Les séries télévisées et les dessins animés du petit écran forment un vivier quasi inépuisable pour les producteurs en mal d’inspiration. On se souvient des transferts vers le grand écran des séries "Sex and the City" ou "X-Files" avec leur casting initial respecté à la lettre. Il y a aussi eu les adaptations ciné de "Starsky et Hutch", "21, Jump Street", "Miami-Vice" ou "L’Agence tous risques" avec ses acteurs vedettes qui enfilaient perruques et passaient au maquillage pour ressembler aux personnages initiaux. En outre, certains formats très courts de la télé ont été portés en longs métrages comme "Les Kaïras", "Connasse, princesse des cœurs" et "Bean"… Peu de dessins animés ont été adaptés en film de fiction. La plupart, comme "Bob l’éponge", "Oggy et les cafards", "Les Simpsons" ou "South Park" allongent leur durée pour devenir des films d’animation traditionnels où on retrouve trait pour trait chacun de leurs personnages. Néanmoins, les studios ont parfois trouvé des scénarios de dessin animé intéressants pour passer au grand écran : "Transformers" avec ses monstres d’acier et ses destructions massives, "La Famille Pierrafeu" pour euh… euh, on cherche encore ! Et vous, si vous pouviez produire la prochaine adaptation cinéma d’une série télé ou d’un dessin animé : que choisiriez-vous et quel casting préconiserez-vous ? A l’occasion de la sortie de "Hedi", Abus de Ciné a fait sa propre sélection ! Voici ce que vous ne verrez sûrement jamais au cinéma !
CANDY
De Riad Sattouf
Avec Sandrine Kiberlain (Candy), Noémie Lvovsky (Annie), Owen Wilson (Anthony), Louis Garrel (Terry), Lambert Wilson (Archibald), Alain Chabat (Alistair), Philippe Katerine (La voix de Capucin), Valeria Golino (qui apparaît dans le film « La Maîtresse de King Kong » que Candy va voir au cinéma)…
Candy et ses amis ont 40 ans, c’est la deuxième guerre mondiale et l’instabilité de la situation révèle des secrets jusqu’ici cachés.
Candy vit à présent en Angleterre. Infirmière volontaire et dévouée, elle attend toujours l’amour qui ne s’est jamais représenté depuis Terry. Autour d’elle, Annie a enfin épousé Archibald mais leur couple bat de l’aile. Annie, qui a dressé son fidèle Capucin à jouer les détectives, l’envoie surveiller son mari qu’elle soupçonne d’adultère. L’animal surprend effectivement l’homme embrassant… un homme - ! - qui n’est autre que… Terry - !!! - Lors d’un bombardement, Candy se réfugie dans un abri et retrouve son grand ami de toujours : Alistair. Porté disparu lors de la Grande guerre, celui-ci est à présent un espion de sa majesté. Leur regard se croise, l’étincelle jaillit, voilà notre héroïne de nouveau amoureuse. Les deux tourtereaux vivent à présent leur amour sous le blitz, jusqu’à l’arrivée des troupes américaines qui compte parmi ses rangs un beau général blond au regard d’azur, Anthony…
Gaëlle Bouché
MARSHALL ET SIMON
("Eerie, Indiana")
De Gregg Araki
Avec Nick Robinson (Marshall), Will Poulter (Simon), Matthew Modine (le père), Catherine Keener (la mere)…
Série télévisée américaine diffusée au début des années 90 aux Etats-Unis et en France, "Marshall et Simon" est une petite série fantastique qui suit deux adolescents désœuvrés dans la petite ville américaine d'Eerie dans l'Indiana où il ne se passe jamais rien, si ce n’est des phénomènes étranges dont sont témoins Marshall, quinze ans et Simon, neuf ans. Des appareils dentaires qui attirent des hordes de chiens ou une gamine qui modifie la réalité grâce à ses dessins, "Marshal et Simon" est le "X-files" de l'époque pour un public très jeune (8-12 ans).
