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venise 2015 - Bilan


Le Festival de Venise 2015 s'est donc terminé avec la victoire surprise du film vénézuélien « Desde Allá », sombre histoire de liaison homosexuelle matinée de traumatisme et de manipulation. Un choix audacieux pour le jury présidé par Alfonso Curarón. Il faut dire que l'inceste, comme la pédophilie furent des sujets de films marquants tels "Spotlight" avec Mark Ruffalo, ou "Why hast thou forsaken me ?" sombre portrait de jeunes hommes à la frange entre Palestine et Israël.

Mais les films du festival furent d'abord caractérisés par des héros désireux de vivre une vie meilleure ou tout simplement de s'accomplir. Dans "Underground fragrance" ce sont les illusions d'une sortie de la médiocrité du quotidien qui étaient mises en évidence, dans un Pékin en pleine mutation. Dans l'iranien "Wednesday may 9", c'est le fait qu'un homme veule donner de l'argent pour aider quelqu'un qui cristallise les désirs d'une autre existence. Dans "A copy of my mind" c'est le désir d'ascension sociale qui prédomine, alors que "Free in deed" met l'accent sur la nécessité de se racheter. Enfin dans "Marguerite" et "The danish girl", c'est la volonté de s'accomplir qui domine, en tant qu'artiste même si l'on chante totalement faux, ou en tant que femme, même si l'on est né dans un corps d'homme.

Autre thème important cette année, les conséquences de la guerre ont été l'objet de plusieurs films. "Krigen" (A war) mettait en scène un soldat accusé de n'avoir pas respecté les « règles » de la guerre, pour sauver ses hommes. "Man down" décrivait les conditions du difficile retour d'un soldat vraisemblablement traumatisé. Enfin "Remember", le dernier (et brillant) Atom Egoyan lançait un vieillard sénile sur les traces d'un criminel nazi.

La gestion du deuil fut également l'un des thèmes majeurs du festival, avec l'excellent portrait livré par Juliette Binoche dans "L'attente", la séparation d'un couple dont l'homme et la femme vivent différemment la perte de leur enfant ("La memoria del agua"), les découvertes progressives d'un secret familial dans "The daughter" ou encore l'introspection poétique et sincère de Laurie Anderson avec "Heart of a dog" où un portrait de sa chienne sert à mieux parler de sa mère et des ses derniers mots.

Parmi le meilleur de cette 72e édition, on retiendra en vrac les portraits croisés du bouleversant "Looking for Grace", le numéro incroyable et émouvant de Catherine Frot dans "Marguertite", la composition de Juliette Binoche dans "L'attente", le duo Lucchini – Sidse Babet Knudsen dans "L'hermine", les gamins de "The black hen" protégeant leur poule face au dessein du chef de village, ou le vampire intemporel de "Sangue el mio sangue" de Bellocchio. On retiendra aussi la tribu tourbillonnante de "Tanna", le montage choc et intelligent de "11 Minutes", la sensibilité du documentaire "Heart of a dog", le caractère vénéneux et désespéré de "Desde alla", le scénario captivant et plein de dilemme de "Remember", l'animation orientée adultes d'un "Anomalisa" traitant de la crise de la quarantaine et les décors graphiques et superbe de l'écolo "Behemoth".


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Olivier Bachelard

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