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PARCOURS : Mélanie Laurent, petite reine du royaume de France


Talentueuse, un César sur la cheminée, un premier film avec Gérard Depardieu et Carole Bouquet, deux courts-métrages tournés, pin-up de Quentin Tarantino… Mélanie Laurent a un CV qui ferait rougir n’importe quelle actrice de son âge. A 26 ans, elle est celle vers qui tous les regards sont aujourd’hui braqués. Parce qu’elle le vaut bien !

Gérard Depardieu a du nez ! On s’en doutait au vu de sa passion viticole, on l’a constaté faisant de Cyrano notre idole. Mais on peut ajouter à ce nez, la faculté de dénicher les futures actrices brillantes et douées.

C’est, en effet, notre Gégé national qui au détour d’un plateau de tournage découvre Mélanie Laurent venue accompagner une amie comédienne. Quand il s’approche d’elle, il lui demande : « Est-ce que tu veux faire du cinéma ? ». Entre elle et le septième art, c’est le début d’une grande histoire d’amour. Elle retiendra toujours les trois conseils que Depardieu lui aura prodigués ce jour-là : 1/ Ne prendre aucun cours de théâtre pour ne pas abîmer son naturel. 2/ Ne pas apprendre son texte trop à l’avance, la veille pour le lendemain, c’est largement suffisant. 3/ Ne pas avoir peur du ridicule, il ne tue point. Trois conseils qu’elle applique, encore aujourd’hui, à la lettre et qui l’ont porté de figurante à premier rôle et de Frédéric Auburtin à Quentin Tarantino.

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La révélation de et pour Mélanie

A 15 ans, elle tourne donc son premier long-métrage « Un pont entre deux rives » de Frédéric Auburtin et Gérard Depardieu avec Carole Bouquet et Charles Berling. Une affiche impressionnante pour un premier film qui lui donne envie d’aller plus loin. Elle décide de ne pas arrêter ses études pour autant et de parcourir en même temps les castings. Il n’est pas question pour elle, à cette époque, de viser tout de suite le haut de l’affiche et elle tient à conserver un pied dans la réalité, même si comme elle le dit elle-même: « je menais déjà une vie d’adulte avec un vrai travail, un salaire, une gestion de la fatigue et des relations humaines avec des gens qui avaient 45 ans. J’étais une enfant avec une vie de vieille ! » Les castings l’amèneront d’abord sur un téléfilm, « Route de nuit » de Laurent Dussaux, puis à une rencontre décisive, celle avec le réalisateur Rodolphe Marconi.

Fin 2000, Mélanie Laurent se retrouve, en effet, avec l’équipe du film « Ceci est mon corps » de Rodolphe Marconi, aux côtés de Jane Birkin. Le film ne rencontrera pas le succès mais il débouchera sur une réelle amitié entre la jeune comédienne et le réalisateur qui croit, dur comme fer, en elle. Tellement d’ailleurs, qu’il fera à nouveau appel à Mélanie pour son film « Le dernier jour » avec Gaspard Ulliel et Nicole Garcia. En 2002, elle est à l’affiche de son premier succès public au cinéma : « Embrassez qui vous voudrez » où elle est dirigée par Michel Blanc et dans lequel elle joue la petite amie d’un certain Gaspard Ulliel. Ces deux-là, avec un an d’écart seulement, ont bien des points communs dans l’histoire de cinéma qui les lie jusque dans les films.

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La consécration grâce à Lioret

Après un passage neigeux dans « Snowboarder » d’Olias Barco, un petit rôle dans « Une vie à t’attendre » avec Patrick Bruel et Nathalie Baye et sa participation au film hong-kongais, jamais sorti sur notre territoire, « Rice Rhapsody », on la retrouve dans une série de films qui auront, tous à leur manière, marqué le cinéma français. Elle éblouit de sa courte présence le très beau « De battre, mon cœur s’est arrêté » de l’immense Jacques Audiard. Elle entre dans l’Histoire avec une apparition dans « Indigènes » de Rachid Bouchareb, film hyper-médiatisé car il aura permis la revalorisation des pensions des anciens soldats algériens venus en aide à la France pendant la Seconde guerre mondiale. Et elle immortalise l’intense film de Philippe Lioret « Je vais bien, ne t’en fais pas » qui lui apportera une foule de nominations et de prix dont le Romy Schneider et un César récompensant, tous les deux, le meilleur espoir du cinéma français. « Jamais un scénario ne m’avait bouleversée à ce point, a affirmé Mélanie Laurent, je ne pouvais pas passer à côté d’un tel film. » Cette œuvre est en effet bouleversante à plus d’un titre. Outre son histoire, qu’on ne dévoilera pas ici, « Je vais bien, ne t’en fais pas » propulse Mélanie instantanément parmi les étoiles. Ce film lui permet de rencontrer Julien Boisselier, avec qui elle partagera sa vie jusqu’en février 2009, il lancera AaRON, un groupe de rock, auteur de la chanson-phare du film, « Lili » (que des milliers de gens ont écouté en boucle jusqu’à user les batteries de leur Ipod) et il confirmera enfin qu’un acteur comique peut transcender un rôle dans un registre dramatique (Kad Merad remportant le César du meilleur second rôle masculin).

