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TOP 2016 : "TONI ERDMANN" élu meilleur film pour Abus de Ciné


Aucun consensus cette année encore ! La rédaction est très divisée sur les meilleurs films de l’année 2016, à l’image – d’ailleurs – des résultats du classement 2015. Pire, les trois premiers de ce classement qui sont les plus cités aussi ne l’ont été « que » par cinq rédacteurs sur les treize participants au vote.
C’est dire la vision et la division du cru 2016 !


Sur les 79 films cités, 52 films ne l’ont été qu’une fois, soit bien plus que la moitié : mentionnons par exemple « Steve Jobs », « Carol », « Ma vie de Courgette », « Tu ne tueras point », « Julieta », « Zootopie », « Frantz », « Sully » et même la Palme d’or « I, Daniel Blake » ! Alors quand même, notre number one finit largement en tête du classement avec quinze points de plus que le deuxième (et trois citations sur cinq en première place), c’est donc un vrai plébiscite pour ceux qui l’ont aimé.

Louons ensuite la belle pluralité des nationalités qui constituent ce Top 10, enfin ce Top 11 puisque nous avons deux beaux ex-aequo en dixième place. On retrouve donc le film d’une allemande en pole position (deuxième fois qu’Abus de Ciné place un film germanophone en tête après « La Vie des autres » en 2007), trois films réalisés par des Américains (« Les Huit salopards », « Captain Fantastic » et « Midnight special »), deux par des Néerlandais (« Elle » et « La Tortue rouge ») et enfin par un Sud-Coréen (« Mademoiselle »), un Danois (« The Neon Demon »), un Canadien (« Premier contact »), un Britannique (« The Danish Girl ») et un Mexicain (« The Revenant »).

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Les films francophones se bousculent au portillon dans la suite du classement. La première réalisatrice française est Katell Quillévéré, 14e avec son beau « Réparer les vivants » (photo ci-contre), suivi par « La Loi de la jungle » du Grenoblois Antonin Peretjatko (15e), « L'Économie du couple » du Belge Joachim Lafosse (16e), « Nocturama » du Niçois Bertrand Bonello (17e) et « Ce sentiment de l’été » du Parisien Mikhaël Hers (19e). Notre cinéma francophone a donc la jeunesse avec lui (moyenne d’âge de 42 ans pour les cinq noms précédemment cités !). Il ne leur reste que quelques marches à grimper pour accéder au Top 10… On peut leur faire confiance pour nous surprendre et nous éblouir encore avec leurs prochaines réalisations. On les attend d’ailleurs avec une grande impatience !

Découvrez maintenant notre TOP 10 Films en mots et en images :

10e ex-aequo // MIDNIGHT SPECIAL
de Jeff Nichols
avec Michael Shannon, Joel Edgerton, Kirsten Dunst, Adam Driver, Jaedan Lieberher, Sam Shepard...


À la télévision, on annonce qu'Alton, 8 ans, a été kidnappé par un homme et par un complice. Alors qu'une chasse à l'homme s'engage dans tous le pays, la police débarque dans la communauté religieuse dans laquelle vivait le garçon. Le leader, père adoptif de l'enfant, est alors interrogé, avouant que le kidnappeur n'est autre que le père biologique de l'enfant...



Une réussite, aux effets spéciaux (et surtout sonores) savamment dosés, qui tantôt vous cloue au siège, tantôt vous fait rêver à un monde meilleur. Un film à l'émotion ténue, qui dépoussière l'approche d'une science fiction devenue nostalgie, convoquant inconnu, curiosité, croyance et accablante humanité. Ceci tout en offrant à Michael Shannon un nouveau rôle à l’ambiguïté réjouissante. À découvrir les yeux, et l'esprit, grands ouverts.
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10e ex-aequo // LA TORTUE ROUGE
de Michael Dudok de Wit

Un naufragé se retrouve aux prises avec une tortue géante qui détruit chacun des radeaux qu'il tente de mettre à l'eau, et l'empêche ainsi de partir de son île.



[Le film] dispose à la fois d'une animation élégante, de scènes pleines de poésie (la nage sous-marine...) portées par une musique magnifique à dominante de violons, et de bruitages et effets sonores puissants (la scène du tsunami...). Sans oublier la petite touche d'humour apportée par les petits crabes rouges qui ne cessent de suivre le naufragé. Une œuvre à découvrir avec les yeux, les oreilles et surtout le cœur, qui réussira à bouleverser adultes comme enfants, autant par sa beauté plastique, sa poésie, que son histoire universelle, contée par petites touches, sans aucun dialogue.
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9e // PREMIER CONTACT
de Denis Villeneuve
avec Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker, Michael Stuhlbarg…


Alors que de mystérieux vaisseaux ont pris position en divers endroits de la planète, une équipe d'experts est constituée pour l'Amérique du Nord, menée par la linguiste Louise Banks. Approchant l'un de ces mystérieux monolithes flottants, ceux-ci vont tenter d'établir un premier contact avec cette entité extra-terrestre, pour en comprendre les intentions...



