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VENISE 2008 - Une implication parfois dangereuse


Qu'elle soit d'ordre amical, amoureux, politique ou humanitaire, l'implication de l'individu, devant alors faire face à un « autre » méfiant ou à un groupe aux aspirations divergentes, n'est pas toujours sans danger. Quatre films brillants ont cette année traité, sous divers angles, de cet élan qui à force de naturel, peut mener chacun à sa perte.

Le démineur casse-cou, héros de « Hurt locker » de Katherine Bigelow (« Strange days ») se paye le luxe de ne pas respecter les règles de sécurité, s'attirant les foudres de ses camarades. Mais c'est surtout lorsqu'il se lie d'amitié avec un gamin irakien que le doute finit par s'immiscer dans son univers de danger permanent, remarquablement rendu par une mise en scène nerveuse et efficace. Comment en effet savoir si ce gamin n'est pas de mèche avec ceux qui vous observent, espérant réussir leurs attentats et pouvant aller jusqu'à fourrer des bombes à retardement dans le corps même d'un enfant ? L'amitié semble du coup, en temps de guerre, constituer un sombre piège. C'est en amour que certains tombent d'ailleurs dans leur propre piège, à l'image du personnage de Dominique Blanc, coupe Volpi de la meilleure actrice pour le film français « L'autre ». Celle-ci n'a de cesse de se questionner sur celle qui l'a remplacée auprès de l'homme qu'elle vient de quitter. Un cercle vicieux fait d'ignorance, de doute, de désirs de vengeance se fait alors jour au travers d'une construction complexe, puzzle nocturne torturé, dont l'ambiance fait mouche.

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Si le deuil d'une relation n'est donc pas évident, celui d'une conviction politique l'est encore moins. Ainsi, le film éthiopien « Teza » (prix spécial du jury et prix du scénario), réussit à retracer le destin d'une nation au travers du portrait d'un médecin, revenu estropié dans son village. Grâce à de multiples flash-back, il dépeint notamment les conséquences d'une implication politique (ici dans un communisme synonyme d'évolution puis rapidement dévoyé), menant à finalement courber l'échine face à la majorité. La scène de l'autocritique constitue ainsi un sommet d'humiliation visant à éviter le pire. Pourtant, face au danger, certains ne cèdent pas. C'est le cas du personnage de Jalil Lespert dans « Pa-ra-da », éducateur engagé auprès d'enfants roumains qui vivent dans les égouts. Sortir les gamins de la misère n'est en effet pas dans l'intérêt de tout le monde, car leur participation à certains trafics semble profitable. Ainsi l'engagement, aussi généreux et spontané soit-il, peut mener à faire face aux pires accusations, surtout lorsque police et mafia sont de mèche. Le touchant combat mené par un jeune homme persévérant et combatif, n'est pas à la portée de tous, l'implication, quelle qu'elle soit, demandant souvent des sacrifices, ou tout au moins, une prise de risque, personnelle.

Olivier Bachelard

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