2010, le roman de Polanski. Fin 2009, Roman Polanski se rend dans un festival en Suisse, invité par le Ministère de la culture helvète. Mais, intercepté à l’aéroport de Zurich, Roman Polanski, sous le coup d’un arrêt international, est assigné à résidence, bracelet électronique au poignet. Il attend d’être extradé vers les Etats-Unis, où l’attend un procès et une peine que le réalisateur, né France en 1933, juge avoir déjà purgés 30 ans plus tôt. Le superbe documentaire « Roman Polanski : wanted and desired » avait relancé la polémique concernant l’instruction de cette affaire menée tambour battant par un juge peu scrupuleux et avide de notoriété.
Fin 2009 - début 2010, Polanski est donc enfermé dans son chalet de Gstaad. Il reçoit des messages de soutien de la profession unanime tout comme de nombreux hommes politiques, alors que sur le sol américain, on trépigne déjà de le voir retrouver une cour de justice...
Polanski ne perd pas son temps, il termine à Gstaad la post-production de son dernier long-métrage « The Ghost writer », une adaptation d’un roman de Robert Harris, et achève l’adaptation de la pièce de Yasmina Reza, « Le Dieu du carnage », qu’il tournera en 2011 avec Jodie Foster, Kate Winslet, Christoph Waltz et Matt Dillon (excusez du peu)…
Février 2010, le festival de Berlin retient son souffle : les statuettes tombent ! « Ours d’argent du meilleur réalisateur : Roman Polanski ». Son « Ghost writer » laisse filer l’Ours d’or - revenu à « Miel » (normal pour un ours) - et Alain Sarde reçoit le prix, Polanski étant absent de la cérémonie. Le producteur dira « Il m’avait dit qu’il ne viendrait pas de toute façon, car la dernière fois qu’il est allé à un festival, il s’est retrouvé en prison. »
Mai 2010, alors que les Etats-Unis réfute sa demande de pouvoir être jugé par contumace, précipitant son extradition vers le sol américain, Polanski diffuse une lettre ouverte « Je ne peux plus me taire » sur le site de Bernard Henri-Lévy : laregeledujeu.org.
La Suisse réclame des procès verbaux qui n’arrivent jamais. En juillet 2010, la justice helvète lève les mesures de restriction à l’encontre du réalisateur et lui rend sa « liberté »… virtuelle, Polanski a toujours sa fiche de fugitif sur le site d’Interpol.
2010, c’est le grand retour de Polanski sur les écrans, cinq ans après son précédent long-métrage « Oliver Twist ». Avec ce thriller politique paranoïaque, où plane l’ombre de son maître - Hitchcock bien sûr - Polanski livre une œuvre où les personnages (principaux et secondaires), les décors (l’île et la maison), la météorologie, les faits, les secrets et les résonances réelles font de « The Ghost writer » LE film de l’année, magistralement mis en scène, à savourer de la première (et surtout) à la dernière image !
Mathieu Payan
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