Doté d'une photographie somptueuse, le film doit beaucoup à l'interprétation bouleversante d'Amy Adams et touche presque au mystique dans ses jeux avec une symbolique qui aura bien plus d'importance que prévu. Tout orienté autour du mystère de la venue des extra-terrestres sur Terre, ce long métrage est avant tout une histoire d'échanges et trouve dans son dénouement une très belle idée, finement exploitée, qui permettra à chacun de regarder l'ensemble du film avec un tout autre œil.
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8e // THE DANISH GIRL
de Tom Hooper
avec Eddie Redmayne, Alicia Vikander, Amber Heard, Sebastian Koch, Ben Whishaw, Matthias Schoenaerts…


1926. Einar Wegener, une peintre reconnue, est en couple avec Gerda, également artiste. Alors qu'elle lui demande de poser pour elle, celui-ci commence à ressentir un trouble, notamment au contact des vêtements féminins qu'il doit porter. Un trouble qui va progressivement devenir certitude, celle de son appartenance au genre féminin…



Depuis ces premiers essayages, jusqu'à l'opération chirurgicale de réattribution sexuelle, c'est avant tout l'exploration du personnage principal qui intéresse le réalisateur. Du plaisir de jeux érotiques impliquant des sous-vêtements féminins, au mélange de danger, honte et délivrance, lorsqu'il accepte de sortir en Lili, ce double féminin qui ne le contentera qu'un temps, c'est autant son évolution que le changement de nature dans l'implication de la femme, qui fascine…
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7e // THE REVENANT
de Alejandro Gonzalez Iñarritu
avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson, Will Poulter…


Hugh Glass, un trappeur ayant un fils à moitié indien, accompagne un groupe d'hommes à la recherche de peaux de bêtes. Forcés d'enterrer les peaux suite à une attaque par des Indiens, ils s'échappent par la rivière sur leur embarcation. Mais Hugh Glass leur conseille d'abandonner le navire et de passer par les terres. C'est alors, qu'en pleine forêt, il est attaqué par un ours et grièvement blessé...



Un véritable film d'aventures, sanglant et sauvage comme les contrées traversées, durant lequel Iñarritu nous plonge au cœur de l'action. Dès la scène d'ouverture (l'attaque d'un campement en bord de rivière) la caméra à l'épaule, mobile en diable, se rive aux différents personnages, renversés, transpercés par des flèches, pour mieux faire sentir l'urgence de la situation. Un sentiment qui ne nous quittera plus jusqu'à la fin du film.
L'auteur aligne les morceaux de bravoure, de l'impressionnante (et interminable) scène d'attaque par un ours, où le corps de DiCaprio est ballotté, traîné, projeté, jusqu'aux scènes de chute de falaise ou de survie solitaire…

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6e // THE NEON DEMON
de Nicolas Winding Refn
avec Elle Fanning, Jena Malone, Bella Heathcote, Abbey Lee, Keanu Reeves...


Jesse débarque à Los Angeles pour faire carrière dans le mannequinat. Sa beauté naturelle lui vaut d’être immédiatement remarquée. Mais les jalousies à son égard se font de plus en plus violentes…



Satire narcissique et fantasmagorique sur la frivolité de notre époque soumise au diktat de la perfection, "The Neon Demon" est une incroyable plongée gothique au cœur des méandres de l’univers du mannequinat. Sophistiqué et éblouissant, ce thriller au formalisme esthétisant permet à son auteur de poursuivre son exploration de l’image comme refuge de ses obsessions. Le métrage se veut alors une déambulation envoûtante au sein d’une imagerie rutilante où le spectateur comme les protagonistes flottent sur les airs électro de Cliff Martinez…
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5e // ELLE
de Paul Verhoeven
avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Charles Berling, Anne Consigny, Christian Berkel, Virginie Efira…


Michèle est directrice d’une grande entreprise parisienne de jeux vidéos. Hantée par un terrible passé, elle est un jour victime d’une agression chez elle en plein après-midi : un inconnu cagoulé se précipite sur elle et la viole. Plutôt que de signaler son agression à la police, Michèle se lance alors dans un jeu du chat et de la souris avec son agresseur…



