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EXPOSITION : L'art et la machine au Musée Confluence


Pour bien terminer cette année cinéphile 2015, pourquoi ne pas aller faire un tour du côté du Musée Confluence.

Autour de machines affichées comme « créatrices de nouveaux domaines d'expression artistique », parmi lesquels bien entendu le design, certains pans de la peinture ou de l'art en générale, ou encore ce qui intéresse le plus Abus de ciné - le cinéma-, le Musée Confluence, situé à la pointe de la presqu'île à Lyon, vous propose son exposition « L'art et la machine » du 13 octobre 2015 au 26 janvier 2016.

Une approche en 4 étapes

En guise d'ouverture, la première salle nous offre une œuvre marquante, La DS de Gabriel Orozco (1993), voiture au profil bien connu, qui devient véhicule aux aspects de fusée dans sa largeur, car ne pouvant accueillir qu'un unique conducteur. Voulue comme une mise en scène de l’œuvre d'art, dessin d'une machine aux rouages fonctionnels, elle constitue une belle introduction à la confrontation entre notions de design et d'utilité.

Divisée ensuite en 4 parties, l'exposition décline les visions de la machine, devenant objet de fascination pour leur complexité ou au contraire la simplicité esthétique de leurs composants (Fascination de la machine), devenant décors et inspiration plus ou moins symbolique pour de nombreux artistes (La machine, un modèle ?), puis servant elles-mêmes à la représentation par l'artiste - en tant qu'appareils photos ou caméras- (La machine à l’œuvre), ou enfin devenant objet de fantasmes et utopies (Machines en rêves).

Dans chaque partie de l'exposition, chacun trouvera de quoi s'extasier, fasciné par une esthétique pure, captivé par un montage complexe aux rouages aussi utiles que futiles (voir notamment l'énorme pièce concluant l'exposition, Méta-Maxi de Jean Tiguely (1986) ), emporté dans des paysages industriels d'autrefois, ou vers des représentations futuristes convoquant l'impossible.

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Quelques peintures et sculptures réalistes...

Après une première partie où on pourra s'extasier devant la complexité aujourd'hui révolue de certains mécanismes (voir par exemple la Machine à statistiques d'Hollerith (1915) ), la seconde partie s'attache à la représentation de la machine, réaliste ou abstraite, provoquant l'étonnement ou la perplexité.

Des peintures de facture classique, mais non moins saisissantes, arrivent ici à donner une idée des conditions de vies des ouvriers amenés à construire les machines durant la révolution industrielle. Ainsi, donnant une échelle des usines et des mécanismes construits, on trouve ici Une forge de Fernand Cormon (1893), Le laminoir de Fernand-Joseph Gueldry, ou encore le magnifique Forgeage d'un arbre à l'usine d'Indret de François Bonhommé (vers 1864).

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... et des visions plus abstraites

Parmi les représentations plus abstraites, on notera deux peintures huile sur toile signées Frantisek Kupka, visions de mécanismes pas forcément concrets (L'acier travaille (1927-1928), et surtout Machine comique (1927-1928) ), les Rotoreliefs de Marcel Duchamp (1935-1953) une série de disques de carton aux géométries colorées et leur tourne disque, vouées à un mouvement perturbant la perception, ou encore des sculptures, telle Le cheval majeur de Raymond Duchamp-Villon, impressionnante masse en fer forgé aux courbes à la fois douces et imposantes.

Certains abordent aussi la destruction, comme Compression de voiture - Giulietta Alfa Romeo de César (1974) ), évoquant le début d'un nouveau cycle, d'une utilité jamais réellement perdue.

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La machine dans toutes ses réalités et fantasmes

L'exposition propose ensuite une impressionnante collection d'appareils photos et de caméras, loin du miniaturisme auquel sont habituées les jeunes générations, avec les téléphones portables et autres supports électroniques.

S'en suit une série de photographies allant jusqu'à représenter les dangers inhérents aux dispositifs conçus par l'homme. Vous y trouverez la photo d'un impressionnant accident avec la magnifique photo de L.Mercier Accident gare de l'ouest (22 octobre 1895).

