblant de civilisation. Le contexte inverse la situation de "The Day" : ici, le jour est synonyme de mort, brûlé par un soleil permanent que n’atténue même pas une nuit pleine de lumière. Les protagonistes sont isolés, seuls, même lorsqu’ils sont ensembles, face à une « famille » reconstruite en micro-société fasciste. Un horizon sans fin pour seule perspective, voilà le triste sort de ceux ayant survécu à la fin des temps.

Certes, la multiplicité des points de vue dans les quatre films évoqués n’offre pas une exhaustivité du cinéma de l’apocalypse. Mais un tel échantillon d’humanité peut être vu comme des tentatives personnelles et originales d’exorciser les peurs liées à l’anéantissement. Espoir et amour, sauvagerie et destruction… On est tous différents face à l’inéluctable fin de tout. Mais ce que les cinéastes présents dans cet article semblent avoir compris, c’est que quoi qu’il advienne dans le futur, il faudra survivre. Coûte que coûte.

Frédéric Wullschleger

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