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Métamorphoses

Le succès est au rendez-vous. La reconnaissance aussi. Son téléphone n’arrête plus de sonner ! Elle garde la tête froide et ne cède à aucune pression pour la suite de sa carrière. En 2007, elle trouve un rôle magnifique qui lui colle parfaitement à la peau : celui d’une femme flic dans le très réussi thriller « La Chambre des morts » d’Alfred Lot. Le parallèle avec sa vie professionnelle est flagrant : cette femme-enfant qui entre maintenant dans la cour des grands du cinéma ressemble à cette jeune flic qui quitte les classes pour débuter sa nouvelle carrière de terrain. En 2008, elle rejoint le « Paris » de Cédric Klapisch qui vaudra davantage pour son casting que pour son histoire. Et on oubliera vite son rôle de potiche dans « Le tueur » de Cédric Anger. En revanche, 2009 sonne à l’heure américaine pour Mélanie qui interprète le personnage de Shoshanna Dreyfus dans le film de Quentin Tarantino « Inglourious basterds ». Présenté en sélection officielle du Festival de Cannes 2009, le film est composé d’un casting international des plus alléchants (Brad Pitt, Daniel Brühl, Diane Kruger, Michael Fassbender…) Quentin Tarantino fait de Mélanie sa femme fatale, dont la robe rouge rappelle furieusement la pin-up de Tex Avery. Un palier est à nouveau franchi, la femme-enfant a encore pris de l’assurance et elle prend elle-même son destin en main. Pour sa carrière, c’est un peu la même chose. Si elle est passée devant la caméra par le plus grand des hasards, il n’en sera pas de même quand elle sera derrière ! En 2007, elle réalise un rêve de gosse : tourner son premier court-métrage « De moins en moins », dont elle a écrit le scénario et les dialogues, film qui sera sélectionné au festival de Cannes 2008. Certes, elle repartira bredouille de la Croisette mais elle se remettra immédiatement à l’œuvre pour son second, commandé par Canal + dans le cadre d’une soirée thématique… pornographique ! « Je fais ce métier pour les rencontres et me marrer », a dit un jour Mélanie. Sur ce coup-là, on veut bien la croire !


Plusieurs cordes à son arc

Parallèlement, Mélanie cultive d’autres passions. Elle s’épanouit dans l’écriture et la musique. Mélanie pousse la chansonnette avec Jérôme Attal d’abord, puis pour l’album « Madame Aime » ensuite (disque qui réunit treize actrices françaises reprenant chacune une grande chanson d’amour) et elle travaille actuellement avec Olivier Coursier (compositeur du groupe AaRON) et Damien Rice pour son premier album. Rien que ça ! Son actualité est des plus foisonnantes. Côté ciné, en plus du Tarantino (sortie le 19 août), elle est déjà à l’affiche de « Jusqu’à toi » de Jennifer Devoldere et de « L’amour caché » avec Isabelle Huppert et sera à nouveau à l’écran dans « Le concert » avec Miou-Miou et François Berléand (le 4 novembre), avant les grosses productions de 2010 : « La rafle » avec Jean Reno et « La fille du puisatier » de Daniel Auteuil avec Kad Merad. Ajoutez à cela son premier long-métrage en préparation et vous pouvez bien vous demander où elle cale « dormir » dans son agenda !

Mélanie Laurent, c’est la fougue et l’envie à l’état pur. Comédienne rare, elle incarne la fraîcheur et la spontanéité. Parmi les souveraines du cinéma français, les Nathalie Baye, Isabelle Huppert et autres Catherine Deneuve, Mélanie Laurent est la petite reine du royaume de France, et d’au-delà…

Mathieu Payan

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