Le moins que l’on puisse dire concernant la sélection asiatique de Gérardmer 2005, c’est que les scénaristes, tout comme l’an dernier, se rabâchent, utilisant des codes aujourd’hui ultra convenus, pour représenter fantômes et donner corps à la frayeur. Entre les femmes au visage d’un blanc irréel et aux cheveux noirs et lisses qui pendent verticalement, les bras grisâtres qui enserrent les cous des jeunes filles, et qu’une seule personne peut voir, ou encore les silhouettes troubles qui vous barrent le chemin, on a fait le tour des poncifs du genre. Assis dans la salle, il suffit alors de faire un vilain bruit guttural pour faire sursauter son voisin.
Cette année, Bunshinsaba (Incantations) donnait ainsi dans la malédiction et la possession, faisant apparaître une vilaine fille aux cheveux noirs, qui oblige ses collègues à se mettre elles-mêmes le feu, un sac plastique sur la tête. Drôle d’idée pour faire la fête ! De même, La mort en ligne, illustrait le sadique esprit qui vous tue par téléphone, puis appelle vos copains dans le répertoire pour les tuer aussi, par une femme grisâtre, qui, nouveauté, perdait des lambeaux de chair toujours grise, à la façon d’une momie.
Heureusement, d’autres réalisateurs ont optés pour un ancrage de leurs récits dans une réalité et une modernité bien palpable. L’usage d’un objet symbole de modernité tel le téléphone portable, vecteur de décès dans La mort en ligne (One missed call) est une idée angoissante en soi. Le principe est simple : vous recevez un coup de fil de vous-même, en train de mourir, et connaissez ainsi l’heure précise de votre mort. Malheureusement, le scénario ne s’intéresse à aucun moment à ce que peuvent faire ceux qui apprennent la date de leur mort, dans le lapse de temps qui leur reste. Il se contente de poursuivre l’enquête, et de faire stresser ses personnages et bien peu le spectateur.
D’autres font appels à des phénomènes de société bien actuels, comme la fascination pour la mort, et non pas les snuff movie mais les photos, dans Ab-normal beauty, ou le trafic d’organe dans Koma. Ces films là sont finalement bien plus réussis, et efficaces, car s’appuyant sur des possibles. Possibles que rejettent les films fantaisistes sélectionnés cette année, et véritables bols d’airs de la sélection.
Quelques trésors de fantaisie sont donc également venu d’Asie. Save the green planet, sorte de farce militante, mélange de genre improbable et pourtant très réussi grâce à son rythme soutenu, a parfaitement rempli son contrat de comédie déjantée. Enfin, Arahan, dans la lignée de Shaolin Soccer, montre avec décalage, les enseignements de maîtres du Tao vieillisants, qui utilisent eux aussi leurs pouvoirs dans la vie quotidienne, avec plus ou de réussite due à leur grand âge. Leurs disciples faisant preuve d’autant de maladresse, le doute plane sur leur capacité à prendre la relève. Ce qui n’est pas le cas pour ces films, signes du renouveau du cinéma asiatique fantastique, loin des grudge et ring devenus étouffants.
OB
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