L'imagination est enfin fortement sollicitée dans la dernière partie de l'exposition, avec la mise en scène de dispositifs absurdes ou impossibles, voire de mondes imaginaires. On peut y retrouver la tour Eiffel servant de tourniquet à des navires suspendus qui lui redonnent une surprenante échelle (Another world de Chris burden (1992) ) ou encore l'immense vaisseau spatial Station vampires de Rigobert Nimi (2013), rempli de soldats prêts à un probable débarquement.

Parmi les dernières pièces de l'exposition, juste à gauche avant la sortie, ne manquez pas une vidéo étonnante, qui mérite que l'on s'y attarde un certain temps : Le cours des choses de Peter Fischli et David Weiss (1986-1987). Ses rouages (une succession implacable d'événements, incluant divers dispositifs mettant le feu, faisant fondre d'autres éléments...) feront penser forcément aux mécanismes en chaînes proposés par Jean Pierre Jeunet dans ses premiers films (les moyens de suicide de « Delicatessen », le parcours de la balle dans « Alien 4 : résurrection »).


Une place de choix pour le cinéma avec le Drive In

Juste avant de rentrer dans la 3ème partie de l'exposition, vous pourrez découvrir le « Drive In » un espace voué au cinéma, et à la représentation de la machine dans le 7e art. Dans des sous espaces comportant chacun deux ou trois places assises, vous pourrez grâce à un écran interactif, naviguer et choisir un extrait à visionner sur grand écran devant vous, les personnes passant dans le même espace pouvant également en profiter sur un écran situé au dessus des sièges.

Vous pourrez ainsi redécouvrir des univers futuristes dominés par les machines, avec « Planète interdite » de Fred McLoad Wilcox, « Matrix » des frères Wachovski ou « Metropolis » de Friz Lang, et vous plonger dans l'ère de la révolution industrielle avec « Hugo Cabret » de Martin Scorsese ou « Les temps modernes » de Charlie Chaplin. Vous pourrez également faire un tour dans les visions des mondes futurs, que la machine permette de voyager d'époque en époque (« La machine à remonter le temps » de Georges Pal, « Retour vers le futur » de Robert Zemeckis) ou que le film imagine avec anticipation les machines ou véhicules d'une époque (« 2001, l'Odyssée de l'espace » de Stanley Kubrick).

Entre fascination pour la machine, imprégnation du paysage par celle-ci, aliénation à la machine, et au final prise de contrôle de notre monde par celle-ci, l'être humain et l'artiste ont toujours un rôle à jouer, comme concepteur dépassé par sa création, ou comme participant de la banalisation ou traducteur de la monstruosité ou du gigantisme sous-jacent. Les 4 séquences proposées par l'exposition L'art et la machine donnent au final une idée du rôle de l'humain, esclave ou maître de la machine, et donnera à réfléchir, en oscillant entre beauté et monstruosité, clarté et abstraction, utilité et non-sens.

Cerise sur le gâteau, et pourquoi pas en guise de cadeau de Noël, le catalogue de l'exposition est disponible en vente au prix de 30 euros.

Informations pratiques :

Horaires :
du mardi au vendredi de 11h à 19h
samedi et dimanche de 10h à 19h
jeudi, nocturne jusqu'à 22h

Tarifs :
Entrée 9 euros pour l'ensemble des expos
Gratuité pour enfants de moins de 18 ans
Gratuité pour étudiants de moins de 26 ans

Pour plus de renseignements :
Musée des Confluences
« L'art et la machine »
du 13 octobre 2015 au 26 janvier 2016
Site officiel : http://www.museedesconfluences.fr

Illustrations (dans l'ordre interne à l'article) :
Forgeage d'un arbre à l'usine d'Indret de François Bonhommé (vers 1864)
Machine comique de Frantisek Kupka (1927-1928)
Station vampires de Rigobert Nimi (2013)
Vue de l'espace Drive In, Musée confluence (2015)
Toutes photos prises par Olivier Bachelard – abus de ciné

Olivier Bachelard

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