Bien que Joe Dante ait participé à la série (il a signé cinq des dix-neuf épisodes), l'idée est de choisir Gregg Araki qui remettrait un peu de perversion et d'atmosphère troublante à la "The Faculty" dans cette œuvre résolument potache avec une remise au goût du jour des meilleures intrigues ("L'heure Perdue", "La déception", "Cache-cache et Le Voleur de cerveau") avec les gadgets de notre époque. Marshall et Simon seraient un peu plus âgés avec un Marshall interprété par Nick Robinson ("Jurassic World") et Simon par Will Poulter ("Le Labyrinthe", "The Revenant"). Matthew Modine et Catherine Keener compléteraient le casting dans le rôle des parents.
Un film qui ferait le bonheur des amateurs de petites bombes US indé et des spectateurs des séances de Minuit au Festival de Cannes où il serait bien sûr sélectionné !
Alexandre Romanazzi
MAGUY
De Arnaud et Jean-Marie Larrieu
Avec Karin Viard (Maguy), Mathieu Amalric (Georges), Catherine Frot (Rose), Sara Forestier (Caro), Philippe Katerine (Léon), Sergi Lopez (Albert)…
Oubliez Rosy Varte, Jean-Marc Thibault et Marthe Villalonga, et oubliez aussi l’humour poussiéreux. Si les frères Larrieu se mettent en tête de revisiter cette sitcom française des années 80, ça va forcément faire valser les codes ! Dans la version originale, Maguy a déjà eu deux maris, Albert puis Léon, avant d’épouser Georges. Qu’à cela ne tienne, avec les Larrieu, Maguy sera libérée : ce sera un compagnon « officiel » et deux amants ! Mais comptons sur les frères réalisateurs pour imaginer des relations bien plus complexes et tortueuses : l’un des amants de Maguy pourrait être aussi l’amant de Georges ; la fille de Maguy (Caro) pourrait fricoter avec la bonne (Rose) ; cette dernière ne serait pas en reste pour faire la cour aux différents hommes de la maison... Ajoutez à ce cocktail un décor évidemment montagnard (et probablement pyrénéen), des provocations à tout-va (tiens, les Pyrénées… pourquoi pas une partouze à Lourdes ?), un humour à la fois grinçant et poétique, une bande-son décalée voire kitsch (allez, un remix du thème de la série par Philippe Katerine !), et des retournements de situation forcément surprenants. Qu’est-ce qu’elle disait, la chanson du générique d’origine, déjà ? « Elle voit souvent rouge, avec elle ça bouge, Maguy soleil ou Maguy larmes, on est sous le charme, quand son cœur s’enflamme, elle joue toute la gamme »… Avec Arnaud et Jean-Marie Larrieu, ça prendrait un sens bien plus pimenté !
Raphaël Jullien
CAT’S EYE
De Steven Soderbergh
Avec Rooney Mara (Tam), Alicia Vikander (Alex), Eva Green (Cylia), Joseph Gordon-Levitt (Quentin), Michael Caine (M. Durieux)…
Non Steven Soderbergh, tu n’as pas dit ton dernier mot de cinéma ! Te voici à nouveau sur les plateaux de tournage pour adapter sur grand écran le manga et l’anime japonais "Signé Cat’s Eyes" ! Tu réussiras même à convaincre celle que tu avais dirigé dans ton soi-disant dernier film "Effets secondaires" : Rooney Mara, pour tenir le rôle d’une des sœurs Chamade.
