DOSSIER

Affiche

Les meilleurs films de 2009 selon Frédéric Wullschleger


Toujours pas de Mandy Lane pour cette année 2009, c’est un fait indéniable. Mais bien heureusement, la bonne tenue des cinéastes majeurs de notre temps aura permit de se prendre en pleine face une bonne vingtaine de chocs visuels et narratifs non négligeables : entre expérimentations visionnaires et remises en question virtuoses, les cadors du cinéma s’en sont donnés à cœur joie !

Mais avant toute chose, un petit retour s’impose sur une année riche en productions francophones de qualité. 2009 fut à tous points de vus l’année de l’éclectisme, les créateurs et cinéastes s’adonnant au mélange des genres ou à l’artisanat le plus salutaire. Chroniques réalistes d’une adolescence ordinaire chez "les Beaux gosses", récit picaresque et cartoonesque des jeunes de la téci dans le délirant film d’animation "Lascars", naissance physique et mentale d’un "Prophète" mafieux par Jacques Audiard, polar de série B hargneux et seventies pour Eric Valette, mélodrame zombiesque dans le touchant "Mutants", comédie acide d’espionnage avec OSS 117, actionneur décérébré à l’italienne chez les tâcherons d’Europa Corp, fable corrosive et burlesque pour Jeunet… les films produits dans l’Hegaxone auront démontré une belle cohérence dans l’exploration des genres et l’envie de sortir des sentiers balisés. De quoi faire rêver pour l’avenir…

Nous parlions d’expérimentations. Et s’il y a bien un cinéaste à qui convient ce mot, c’est le grand James Cameron. Portant une technologie encore jeune dans ses retranchements actuels, son "Avatar" retrouve la grâce des récits d’aventure en leur ajoutant une immersion encore jamais vue. Dans une optique différente, Michael Mann continue son exploration d’un cinéma toujours plus sensitif et intime. Continuant sur sa lancée, il pousse au paroxysme son art du polar habité et propulse les figures archétypales du gangstérisme classique dans une modernité bienvenue, continuant de bâtir une œuvre unique en son genre. Plus jeunes, plus fous, plus « hype », Neill Blomkamp et Zack Snyder allient le fond et la forme dans un tout cohérent et immédiatement jouissif. Formés à la pub ou au clip, les deux cinéastes rivalisent de trouvailles, toujours inscrites dans une optique de divertissement intelligent et galvaniseur. Fable de politique fiction ou fresque de super-héroïsme, "District 9" et "Watchmen" pratiquent une science-fiction adulte et réfléchie, novatrice à tous points de vue.

Cinéaste devenu culte en trois films, Darren Aronofsky a toujours fait figure de virtuose de l’image et du montage. Les thématiques chères au cinéaste semblent se retrouver dans son nouveau film, où loin de tout effet de style, il se concentre sur son acteur, formidable Mickey Rourke. Influencé par les frères Dardenne et le cinéma social allemand, "The Wrestler" prouve la capacité d’adaptation et le talent protéiforme d’un Aronofsky au sommet de son art. Depuis longtemps hanté par l’idée de la représentation au cinéma de sa propre vieillesse, Clint Eastwood – le réalisateur – offre à Clint Eastwood – l’acteur – une fin en forme d’adieu magnifique. Un bouleversant drame humaniste, où Eastwood se joue des clichés liés à sa propre personne avec émotion et réflexion. Autre manière de revenir sur ses pas pour mieux avancer, la méthode Miyazaki : retrouver une simplicité de ton et d’esprit. Conte wagnérien au trait faussement naïf, son dernier forfait allie écologie agressive et aventure initiatique à un rythme effréné et galvanisant.

Il serait honteux de clore ce bilan sans évoquer les derniers Pixar et Tarantino. Film d’aventure parfait, "Là-haut" joue plus que jamais d’un savant mélange de gags hilarants, d’émotions brutes et de perfectionnisme visuel absolu. Comédie de guerre gore et drôlissime, film de vengeance révisionniste et cinéphile, l’"Inglourious Basterds" de Quentin Tarentino confirme qu’il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il fait du Tarantino. Deux visions opposées d’un cinéma que l’on aimerait voir plus souvent s’aventurer en d’aussi plaisants rivages…

Meilleurs films :
1. Avatar (James Cameron)
2. District 9 (Neill Blomkamp)
3. Là-haut (Pete Docter)
4. The Wrestler (Darren Aronofsky)
5. Inglourious Basterds (Quentin Tarantino)
6. Watchmen – les Gardiens (Zack Snyder)
7. Gran Torino (Clint Eastwood)
8. Public Enemies (Michael Mann)
9. Ponyo sur la falaise (Hayao Miyazaki)
10. Les Beaux gosses (Riad Sattouf)

Pires films :
1. X-Men Origins : Wolverine (Gavin Hood)
2. la Proposition (Anne Fletcher)
3. The Descent : Part 2 (Jon Harris)
4. Humains (Jacques-Olivier Molon & Pierre-Olivier Thévenin)
5. Fast & Furious 4 (Justin Lin)

Meilleurs réalisateurs :
1. James Cameron (Avatar)
2. Michael Mann (Public Enemies)
3. Darren Aronofsky (The Wrestler)
4. Jacques Audiard (Un prophète)
5. David Fincher (l’Etrange histoire de Benjamin Button)


Meilleurs acteurs :
1. Mickey Rourke (The Wrestler)
2. Clint Eastwood (Gran Torino)
3. Tom Hardy (Bronson)
4. Liev Schreiber (X-Men Origins : Wolverine / les Insurgés)
5. Tahar Rahim (Un Prophète)

Meilleures actrices :
1. Rachida Brakni (Une Affaire d’état)
2. Cate Blanchett (l’Etrange histoire de Benjamin Button)
3. Kim Ok-vin (Thirst, ceci est mon sang...)
4. Kate Winslet (les Noces rebelles)
5. Noomi Rapace (Millenium, le film)

Top 5 des inédits en DVD :
1. The Lost (Chris Sivertson)
2. Southland Tales (Richard Kelly)
3. Mind Game (Masaaki Yuasa)
4. Manhunt – Chasse à l’homme (Patrik Syversen)
5. LoveDeath (Ryuhei Kitamura)

Frédéric Wullschleger

Partager cet article sur Facebook Twitter