Comme je l'avais annoncé l'an dernier, les meilleurs films des festivals 2007 étant finalement sortis en 2008, c'est logiquement que « No country... » venu de Cannes 2007, ainsi que « Reviens-moi », « A bord du Darjeeling... », « La Zona » et « Le soleil se lève aussi » se retrouvent dans mon top 10 de l'année 2008.
Mais le fait que quatre d'entre eux se retrouvent aux premières places reflète bien ce qu'a pu être cette année, entre grands films annoncés qui manquent d'ampleur (« The Dark Knight »), ou déçoivent franchement (« Australia »), c'est finalement la recherche de surprises et d'originalité qui a nécessairement primé. Et le cynisme de « La zona », l'humour et la forme décalés de « A bord du Darjeeling », le jusqu'au-boutisme de « Bons baisers de Bruges », le brio foutraque de « Le soleil se lève aussi » ou encore l'incroyable puissance visuelle de « Valse avec Bachir » ont permis à ces films de s'imposer, éjectant des oeuvres de facture plus classiques, telles « Two lovers », « Caos calmo ». Et finalement les films les moins originaux figurant encore dans le classement le doivent principalement à l'émotion générée ou la virtuosité de leur mise en scène.
Côté flop, beaucoup de monde au portillon et des difficultés pour trier entre de nombreux navets. Du coup, les films d'auteurs (hormis le foutage de gueule absolu que constitue « Dans la ville de Sylvia ») sont finalement plutôt épargnés au profit de grosses productions américaines calibrées pipi-caca (« Frangins malgré eux ») ou hexagonales calibrées américaines sans scénario qui tient la route (« Taken »).
Mon thème de cette année permet de mettre en avant certains films qui auraient certainement pu figurer dans mon Top 10. Le traitement de la dépression masculine, ou l'occasion pour de nombreux cinéastes de dresser des portraits intimes et bouleversants (Moretti père en deuil dans « Caos Calmo », Joaquin Phoenix amoureux hésitant dans « Two lovers »), sans pour autant laisser toujours l'humour de côté (« Sans Sarah rien ne va »).
Côté réalisateurs, c'est le brio qui l'emporte, du puissant plan-séquence sur les plages du Nord dans « Reviens-moi » à l'incroyable montage du multi-média « Redacted » de De Palma, en passant par les choix musicaux et esthétiques du puzzle d'Ari Folman ou la mise en scène coup de poing du nouveau venu Steve McQueen.
Côté interprètes enfin, les rôles féminins d'envergure furent bien plus nombreux que les rôles masculins. Ainsi, si Joaquin Phoenix, oublié de Cannes, est une évidence, on retrouve des prestations plus comiques comme celle de Colin Farrell, formidable tueur à gages idiot et dépressif dans « Bons baisers de Bruges ». Alors que chez les femmes, le drame est de rigueur, Kristin Scott Thomas en tête dans le poignant « Il y a longtemps que je t'aime », sort de prison, Angelina Jolie va à l'asile, et Testud nous la joue écrivain en souffrance. Seule Sally Hawkins donne dans le léger pas si superficiel et Jeanne Balibar excelle dans le faux dilettantisme dans « Le plaisir de chanter ».
Un seul voeu pour 2009: le plaisir, non pas de chanter, mais de regarder, observer, écouter, ressentir, aimer... sur grand écran.
Olivier Bachelard
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