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Les meilleurs films de 2012 selon Alexandre Romanazzi


Vive le cinéma indépendant !

Alors que j’attendais la plupart des blockbusters des grands noms d’Hollywood (« The Dark knight rises », « Millenium », « Prometheus », « Cosmopolis », etc.), c’est en réalité une foule de pépites du cinéma produit hors des circuits hollywoodiens qui m’ont conquis. 2012 a démontré une nouvelle fois toute la vivacité du cinéma indépendant nord-américain, avec de nombreux films puissants comme « Les Bêtes du Sud sauvage », « Bellflower », « Martha Marcy May Marlene » ou encore « Margin Call », tous fabriqués avec un budget inférieur à quatre millions. La production européenne ne fut pas en reste entre les mystérieux et fascinants « Kill list » (Angleterre), « Portrait au crépuscule » (Russie) et « Holy Motors » (France) et les bouleversant « Bullhead » (Belgique) et « Oslo, 31 Août » (Norvège).

Les réalisateurs de ces films ont tous fait preuve d’une créativité audacieuse qui a bien souvent fait défaut aux cinéastes bankables, aujourd’hui confortablement introduits dans le système hollywoodien. 2012 fut par ailleurs l’émergence d’une bonne poignée de réalisateurs présageant le meilleur (Benh Zeitlin, Angelina Nikonova, Michael R. Roskam, Joachim Trier, J.C. Chandor). Sean Durkin en est, pour moi, le parfait exemple. Déjà récompensé à Cannes en 2010 pour son court-métrage « Martha », le réalisateur d’origine canadienne a sublimement transformé l’essai avec son long à l’ambiance oppressante. Néanmoins, les meilleurs cinéastes de l’année restent les valeurs montantes comme Jeff Nichols, dont l’excellent prochain film « Mud » arrivera courant avril 2013, Leos Carax, qui signe un envoutant OFNI, Joachim Lafosse, toujours impeccable lorsqu’il s’agit de retranscrire un malaise, et Ben Wheatley qui, en deux films, jongle avec les genres avec un brio déconcertant.

2012 fut aussi une très bonne année pour les rôles féminins permettant à plusieurs actrices de briller. J’attendais Emmanuelle Riva dans le palmé « Amour », mais c’est Hélène Vincent qui m’a pris par surprise dans le poignant « Quelques heures de printemps », en portant complètement le film de Stéphane Brizé sur ses épaules. D’autres premiers rôles féminins furent attribués à des actrices débutantes qui ont su incarner leurs personnages avec justesse et implication, comme la petite Quvenzhané Wallis ou Elizabeth Olsen, et les russes Olga Dihovichanaya et Olga Kurylenko ont livré des interprétations introspectives sublimant les personnages complexes qu’elles incarnent.

Enfin, un petit mot sur la production française qui souffre du même constat que la production américaine : les grosses productions ont bien souvent déçu (« La Vérité si je mens 3 », « Astérix 4 », « Le Marsupilami », « Mais qui a re-tué Paméla Rose »). Malheureusement, par rapport au cru exceptionnel de l’an dernier, le cinéma français n’a pas connu de succès critiques et publics aussi considérable qu’avec « The Artist », « Polisse » ou « Intouchables ». Les secondes réalisations des cinéastes prometteurs, découverts quelques années plutôt, ont globalement déçu (Michel Leclerc avec « Télégaucho », Géraldine Nakache et Hervé Mimran avec « Nous York » et Valérie Donzelli avec « Main dans la main ») et trois des cinq pires films que j’ai vus cette année sont français... Malgré tout, même si l’année ne fut pas des plus fastes en drames ou polars français de qualité, je me suis tout de même réjoui de voir plusieurs excellentes comédies bien de chez nous, comme l’excellente adaptation de la pièce « Le Prénom » qui, il faut le dire, avait déjà tous les atouts pour nous faire rire aux éclats, ou les poilants, espiègles mais aussi touchants « Camille Redouble » et « Radiostars ». En espérant qu’en 2013, le cinéma français se reprenne de ce passage à vide, au lieu de s’attarder sur toutes les polémiques inutiles sur le cas Depardieu…

Meilleurs films
1. Les Bêtes du Sud sauvage, de Benh Zeitlin
2. Bellflower, d’Evan Glodell
3. Martha Marcy May Marlene, de Sean Durkin
4. Kill list, de Ben Wheatley
5. Portrait au crépuscule, d’Angelina Nikonova
6. Margin call, de J.C. Chandor
7. Holy motors, de Leos Carax
8. Café de Flore, de Jean-Marc Vallée
9. Bullhead, de Michael R. Roskam
10. Oslo, 31 août, de Joachim Trier

Pires films
1. Le Noir (te) vous va si bien, de Jaques Bral
2. 4h44 Dernier jour sur terre, d’Abel Ferrara
3. Vous n’avez encore rien vu, d’Alain Resnais
4. Ce que le jour doit à la nuit, d’Alexandre Arcady
5. Damsels in Distress, de Whit Stillman

Meilleurs réalisateurs
1. Sean Durkin (Martha Marcy May Marlene)
2. Jeff Nichols (Take shelter)
3. Leos Carax (Holy motors)
4. Joachim Lafosse (A perdre la raison)
5. Ben Wheatley (Kill list, Touristes !)

Meilleurs acteurs
1. Matthew McConaughey (Killer Joe)
2. Kacey Mottet Klein (L’Enfant d’en haut)
3. Jeremy Irons (Margin Call)
4. Matthias Schoenaerts (Bullhead, De Rouille et d’os)
5. Mads Mikkelsen (La Chasse)

Meilleures actrices
1. Hélène Vincent (Quelques heures de printemps)
2. Elizabeth Olsen (Martha Marcy May Marlene)
3. Quvenzhané Wallis (Les Bêtes du Sud sauvage)
4. Olga Dihovichanaya (Portrait au crépuscule)
5. Olga Kurylenko (La Terre outragée)

Les comédies françaises au TOP !
1. Le Prénom, d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte
2. Camille Redouble, de Noémie Lvovsky
3. Radiostars, de Romain Lévy
4. 2 Days in New York, de Julie Delpy
5. Les Infidèles anonymes, segment d’Alexandre Courtes du film à sketchs « Les Infidèles »

Alexandre Romanazzi

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