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berlin 2016 - Des thèmes plus personnels


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L'avènement ou la fin de l'adolescence

Parmi les films marquant le passage de l'enfance à l'adolescence, on noter la comédie "Jamais contente", portrait d'une jeune fille insupportable, qui n'aime personne et s'avère très douée pour pourrir la vie de tout son entourage. Si le personnage en irritera plus d'un, d'autres finiront par le trouver attachant, à force de se voir confrontée à aussi malin qu'elle et à voir son inconsistance mise en évidence par les plus grands. Dans "Ma révolution", jolie comédie, on suit deux gamins prix malgré eux dans une manif pro révolution arabe, dont l'un devient par hasard le porte drapeau de celle-ci. Les premiers émois et les tentations de la vantardise vu à hauteur d'enfant : délicieux.
"Little men" de Ira Sachs (habitué de la Berlinale) montre deux gamins incapables de comprendre les problèmes d'argent et de relation des grandes personnes. Autour d'une histoire d'héritage, c'est la différence de classes sociales qui est tendrement mise en évidence, rappelant la chance des uns et la déconvenue des autres.

Plus tournés vers le passage à l'âge adulte, trois films ont fait le bonheur des festivaliers dans 3 sections différentes. "Quand on a 17 ans", dernier film d'André Téchiné force un ado à cohabiter avec un autre élève en difficulté, révélant sous un vernis d'agressivité, ses propres pulsions homosexuelles. Un film rude et magnifiquement interprété sur l'acception de soi-même. Délicieuse comédie décalée rappelant l'univers de Wes Anderson, l'australien "Girl asleep" fit l'ouverture de la section Generation en mettant en scène une ado renfermée, ami avec le loser du coin. Dans une ambiance seventies faisant de la ringardise une marque de fabrique et jouant joliment avec la notion de désenchantement. Plus original, le film latino-américain "Las plantas" aura séduit les jury ados du festival, avec le portrait borderline d'une ado devant s'occuper de son frère handicapé en l'absence de sa mère. Découvrant son pouvoir d'attraction, elle va s'en servir comme d'une arme redoutable, histoire de faire baisser la pression. Une sorte de montée de sève analysé de manière à la fois intelligente et amère.

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Folie pas forcément douce

Un point commun à de nombreux films berlinois cette année fut de disposer de personnages particulièrement barrés, enfermés dans leur aspect caractériel voire dans une folie passagère ou persistante. On notera ainsi l'héroïne de "Hee", clocharde au comportement présumé dangereux, dont un psy tente de décrypter le discours lors de longues sessions où on ne sait trop quel rôle elle joue. Même chose pour le personnage que se conçoit l’héroïne de "I, Olga Hepnarova", devenu étendard de son propre refus de la société. Un potrait noir et blanc d'une jeune femme perturbée par sa propre insignifiance aux yeux de la société.

Avec "Boris sans Béatrice", le canadien Denis Coté nous propose le portrait d'un homme d'affaire enclin à de subites colères. Une approche clinique d'un homme habitué au succès et tout à coup questionné sur son effet sur son entourage plus ou moins proche. Une bizarrerie aux éclairs iconoclastes. Dans le formidable nouveau film de Kyoshi Kurosawa, "Creepy", c'est le comportement étrange d'un voisin qui intrigue un mari, ancien flic, alors que sa femme, sujette à la solitude, se rapproche de celui-ci. Colérique, obsessionnel, asocial, d'humour douteux, oppressant, le monstre n'est peut être pas loin, à moins que ce ne soit ici que des apparences trompeuses. Autre cas pathologique dans le très flippant "The ones below", dans lequel un couple de voisin devient particulièrement envahissants pour une femme enceinte et son mari, après avoir perdu leur propre enfant. Entre symptômes de dérangement et paranoïa d'une potentielle machination, le scénario s'amuse avec nos nerfs et offre enfin un grand rôle à Clémence Poesy.

Dans le film d'Afrique du Sud "Sheperds and butchers", c'est le comportement violent d'un gardien de prison vraisemblablement traumatisé qui sous-tend l'intrigue. Ce film de procès ne cherche pas à dédouaner l'homme de son acte, mais s'intéresse aux raisons de son basculement vers l'irrationnel. Avec l'adaptation d'un roman de Philip Roth, le producteur James Shamus dresse par intermédiaire le portrait d'une jeune femme dont les pulsions charnelles, empreintes d'une naïve tendresse, vont bien au delà des limites des bonnes mœurs des années 50. "Indignation" constitue ainsi une ode à une certaine forme d'innocence et de liberté de penser. S'intéressant au célèbre écrivain Thomas Wolfe, "Genius" propose une approche de la création torturée et de l'hyperactivité essayant de dépendre l'homme comme un passionné (le jazz servant de symbole idiot de sa liberté de pensée et donc de ton). Mais de la supposée exaltation de la jeunesse à l'autisme et à l'incapacité communiquer avec les autres il n'y a qu'un pas, que semble avoir franchi le personnage joué par un Jude Law à la limite du supportable.

Terminons par un cas très à part, celui du personnage principal du thriller "Remainder", génial film à suspense, bourré d'idées surprenantes. Obsédé par la perte d'une partie de sa mémoire après un accident, celui-ci en ayant soudain les moyens, cherche par tous les moyens à reconstituer les rares lieux ou moments dont il se souvient. D'abord en maquette, puis en grandeur nature, puis avec des figurants, tout cela fait plus que friser la folie.

Olivier Bachelard

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