Une fois n’est pas coutume, deux films français trustent le haut de mon classement. Il faut dire que par rapport à l’an dernier, la production française fut de grande qualité. Ces deux œuvres ne sont pas de simples films. Ce sont deux expériences radicales, uniques et intenses. L’une est un profond devoir de mémoire, une œuvre dérangeante qui interpelle des semaines après son visionnage. L’autre est un concept exploité jusqu’au bout, allant même parfois un peu trop loin mais terriblement abouti, sensoriel et lugubre. A côté de ces deux époustouflants parti-pris, un autre film plus classique mais fabuleusement maîtrisé se tient là. Il s’agit d’un polar et il est naturellement coréen, puisqu’il est signé de Bong Joon-ho, une valeur sûre qui ne m’a jamais déçu. "Mother" est une époustouflante entourloupe, menée d’une main de maître et portée par des acteurs excellents, que j’ai bien évidement cités dans mes tops interprètes. Le reste du classement est plus anecdotique, à dominance largement américaine, mais il s’agit de mes expériences cinématographiques les plus marquantes de l’année.
Au final, même si 2010 fut parcimonieuse en œuvres d’exception (mais foisonnante en films de qualité), quelques productions à concepts audacieux sont sorties. Dans le lot, "Rubber" et "Inception" font état de références, mais les plus intéressantes sont celles qui se jouent de notre perception sensorielle. "Enter the Void", bien sûr, est un travail graphique et sonore monumental, mais aussi "Amer" qui reprend les codes du Giallo pour titiller nos sens. Il en va de même pour "Oncle Boomee", œuvre déroutante, poétique et radicalement différente de ce que l’on a l’habitude de découvrir ; "Valhalla Rising", qui tisse une atmosphère sauvage, bestiale et mystique ; ou encore d’autres films nous enfermant dans une claustrophobie oppressante comme "Buried" ou "Lebanon". De quoi patienter jusqu’à la sortie d’un autre film se jouant magistralement de notre perception : "Black Swan". Rendez-vous dans un mois pour se prendre la claque de 2011 !
Alexandre Romanazzi
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