DOSSIER

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LES MEILLEURS FILMS DE 2015 SELON OLIVIER BACHELARD


Une nouvelle année cinéma vient de s'achever, et il est une nouvelle fois peu évident de tirer un bilan de cette cuvée 2015, ceinturée de violences, de jalousies ainsi que d'un mélange de colère et de peur qui s'ancre de plus en plus dans notre société et qui s'immisce dans la tête et le vote des Français. Difficile d'être encore fier de son pays, aux politiques cumulards qui dilapident joyeusement les biens publics, où la Gauche poursuit une politique de Droite mettant à mal solidarité et service public, et qui ne propose comme avenir que la réduction progressive du droit d'expression, le Front National et l'auto-censure face aux terroristes et autres extrémistes.

Face à l'ambiance morose, le cinéma offre toujours une belle échappatoire, fait de rêves et de découvertes d'autres vies. Pas si difficile du coup d'être encore fier de notre cinéma, qui – même s'il se noie dans un bouillon de comédies désolantes à gros budget et si son cinéma d'auteur déraille parfois (voir les trois premiers de mon flop) – trouve à financer le meilleur, aux côtés d'auteurs ou de sujets étrangers : « Mustang », « Snow Therapy ».

L'année cinéma 2015 s'achève avec 253 films vus sur ceux sortis en salles, et se confirme pour moi la tendance de l'an dernier, avec désormais 46% d’oeuvres découvertes en festivals (116), auxquels s'ajoutent 37 en projections presse et 17 en DVD (soit 21% supplémentaires). La découverte en salles se fait donc plus rare, faute de temps certainement et le besoin de jouer les têtes chercheuses pour le Festival Face à Face, dont j'ai intégré l'équipe de programmation. Mais heureusement, la curiosité joue toujours et ce sont 16 avant-premières et 64 autres films qui m'auront fait me transférer de mon canapé au fauteuil de cinéma (soit seulement un film sur trois).

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Au travers du top, dominé par « The Lobster », film fantasque venu de Cannes, c'est la bizarrerie, le mystère, l'humour noir, l'ampleur de la légende ou de la vie, l'aventure, la révolte qui sont à l'honneur. Avec des formes totalement différentes, on y retrouve la Chine, le Chili, la Grèce, la Suède, l'Italie, la Turquie, et deux fois la France et les USA (dont un dessin animé français palpitant « Avril et le monde truqué » [photo ci-contre] et une comédie jouissive à la Woody Allen, « Broadway Therapy »). Reste « L'Etreinte du serpent », fascinante descente aux enfers amazonienne, qui restera à la porte du top, en onzième place.
Au milieu des réalisateurs reconnus, pour leur capacité à provoquer l'ulcération (Larraín), à convoquer le grandiose et l'aventure humaine (Howard et Miller) ou à manier le plan séquence (Iñarritu), s'est glissé le canadien Guy Maddin. Habitué des films expérimentaux et faussement vieillis, il a ici réussi l'exploit de recréer et mêler 27 films « disparus » en une seule et même histoire. Une prouesse, à l'étrange et captivant processus, passant par des séances de spiritisme avec ses interprètes, pour un résultat aussi ludique qu'absorbant !

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Du côté de ces dames, la victoire est évidente pour Alba Rohrwacher (avec plus de 5 films cette année... [photo ci-contre]) talonnée par une Juliette Binoche plus impliquée que jamais, et qui a aussi fait l'ouverture de Berlin avec un film encore inédit, signé Isabel Coixet (« Nadie quiere la noche »). Non loin de leurs performances, ma révélation de l'année est d'ailleurs une actrice, d’origine suédoise. Vue dans deux films américains, Alice Vikander va également bientôt voler la vedette à Eddie Redmayne dans « The Danish girl » qui sort en janvier 2016.
Côté messieurs c'est l'angoissant et fascinant Vincent Cassel qui domine largement. Derrière lui on retrouve deux caméléons (Oscar Isaac et Elio Germano), une révélation espagnole (Goya du meilleur espoir en 2014) et celui qui a reçu la Coupe Volpi à Venise : notre fin parleur, Fabrice Luchini.

Mais en cette année noire, quoi de mieux au final que de rire un peu, en appréciant un humour noir ou un cynisme affiché. Souvent venu du nord (ici Suède, Norvège et Angleterre), il se diffuse aussi chez nous et dans des productions grecques (l'étrange et barré « The Lobster ») ou argentines (les jouissives vengeances dans « Les Nouveaux Sauvages »). De quoi concocter un réjouissant top thématique et mieux refermer une année 2015 difficile, durant laquelle j'aurai pris plaisir à partager mes coups de coeur avec mes collègues d'Abus de ciné, et ceux du Festival Face à Face de Saint-Étienne. Un seul mot d'ordre pour 2016 : « Motivés » !!!


Top 10 meilleurs films
1 - The Lobster, de Yórgos Lánthimos
2 - El Club, de Pablo Larraín
3 - Au-delà des montagnes, de Jia Zhangke
4 - Snow Therapy, de Ruben Östlund
5 - Tale of tales, de Matteo Garrone
6 - Au cœur de l'océan, de Ron Howard
7 - Broadway Therapy, de Peter Bogadnovich
8 - Avril et les monde truqué, de Franck Ekinci et Christian Desmares
9 - Mustang, de Deniz Gamze Ergüven
10 - La Belle saison, de Catherine Corsini


Flop 5 pires films
1 - Taj Mahal, de Nicolas Saada
2 - Marguerite et Julien, de Valérie Donzelli
3 - Maryland, d'Alice Winocour
4 - Pixels, de Chris Columbus
5 - Le grand partage, d'Alexandra Leclère


Top 5 meilleurs réalisateurs
1 - Pablo Larraín (El Club)
2 - Alejandro Iñarritu (Birdman)
3 - George Miller (Mad Max : Fury road)
4 - Ron Howard (Au cœur de l'océan)
5 - Guy Maddin et Eva Johnson (La chambre interdite)

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Top 5 meilleures actrices
1 - Alba Rohwacher (Vierge sous serment - Hungry Hearts - Les Merveilles - Tale of tales)
2 - Juliette Binoche (L'attente - L'épreuve) (photo ci-contre)
3 - Margherita Buy (Mia Madre)
4 - Catherine Frot (Marguerite)
5 - Cécile De France (La Belle saison)



Top 5 meilleurs acteurs
1 - Vincent Cassel (Mon roi)
2 - Oscar Isaac (Ex Machina - Star Wars VII : le Réveil de la Force)
3 - Elio Germano (Leopardi : Il giovane favoloso)
4 - David Verdaguer (10 000 Km)
5 - Fabrice Luchini (L'Hermine)


Top thématique (longs) : Humour noir et cynisme
1 - Snow Therapy, de Ruben Östlund (photo ci-contre)
2 - Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence, de Roy Andersson
3 - Les Nouveaux sauvages, de Damián Szifron
4 - The Lobster, de Yorgos Lanthimos
5 - Marguerite, de Xavier Giannoli
ex-aequo Une belle fin, de Uberto Pasolini



Révélation de l'année 2015
Alice Vikander, actrice de « Ex Machina » et « Agents très spéciaux : Code UNCLE »
et bientôt dans « The Danish girl »

Olivier Bachelard

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