[Le film] se révèle être un thriller particulièrement drôle, usant de multiples sous-intrigues qui mettent à mal le cocon familial bourgeois en grattant là où ça fait mal. À ce titre, les remarques sarcastiques quasi incessantes de Michèle (sur à peu près tout le monde, surtout sa cougar de mère !) et la scène de l’hôpital autour de l’accouchement de sa belle-fille (jouée par Alice Isaaz) valent leur pesant de rires grinçants. Que ce soit pour titiller les liaisons dangereuses entre sexe et religion (au travers de l’étrange couple formé par Laurent Lafitte et Virginie Efira) ou pour révéler l’hypocrisie d’un environnement parisien égoïste où les coucheries sont aussi récurrentes que les sourires de façade, on sent Verhoeven s’amuser comme un petit fou à pousser le bouchon du vice aussi loin que possible…
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4e // CAPTAIN FANTASTIC
de Matt Ross
avec Viggo Mortensen, Frank Langella, George Mackay, Kathryn Hahn, Steve Zahn…


Un père, vivant à l'écart de la société, avec ses six enfants, décide de se rendre à l'enterrement de leur mère, hospitalisée. Le contact avec le monde extérieur ne sera pas sans conséquence…



De l'utopie à la réalité, les secrets enfouis dessinent en creux le portrait d'une mère absente mais aimante, et redonnent au personnage du père un aspect moins propret et idéaliste. Une œuvre touchante, où la musique a une cruciale importance, qui permet de resituer la nature humaine dans une nature rêvée comme dans le monde réel, et de relativiser les possibilités d'épanouissement de chacun…
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3e // MADEMOISELLE
de Park Chan-wook
avec Kim Min-hee, Kim Tae-ri, Ha Jung-woo, Cho Jin-woong, Kim Hae-sook, Moon So-ri…


Dans les années 30, pendant la période de colonisation japonaise de la Corée, une jeune femme nommée Sookee est engagée comme servante d’une jeune et riche japonaise, Hideko. Sauf que Sookee, sous l’impulsion d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, a pour objectif d’encourager Hideko à épouser ce dernier pour qu’il puisse toucher son héritage. A moins que…



La virtuosité gigogne de Park Chan-wook a beau nous cramer la rétine à chaque raccord de plan, elle est surtout au service d’un redoutable échiquier en trois phases de jeu, dont toutes les pièces sont enduites d’un délicieux venin. Très habile en soi, cette construction narrative à la "Rashomon" superpose ainsi trois points de vue différents pour traduire le degré de mensonge et de dissimulation qui entoure cette intrigue. Et bien entendu, comme nous sommes au cœur d’une manipulation par les sentiments, cela implique que l’amour est ici un leurre terrible et que le dialogue est aussi tranchant qu’un poignard…
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2e // LES HUIT SALOPARDS
de Quentin Tarantino
avec Samuel L. Jackson, Tim Roth, Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh, Michael Madsen, Bruce Dern, Channing Tatum…


Un chasseur de prime du nom de John Ruth conduit Daisy Domergue, sa nouvelle prise, à Red-Rock dans des montagnes enneigées des États-Unis post-guerre de Sécession. Sur la route, il rencontre le Major Marquis Warren puis Chris Mannix. Rattrapée par la tempête de neige, la troupe accompagnée du conducteur de la diligence O.B va se réfugier dans la mercerie de Minnie…



Tarantino parvient à faire monter la tension petit à petit et nous offre un scénario digne des meilleurs livres d'Agatha Christie. […] Un régal qui nous poussera à nous creuser la tête jusqu'à la révélation finale qui viendra, enfin, nous enlever ce poids que représentait le fait de ne pas savoir. C'est donc un film complet que nous livre Quentin Tarantino alliant le rire, la réflexion et le gore, pour nous faire vivre un moment qui s'inscrit pleinement dans la veine des grandes réalisations italiennes des années 60. Un bonheur pour les fans et une belle découverte pour les novices qui les poussera sûrement à s’intéresser à ce style.
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1er // TONI ERDMANN
de Maren Ade
avec Peter Simonischek, Sandra Hüller, Michael Wittenborn, Thomas Loibl, Trystan Pütter, Hadewych Minis, Lucy Russell, Ingrid Bisu…


Winfried est un joyeux drille qui ne manque jamais une occasion de plaisanter. Accompagné de son vieux chien Willy, il use de gentilles farces naïves pour amuser son entourage. Un dimanche, il est invité chez son ex-femme à l'occasion de la venue de leur fille unique Ines, une femme d’affaire ambitieuse en poste dans une grande multinationale à Bucarest...



Le film réserve bien des surprises. Calé sur l’emploi du temps inflexible d’Ines, le récit s’amuse à distiller des contretemps aussi réfléchis qu’inattendus pour permettre au père de justifier sa présence. Son tempérament imprévisible fait le reste. Sa fantaisie récurrente n’est jamais agressive et son personnage, plus pudique qu’il n’y paraît, doit se confronter à un monde qui le révolte pour entretenir le peu de lien qui le raccroche à sa fille. Les scènes s’enchaînent alors entre rires et affection jusqu’aux premières fêlures, portant le film à son apogée dans une scène d’anniversaire mémorable…
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Mathieu Payan

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