Trois films puissants traitant chacun à leur manière des conflits armés, ont jalonné ce Festival de Venise 2014.
De par son sujet même, « Good kill », nouveau film de Andrew Niccol (« Bienvenue à Gattaca », « Simone ») avait de quoi créer la polémique. Traitant des frappes chirurgicales, le film interroge sur la nature et l'arbitraire d'un conflit commandé à distance, où le soldat est partiellement réduit à l'état de geek amateur de jeux vidéos, loin des conséquences familiales ou sociales de ses actes, loin du sang et des larmes. Plutôt clinique, le film pose d'intéressantes questions sur la nature « préventives » des actions armées, et la différence entre guerre et terrorisme.
Longtemps favori des festivaliers, mais finalement reparti bredouille du palmarès, « Loin des hommes » nous plonge dans les affres de la guerre d'Algérie. Le film pose la question de la possibilité d'une neutralité en temps de guerre, portrayant un enseignant étranger contraint d'escorter un prisonnier jusqu'à un village lointain, et qui refuse de s'engager envers un camp. Une sorte de road-movie, à la fois grandiose au niveau des images et troublant d'un point de vue moral.
Enfin, en jetant un nouveau regard sur les conséquences du coup d'état de 1965 en Indonésie, Joshua Oppenheimer, qui avait déjà réalisé « The act of killing », délivre avec « The look of silence » un nouveau terrifiant documentaire. Gagnant du Grand prix du jury, le film montre l'incapacité à témoigner ou à vouloir se souvenir, et dans le même temps l'incapacité d'une société à guérir de ses blessures, les bourreaux n'ayant jamais été condamnés. Il interroge également au passage le rôle de la religion musulmane dans l'horreur des massacres, tout comme la part d'inhumanité qui se cache dans les foyers d'un pays blessé.
Nicolas Le Grand
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