Le film sobrement intitulé "Cat’s Eye" – nom originel du manga – revient aux fondamentaux même de l’histoire, soit trois sœurs, tenancières d’un café le jour, revêtent leurs habits de voleuses la nuit pour dérober chaque objet appartenant à leur père disparu et se trouvant aujourd’hui dans des musées ou des collections privées. L’objectif étant de trouver des indices menant au père. Les flics sont sur le coup mais ils ont toujours un train de retard… Il faut dire que l’une des sœurs sort avec l’inspecteur chargé de l’affaire permettant à celle-ci d’avoir toujours quelques informations importantes à lui soutirer ! Le film revient sur les origines du père et dévoile enfin comment l’homme a constitué son trésor du temps de la seconde guerre mondiale… Les filles vont avoir des mauvaises surprises sur leur géniteur… A côté de Rooney Mara, la sœur espiègle sera jouée par Alicia Vikander, tandis que l’aînée, le « cerveau », sera interprétée par Eva Green. Quel trio de charme, un bel hommage au premier générique abusivement sensuel ! M. Durieux, le vieil ami du père qui obtient les informations sur la localisation de la collection du paternel sera joué par Michael Caine et Joseph Gordon-Levitt se mettra dans la peau de l’inspecteur qu’on tâchera de ne pas rendre aussi benêt que le personnage de l’anime car il faut vraiment être aveugle pour ne pas confondre les sœurs Chamade qui tiennent un bar dénommé le « Cat’s Eye » avec les voleuses qui signent tous leurs larcins d’une carte de visite « Cat’s eye » !!
Bref un film d’action, de fratrie et de suspense mêlé à une romance et des faits historiques réels qui fera un carton au box-office… A se demander pourquoi personne n’y avait pensé avant ?!
Mathieu Payan
RAZCERCUEIL
(adaptation des Razmoket)
De Jeff Nichols
Avec Miles Teller (Tommy), Zac Efron (Charles-Edouard), Elizabeth Olsen (Angelica), Andrew Garfield (Alphonse) et Shailene Woodley (Sophie), Tye Sheridan (Jules)…
L’adaptation des "Razmoket" (et de sa suite "Razbitume !") débuterait 25 ans après les événements décrits dans la série originelle. Les bébés en couches-culottes devenus des hommes ont pris des chemins différents, se perdant de vue pour la plupart, sauf Tommy et Charles-Edouard étant encore colocataires. Charles-Edouard, dit le binoclard, a bien changé, ayant délaissé ses lunettes au profit des altères. Tommy est devenu, comme on pouvait l’imaginer, un vrai bourreau des cœurs. Le film commencerait alors comme une comédie dans la lignée de Judd Appatow sur deux futurs trentenaires à qui tout sourit. Mais ceux-ci vont être amenés à revenir dans leur ville natale suite au décès d’Alphonse, impliquant un changement de registre.
La bande d’antan se reformera alors le temps d’une veillée funèbre, l’occasion de faire le point sur leur vie respective. Avec sa capacité à capturer les émois sentimentaux, Jeff Nichols donnera une nature particulière à ces retrouvailles, entre nostalgie et tristesse. Comédie grinçante sur les espoirs déchus et les rêves inavouables, "Razcercueil" sera un manifeste sur la génération XY, une œuvre intimiste empreinte de la patte de son auteur.
Indéniablement, le film se plantera au box-office, les anciens fans n’ayant pas compris le parti pris esthétique et scénaristique, tandis que sa diffusion sur une centaine de copies ne permettait pas de faire des exploits au box-office (ce qui est rarement le cas de Jeff Nichols). Mais transformer une série sur les péripéties d’une bande de bébés en un film d’auteur audacieux vaudra certainement la Palme d’or au réalisateur américain (ou au pire l’Ours d’or à Berlin), ce qui est déjà pas mal…
Christophe Brangé
MADAME EST SERVIE
(Who’s the boss?)
