La résistance peut prendre bien des formes. Entre une jeune juive hollandaise luttant pour sa survie et ses compatriotes, une femme anglaise bravant un Etat policier et une femme d'empereur chinois assassiné, la sélection de Venise a fait la part belle aux figures féminines engagées.
Histoire incroyable et passionnante d'une jeune juive basculant par la force du destin dans la résistance courant 1944, "Black Book", filmé en hollandais par Paul Verhoeven (29 novembre), est une fresque sublime dont aucun des rebondissements n'est superflu. Inspiré de la vie de Rachel Steinn , figure héroïque méconnue en dehors des Pays Bas, ce film montre à merveille comment l'instinct de survie peut être source de courage et comment l'intime peut venir troubler la donne de relations à priori conflictuelles, ceci sans manichéisme aucun. Engagée dans la résistance suite au massacre des siens lors d'un voyage clandestin, Rachel va devenir secrétaire chez les nazis puis l'amante d'un des officiers. Formidable, Carice van Houten rend à merveille les états d'âme et souffrances d'une femme déchirée entre plusieurs relations où la confiance peut à tout moment basculer.
Actrice principale de "Children of Men" d'Alfonso Cuaron (18 octobre), Julianne Moore incarne elle aussi une résistante, ou plutôt une supposée terroriste. Dans l'Angleterre de 2027, l'humanité devenue stérile depuis plus de 18 ans, elle lutte contre l'Etat policier qui a permis d'éviter le chaos d'un monde sans perspectives, mais qui traite tout immigré comme un criminel et futur déporté. Le film est une véritable plongée dans un pays frôlant la guerre civile où les camps de concentration refleurissent. Entre l'apparition d'une femme noire miraculeusement enceinte et la recherche d'un paradis perdu, ce road movie d'une efficacité redoutable fait la part belle aux femmes en lutte pour l'avenir de l'homme et pour l'égalité.
Autre figure qui met sa révolte en sourdine, le personnage de Zhang Ziyi dans "Le banquet", femme d'un seigneur chinois fraîchement assassiné, complote pour redonner à son beau fils le pouvoir usurpé par un oncle malveillant. Dans la lignée des grandes reconstitutions ultra stylisées récentes ("Hero", "Le secret des poignards volants"), le film séduit par son esthétique, la maîtrise visuelle de ses combats et ses somptueux costumes et décors. Malheureusement, à force d'en faire toujours plus, le spectateur finit par se lasser des rebondissements excessifs et se détache de ce destin compliqué que la tradition chinoise plombe par excès de retenue dans l'action.
OB
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