Je n’appellerais pas Le premier jour du reste de ta vie un chef d’œuvre, mais c’est exactement le juste milieu entre divertissement et profondeur. Je rêvais secrètement qu’il dépasse Bienvenue chez les Ch’tis -rêve ô combien déraisonnable- car il me semblait qu’il avait plus à transmettre. Je l’ai vu cinq fois au cinéma (ce que je n’avais jamais fait auparavant) sans jamais me lasser. Mais la raison de le revoir autant, à part de passer à chaque fois deux heures revigorantes, était de le faire partager au plus de personnes possible. C’est donc un film essentiel, mais essentiel dans un cadre bien déterminé : pas celui de l’histoire du cinéma, mais juste celui d’un cinéaste qui parvient à toucher son public. Les rires fusent, l’émotion submerge, pendant deux heures le temps s’arrête. On n’en demande pas plus.
Pour Two lovers et Quatre minutes, le mot chef-d’œuvre me vient à l’esprit. Mais pas pour une perfection formelle de mise en scène ou d’écriture. Un film qui réussit à devenir une sorte de miroir de mon propre passé, un film qui fait ressortir mon vécu, mes doutes, mes questionnements, mais surtout qui me donne des clés (pour ne pas dire des réponses), qui fait jaillir une sorte d’évidence, de vérité qu’on n’arrive pas à saisir. Ce film-là est un chef-d’œuvre car il me met face à moi-même. Je ne recommanderai donc jamais « mes » chef-d’œuvres car j’ai cette impression qu’ils ne sont pas universels, dans le sens où ils ne s’adressent qu’à ceux qui s’y reconnaissent. Ou qui s’y trouvent.
My name is Hallam Foe, Mascarades, Agnus Dei (et je rajouterais Rumba au passage). Ces films ont pu passer inaperçus mais ont leur univers propre, et pour être plus juste, leur identité propre. Emouvants ou décalés, ils ont le grand mérite d’être originaux car leur cinéaste, pour la plupart à leurs débuts, ont fait un film à leur image, ce qui est en soi une raison légitime pour prendre le temps de les découvrir.
Christophe Honoré ne m’a pas déçu pour son dernier bel opus. J’aime retrouver son langage cinématographique, qui effleure les visages, les regards, les silences, les sentiments contenus, les non-dits. Toujours avec force et subtilité.
Un dernier mot pour mon acteur « coup de cœur », Steve Carell. Il m’a fait hurler de rire dans Max la Menace et m’a ému dans Coup de foudre à Rhodes Island. Qu’il fasse rire ou pleurer, c’est avec la même justesse et j’oserais dire avec la même humilité. Je l’adorais dans la série The office et maintenant chacune de ses incursions au cinéma me comblent (souvenons nous de Little miss sunshine).
P.S : Monsieur Spielberg, pas d’Indiana Jones 5. S’il vous plaît.
Rémi GEOFFROY
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