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ANALYSE : Hotel Woodstock, d'Ang Lee


Alors qu'Ang Lee, oscarisé pour la mise en scène du « Secret de Brokeback Mountain » et de nouveau Lion d'or à Venise avec « Lust caution » est reparti bredouille de Cannes, son « Hotel Woodstock » séduit par le recul qu'il prend, en filmant les prémices du concert mythique. Évitant judicieusement d'arriver jusqu'à la scène et de livrer au spectateur une parodie de Janis Joplin ou Jimi Hendrix, le film est une véritable bouffée d'air. Trois bonnes raisons d'expérimenter « Hotel Woodstock », en salles le 23 septembre.

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Un inévitable changement de société

Avec l'arrivée d'un concert annoncé comme un événement d'ampleur, ce sont les relations inter-générationnelles qui changent. Dans ce petit village du Nord de l'Etat de New York, vieillissant, sérieusement sinistré du point de vue de l'emploi, et surtout englué dans son quotidien conservateur, le scénario distingue alors les pragmatiques, les curieux, et les opposants... et James Schamus s'amuse à mettre en exergue leurs contradictions, même politiques. Le réalisateur, lui, en mettant en avant l'évolution du champs, belle image d'Épinal avec ses fleurs, sa maison parfaite en fond de plan, sage et policé au début, qui devient d'abord un camping improvisé puis un champs de boue où on s'amuse... dédramatise avec tact les changements en cours.

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Une nécessaire ouverture au monde

Sur fond de comédie, le monde restreint des propriétaires d'un motel miteux, faisant toutes sortes d'économies et profits sur le dos des hippies venus pour organiser ou assister au concert (division des chambres par des draps, monétarisation du moindre service...), est mise en opposition avec l'ouverture d'esprit des nouveaux venus. Si la mère se transforme en redoutable femme d'affaires, l'excuse du motel toujours au bord de la faillite ne pourra pas durer éternellement pour retenir un fils qui regarde le monde avec envie. Il lui faudra alors choisir son destin, sans se préoccuper des désirs des autres, vivre sa vie, sa jeunesse... loin des obligations engoncées des adultes. Et c'est l'encouragement de son père à aller « voir le centre du monde », à ne pas passer à côté de découvertes, qui finalement synthétisent le mieux l'esprit même du film.

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Une expérimentale libération sexuelle

Mais forcément, parler de Woodstock sans aborder les expériences en tous genres, à base de fumette ou de sexe, n'était pas envisageable. Mais ici, alors que la drogue n'est évoquée qu'en de rares épisodes (les fameux gâteaux ou le trip floral dans la camionnette), la sexualité du héros transparaît régulièrement, pour qui veut bien la percevoir, au travers de regards troublés ou gourmands. Du charme hypnotique du frisé du label Woodstock à l'assurance sans faille d'un bel électricien, c'est finalement dans les bras d'un couple qu'il se laissera embarquer. Vivre des expériences, quelles qu'elles soient est donc le plus important pour des auteurs qui prennent soin de dégoupiller les excès de sérieux de leur récit, ne serait-ce qu'ici par la présence irrésistible de Liev Shreiber, en travesti aux gros bras... naturellement chargé de la sécurité des installations.

Olivier Bachelard

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