2008 est l’année de toutes les surprises. Premièrement parce que c’est un film français qui, contre toute attente, a remporté la Palme d’or à Cannes. Deuxièmement parce que c’est la première fois que ce festival m’apporte autant de plaisirs cinématographiques. En effet, cinq de mes films préférés cette année faisaient partie de la sélection officielle, et force est de constater qu’on y trouve à boire et à manger. Tout d’abord Valse avec Bachir, récit politico-historique d’inspiration autobiographique, majestueusement mis en image à l’aide d’un procédé d’animation remarquable et injustement boudé du palmarès. Ensuite le 38e film de Woody Allen, Vicky Cristina Barcelona, petit bijou de cinéma qui prouve que le maître est toujours aussi inspiré par l’amour, même lorsqu’il ne tourne plus à New York. Egalement Il Divo, portrait politique virtuose et décoiffant, qui révèle au grand jour le génie de Paolo Sorrentino, un cinéaste italien encore méconnu en France, et Un Conte de Noël de Despleschin, impressionnant et délectable portrait de famille reposant sur une galerie de personnages admirablement écrits.
Enfin Entre les murs de Laurent Cantet, le lauréat historique de ce festival qui, entre fiction et documentaire, retrace à travers le quotidien d’une classe le portrait de la France d’aujourd’hui. Ce simple événement confirme un virage, l’entrée dans une ère où le cinéma qui se veut miroir du monde et de nos sociétés semble enfin trouver sa place. Il suffit aussi de voir le succès remporté cette année en Europe par Gomorra, film coup de poing de Matteo Garrone, qui lance un énorme pavé dans la mare bien lisse d’un cinéma italien jusque-là plutôt tourné vers la comédie ou l’histoire. La consécration de ces deux films, ainsi que leur succès commercial, prouve que ce type de cinéma a su se détacher de son étiquette élitiste et de sa connotation rébarbative. C’est aussi le signe qu’une nouvelle génération de cinéastes se dessine, assez talentueuse pour apporter une dimension universelle aux problématiques nationales ou locales qu’ils portent à l’écran.
L’année 2008 a regorgé de belles surprises, révélatrices d’une diversité qui fait bel et bien la richesse du cinéma contemporain. Parmi celles-ci, je pense particulièrement à Juno, petite merveille de Jason Reitman portée par un scénario brillant et une distribution enlevée. Le film a été un peu trop souvent comparé au désormais mythique Little Miss Sunshine, pourtant il occupe une place vraiment à part. Dans un autre genre, Bons baisers de Bruges de Martin McDonagh crée aussi la surprise. Décalé et poétique, ce petit film d’espionnage fait également figure d’ovni dans le paysage cinématographique de 2008. Mais n’oublions pas que 2008 a aussi permis de confirmer de grands talents : les frères Coen qui, avec deux films aussi contrastés que No country for old men ou Burn after reading, prouvent leur virtuosité et leur immense talent d’écriture, Wes Anderson, le réalisateur et co-auteur du génial A bord du Darjeeling limited, et bien sûr James Gray qui, un an après La Nuit nous appartient, bluffe son monde avec l’inattendu Two lovers et confirme son immense talent.
Enfin, l’année 2008 a été marquée par deux événements : d’une part la censure de la fin du discours de Mathieu Amalric, prononcé en son absence par le présentateur de la soirée des Césars en février, d’autre part la mort tragique de Heath Ledger, dont la carrière commençait à décoller depuis seulement deux ans, et dont la consécration posthume pour son rôle de Joker dans The Dark Knight a placé au Panthéon des stars parties trop tôt. Nous n’oublierons pas non plus Guillaume Depardieu, Anthony Minghella et Sydney Pollack, dont la disparition nous prive de beaux moments de cinéma.
TOP 10 FILMS DE L’ANNÉESylvia Grandgirard
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