DOSSIER

Affiche

GERARDMER 2008 - Vive Espana


S’il y a bien une chose à retenir de cette quinzième édition de Fantastic’Arts, c’est bien la toute puissance salvatrice du cinéma espagnol. Présent depuis les débuts du festival, la production ibérique n’aura cessé de se bonifier, jusqu’à devenir l’emblème même d’un cinéma fantastique de qualité. "L’Écureuil rouge" de Julio Medem (Prix du Jury et de la Critique en 1994), "Le Jour de la bête" d’Alex De La Iglesia (Grand Prix en 1996), "La Secte sans nom" (quatre prix en 2000), "Darkness" (en compétition en 2003) et "Fragile" (quatre prix en 2006) de Jaume Balaguero, "Fausto 5.0" d’Isidro Ortiz, Alex Olle & Carlos Padrissa (Grand Prix en 2002), "L’Échine du diable" de Guillermo Del Toro (trois prix en 2002), "Hipnos" de David Carreras (en compétition en 2005), "Kilometro 31" de Rogoberto Castaneda et "Abandonnée" de Nacho Cerda (en compétition en 2007), on peut dire que le cinéma espagnol aura été bien représenté tout au long de ces quinze années.

En cette édition anniversaire, le règne de l’Espagne fut complet : une rétrospective/hommage en huit films, la présence du légendaire Jess Franco dans le Jury des Maîtres du Genre et cinq films en sélection, toutes catégories confondues. Reprenant la place laissée vacante par le cinéma asiatique, le genre ibérique nous aura cueillit en beauté, laissant exploser toute sa diversité avec une réussite peu commune. Conte gothique d’une beauté stupéfiante, exercice de style tout simplement terrifiant, survival naturaliste et métaphorique, film de fantômes osant fouiller le passé sombre des cousins sud-américains ou classique de l’épouvante à l’ancienne… Cinq visions du fantastique, aussi personnelles que différentes.

Grand Prix du Jury et Prix du Jury Sci-Fi, "L’Orphelinat" est le premier film de Juan Antonio Bayona. Conte pour adulte nous décrivant le désespoir d’une mère ayant perdu son fils, cette production de l’illustre Guillermo Del Toro navigue entre modernité bienvenue (le film se déroule à notre époque) et déférence envers ses aînés. Une manière de payer sa dette tout en gardant un pied dans notre monde.

Mascotte officieuse du festival, Jaume Balaguero s’est associé à son compère Paco Plaza pour la réalisation de "REC", récompensé à trois reprises (Prix du Jury, Prix du Jury jeune et Prix du Public). Une vision apocalyptique de l’horreur, où l’humour à froid n’empêche pas la terreur absolue, captant avec un réalisme insoutenable le calvaire d’espagnols coincés dans un immeuble en quarantaine.


Plus inattendu, "Le Roi de la montagne", troisième long-métrage de Gonzalo Lopez-Gallego, est un survival trépidant en décors naturels, devenant peu à peu une amère et humaniste réflexion sur les mécanismes et les dangers de la notion de jeu. Présenté hors-compétition (et en espagnol sous-titré anglais), "Aparecidos", de Paco Cabezas, préfère interroger le passé dictatorial de l’Argentine sous l’angle du film d’horreur. Enfin, "L’Horrible Docteur Orloff" de Jess Franco témoigne d’une époque révolue où le manque de moyen n’empêchait pas une certaine poésie morbide de s’exprimer librement.

Terrain d’expérimentation, le cinéma fantastique reste le terrain de jeu privilégié de cinéastes à l’univers marqué. Et l’on peut être sûr que les Balaguero, Plaza et autres Bayona n’ont pas fini d’inonder nos écrans de leurs cauchemars pelliculés. Olé !

Frédéric Wullschleger

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