Terminons par les films qui usent de manipulations, avec des histoires à multiples tiroirs ou des personnages pas très nets, et qui représentait le gros du contingent Deauvillais cette année.
Le premier à ouvrir le bal fut "Un crime", film réalisé par un français, qui met en scène une femme qui piège un chauffeur de taxi, par amour pour un veuf dont la femme a été assassinée par un tueur qui n'a jamais été retrouvé. Créant de toutes pièces des liens entre le chauffeur et le supposé tueur, elle va précipiter les trois personnages droit dans le mur. Construit en trois actes, correspondant à trois manipulations, le film hante, mais dispose d'une fin un peu alambiquée, dernier chapitre qui ne fonctionne pas...
Côté compétition "Hard candy" fit sensation avec une jeune fille rencontrée sur le net par un homme mûr, qui s'avèrera un redoutable petit chaperon rouge, bien loin d'être innocent. Désireuse de prendre au piège un supposé pédophile, elle ira jusqu'à le torturer et le menacer de castration à vif. Eprouvant physiquement (surtout pour les hommes), le film pose la question de la responsabilité, et de la suspicion à outrance. Le spectateur lui, s'interrogera sur qui est le bourreau dans cette histoire?
Délire visuel psychotique, "A scanner darkly" nous introduit à la manipulation de l'image, du physique des gens (recomposé à partir de plusieurs visages...) avec un Keanu Reeves méconnaissable, dont le personnage est retravaillé à l'écran, façon dessin animé. Véritable expérience visuelle, ce nouvel opus du très prolifique Richard Linklater (Fast Food Nation également cette année) déforme la réalité au travers d'une histoire paranoïaque où un flic infiltre le milieu de la drogue et des trafics en tous genre.
Plus gentillet, "L'illusionniste", véritable conte de fée, nous conte l'histoire d'une princesse promise au Roi, et d'un mystérieux inconnu qui va manipuler tout le monde... en usant de la magie. Vérité, illusion seront ici les fers de lance d'un homme prêt à tout pour honorer une promesse d'amour faite étant enfant. Loin du "Prestige" de Christopher Nolan, le film ne remplit pas son contrat, dévoilant ses secrets à mi-parcours.
Enfin, "Thank you for smoking" pousse le bouchon bien plus loin, avec le portrait d'un lobbyiste pro tabac qui manipule à la fois l'opinion publique et les médias, grâce à son bagou. Interprété avec brio par Aaron Eckhart, le personnage, extrêmement cynique (il organise des réunions de tueurs en série dans un restaurant...) se fait enlever par des activistes qui croient trouver une vengeance en le couvrant de patchs. Comble du manichéisme, le scénario opposera le cheddar et la cigarette comme facteurs de maladies mortelles. Rien ne vaut finalement une comédie bien noire, pour dénoncer l'hypocrisie de la société de consommation et des politiques.
OB et Mathieu
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