De Mindy Kaling, co-réalisé avec Melissa McCarthy
Avec Henry Cavill (Tony Micelli), Christine Wiig (Angela Bower), Diane Keaton (Mona Robinson), Emma Roberts (Samantha), Rupert Grint (Jonathan Bower)…
Angela Bower emploie en tant qu’homme de maison, le sexy et célibataire Tony Micelli depuis dix ans. Entre eux le courant passe très très bien et ils sont amis/famille depuis des années. Le film pourrait commencer au moment où les deux personnages réalisent enfin qu’ils sont amoureux. Mindy Kaling ("The Office", "The Mindy Project") et Melissa McCarthy ("Mike and Molly") seraient excellentes pour réaliser ce beau ‘projet’ car au-delà d’être drôles, ce sont deux artistes talentueuses et qui sont extrêmement d’actualité. Melissa McCarthy a moins réalisé que Mindy Kaling mais justement, ce film lancerait sa carrière en tant que réalisatrice. En ce qui concerne le casting, je pense que Christine Wiig devrait personnellement me remercier de ma générosité !! Emma Roberts ferait un parfaite Samantha et Ruppert Grint donnerait un peu plus de relief au personnage de Jonathan. Je l’avais adoré dans "Cherrybomb". J’envisage même Jesse Eisenberg ("The social Network") dans le rôle du petit copain d’Emma Roberts ! Enfin Diane Keaton ferait une parfaite Mona ! Sexy, drôle, beaucoup de talent, quoi de plus ?
On pourra aisément estimer que le film sera le carton du siècle avec plus de 20 millions d’entrées… Ben quoi, "Bienvenue chez les Ch’tis" a fait autant !
Laetitia Langue
LES MYSTÉRIEUSES CITES D’OR
De Ang Lee
Avec Javier De Pietro (Esteban), Ailín Salas (Zia), Taylor Lautner (Tao), Ryan Reynolds (Mendoza), Sacha Baron Cohen (Sancho), Michael Peña (Pedro)...
Et si cette série animée, co-produite entre MK Production (Japon) et DIC (France), et diffusée pour la première fois sur Antenne 2 en 1983, devenait un film ? Nombreux sont ceux qui, comme moi, ont rêvé que les aventures d'Esteban, Zia et Tao, auxquelles ils doivent une furieuse envie de découvrir l'Amérique latine, soient un jour portées sur grand écran. Certains ont même imaginé que Steven Spielberg s'était penché sur une adaptation et le voyaient comme le réalisateur idéal. Pour ma part, au vu du caractère éclectique de ses films et de sa capacité à maîtriser action et poésie ("Tigre et Dragon") et à titiller l'imagination ("L'Odyssée de Pi"), je verrai plutôt Ang Lee s'attaquer à ce monument de la série d'animation.
Condenser les 39 épisodes de 40 minutes qui constituent la saison 1, méritera sans doute un long métrage d'environ 2h30 ou plus, histoire de conserver à la fois le rythme des aventures et l'aspect contemplatif initiaux. Capable de faire apparaître le soleil, Esteban s'embarque clandestinement sur un navire à destination du Nouveau Monde, dans l'espoir de retrouver son père. Il suivra les traces de celui-ci, accompagné de la jeune indienne Zia et de Tao, descendant du peuple de Mu.
Le scénario, en forme de road-movie, se concentre sur la recherche de l'El Dorado (ici l'une des sept cités d'or) et comporte nombre d'étapes permettant de découvrir les civilisations mayas, incas et olmèques, ainsi que d'incroyables machines ou mécanismes qui suggèrent une évolution très avancées de ces civilisations, aujourd'hui disparues. Un certain suspense se dégage, dû à l'inconnu, aux découvertes réalisées et à des multiples menaces : les troupes de l'empereur Pizaro, les olmèques, les chercheurs d'or, sans oublier le personnage ambigu de leur protecteur, l'Espagnol Mendoza.
Un projet qui attirer plusieurs millions d'entrées en France surtout si l'émotion est forte face à la quête du père et à l'aspect contemplatif du film. Alors, à quand enfin les "Cités d'or" en live ? Maintenant qu'une saison 2, plutôt honorable, a été diffusée sur TF1, il faudra sûrement attendre la diffusion de la saison 3, prévue pour 2017 ou 2018 à la télé.
Olivier Bachelard
Mathieu Payan
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais