DOSSIER

Les meilleurs films de 2006 selon Thomas BOURGEOIS

Pour le top, difficile de faire un classement entre 10 films aussi différents les uns que les autres. Je laisse donc parler mon cœur et célèbre les Infiltrés et The Fountain. Le premier est sans conteste le film le plus jubilatoire de l’année avec ses dialogues cinglants et sa mise en scène d’une virtuosité peu commune. Le second est le film le plus émouvant de l’année, d’une beauté visuelle sidérante. The Fountain est aussi le film le plus original et le moins consensuel de l’année, donc deuxième place méritée. Dans l’ensemble, ce top célèbre les plus grands cinéastes contemporains qui ont cette année, et c’est tout sauf un hasard, réalisé les meilleurs films : Scorsese, Aronofsky, Mann, Malick, Verhoeven, Inarritu …

Ces films ont en commun leur puissance visuelle (les plans-séquences des Fils de l’Homme, les lumières fabuleuses du Nouveau Monde, la nuit en HD de Miami Vice…), leur rigueur formelle et narrative (multiples points de vue dans Babel, The Host…), leur souci de ne pas se cantonner dans un genre (Miami Vice est un polar bourré de digressions contemplatives, Black Book est un film de guerre incroyablement romanesque, La Colline a des yeux lorgne largement vers le western, The Fountain se contrefout des codes et des conventions, The Host encore plus…). Bref, c’est là un cinéma où s’exprime la toute-puissance de l’image (seul Les Infiltrés est très dialogué mais cela va de pair avec la verve des personnages), un cinéma viscéral et cérébral, un cinéma réaliste dans ses émotions, fuyant le naturalisme plombant.

Bref, un top 10 qui résume ce que le cinéma moderne devrait être. Et si l’on y ajoute Lynch et Raimi pour 2007 et Jackson pour 2005, il s’avère que 2006 célèbre le talent et le génie des plus doués ! Mention spéciale pour le « 11ème », Guillermo Del Toro et son Pan’s Labyrinth, qui ne démériterait pas dans le top 10, mais puisqu’il faut choisir… Le seul film « français » c’est donc La Colline a des yeux.

Malheureusement il n’a de français que le réalisateur, la faute à une production française qui dans sa beaufitude (Les bronzés 3), son auteurisme désuet (Cœurs) et son mercantilisme vomitif (Les Minimoys) provoque une fuite des talents. Félicitons alors les OSS 117 et autre Enfermés Dehors, qui surnagent au-dessus d’une production indigente et frileuse.

Pour le flop, il résonne comme une évidence : Da Vinci Code est aussi nul que le bouquin dont il est tiré. Underworld 2 est presque encore plus hideux et crétin que le premier. Horribilis est une énorme déception, un nanar monumental. X-Men 3 est un scandale, une trahison totale des comic-books d’une platitude rare, et enfin World Trade Center fait illusion 30 minutes avant de sombrer dans un sentimentalisme et un patriotisme puant. Absents du flop mais encore en travers de la gorge, les immenses déceptions que sont Munich, le Dahlia Noir ou Superman Returns. Et si 2006 confirme certains cinéastes au panthéon de l’histoire du cinéma, cette année nous montre qu’après Tim Burton, ce sont Spielberg, De Palma et Oliver Stone qui sont eux aussi très très fatigués.

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