DOSSIER

FILM COURT VILLEURBANNE 2008 – Programme francophone 3


LA SVEDESE
De Nicolas Liguori

Niveau 0

Une femme arrive en terre étrangère. Cette terre, c’est l’Italie. Elle y rejoint l’homme qu’elle aime. Mais alors qu’il part en mer pour filmer des pêcheurs, elle reste seule à Naples...

C’est au destin des immigrés et de leur relation au pays qui les accueil que s’intéresse ce court métrage d’animation aussi étrange que poétique. Poids de l’histoire, perte de repère face à l’inconnu, peur de la solitude... Des thèmes forts, abordés en demie teinte par le jeune cinéaste, qui préfère s’attarder sur son esthétisme particulier plutôt que sur une vraie narration. À l’image de son héroïne, on se retrouve un peu perdu face à ce récit crayonné et parfois bien trop hermétique pour convaincre.

F.I.L.S., LES ANNEES NOIRES
De Nacer Maash

Niveau +3

1996. Alors que l’Algérie connaît les années les plus sombres de son histoire, la vie d’une famille bascule dans la tragédie...

Un récit que l’on devine inspiré d’un fait réel, et où transpire à chaque image un véritable amour du cinéma. Cadrage, montage, direction d’acteurs... En utilisant des codes visuels et narratifs propres au cinéma de genre, plus particulièrement au thriller ou au film noir, le réalisateur Nacer Maash rend palpable la tension d’une époque marquée par de sombres évènements, sans mélodrame inutile, faisant de cette histoire d’un père meurtri entre le devoir et le cœur, un véritable devoir de mémoire. La preuve que l’histoire de l’Algérie reste encore à raconter, de même que la naissance d’un authentique cinéaste de talent. Une œuvre rare.

LES PARADIS PERDUS
De Hélier Cisterne

Niveau +4

Mai 68, une nuit. Isabelle, jeune lycéenne, rentre chez elle sous le choc. Ses parents, dépassés, décident de l’emmener à la campagne pour fuir les troubles parisiens...

Un chef-d’œuvre ! À la fois témoignage d’une époque troublée, récit d’initiation émouvant et drame familial touchant, ce portrait d’une adolescente en crise bénéficie d’une mise en scène particulièrement soignée. Dans l’utilisation de musiques contextuelles, dans son interprétation magistrale (Philippe Duclos, toujours excellent, et la charmante Julie Duclos, sacrée révélation), dans son filmage pudique et révélateur, dans sa photographie faussement naturaliste aux couleurs élégantes, dans son histoire originale et fortement symbolique, Hélier Cisterne (dont c’est le troisième métrage) nous parle des illusions perdues d’une jeunesse à l’idéologie sacrifiée sur l’autel de la société moderne. Un récit à la fois drôle et dramatique, où les faux-semblants abondent et où l’on apprend que l’engagement politique et l’envie de révolte ne sont pas, loin s’en faut, le plus important. Coup de cœur !

LA LEÇON DE NATATION
De Danny de Vent

Niveau 0

Jonas, cinq ans, s’apprête à suivre son premier court de natation. Alors qu’il tente de fuir cet endroit qui l’effraie, il tombe dans le grand bain, lieu chaotique peuplé d’étranges créatures...

C’est un dessin animé à destination des enfants. Et c’est bien là le principal défaut de ce petit film amusant et joli, mais dénué de tout intérêt, dès lors que l’on ait passé les six ans. Toujours à la hauteur du petit Jonas, nous découvrons avec lui un univers étrange et mouvant, amplis de monstres aquatiques et de sirènes rigolardes. C’est sympathique, mais ça plaira surtout aux tous petits.

NOUS
De Olivier Hems

Niveau 0

Un policier perquisitionne un appartement. Il entre dans la vie d’un homme, oublié de tous...

Une expérimentation visuelle et sonore confinant à l’abstraction, entièrement construite avec les images d’un film de vacance. Un drame est en train de se mettre en place, d’une banalité dérangeante, alors que l’amour et la joie emplissent l’écran. Du voyeurisme morbide au propos hermétique, hantée par l’hésitation d’une voix-off à laquelle on ne croit pas ; une idée forte malheureusement foireuse sur la durée, et qui apparaît, in fine, d’un vide esthétique franchement nauséabond. N’importe quoi.

MADAME
De Cyprien Vial

Niveau +3

Elisabeth vit dans un palais, mais n’a pas de maison. Elisabeth a des responsabilités, mais n’a pas de métier. Elisabeth perd la mémoire, mais se sent vivre plus que jamais...

Difficile d’aborder un sujet aussi épineux que la maladie d’Alzheimer sans sombrer dans le glauque et le mélodrame. C’est pourtant ce que réussit très justement ce premier film émouvant et sincère. Préférant jouer la carte de la métaphore, Cyprien Vial nous conte le quotidien peu intéressant de ces « femmes de », ménagère sans occupation condamnées à jouer les hôtesses pour combler le vide social et affectif de leur morne existence. Mais porté par la prestation toute en douceur de Nicole Garcia, "Madame" se regarde comme un témoignage toujours tendre et réaliste, doublé d’une déclaration d’amour à une actrice magnifique.

Frédéric Wullschleger

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