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Venise 2014 - Des expériences parfois ratées


Le moins que l'on puisse dire est que le Festival de Venise 2014 a tenté de donner dans l'innovation. Une innovation formelle qui avait pour but de stimuler le spectateur, en lui faisant perdre de classiques repères narratifs, ou en provoquant une déstabilisation des sens. Cependant ces films au caractère expérimental, n'ont pas tous été une réussite.

Parmi ceux qui tentaient une autre forme de conter une histoire, on notera tout d'abord « Métamorphoses » de Christophe Honoré, enchaînement léger et fluide de diverses légendes impliquant déités et mortels, transposées dans notre monde moderne. Les transformations en animaux sont suggérées avec finesse, et le filme exerce un charme indéniable. Moins réussi, tentant lui aussi une transposition d'écrits anciens en nos temps actuels, « Cymbeline » s'essayait comme jadis « Roméo + Juliette » à une adaptation moderne d'une pièce de Shakespeare. Cependant la pauvreté de l'approche, qui se réduit souvent à un accessoire symbolique pour chaque personnage, fait rapidement sombrer cette histoire de roi-motard dans le ridicule.

Beaucoup plus réussi, « Réalité » de Quentin Dupieux tente une réflexion déstructurée sur la création cinématographique, à une époque où tout le monde pense pouvoir devenir cinéaste, de l'employé de bureau jusqu'au producteur. Une œuvre jouissive, où un scénariste va même jusqu'à être spectateur de son propre film, alors qu'il ne l'a même pas encore écrit. Un film qui doit beaucoup à la folie d'Alain Chabat. Dans le même esprit, des réalisateurs connus se lançaient dans le documentaire, essayant de leur trouver une forme à part. C'était de le cas d'Ulrich Seidl, qui avec « In the basement » s'intéressait aux sous-sol de ses compatriotes autrichien, réussissant à créer le malaise avec certains portraits (notamment une femme qui caresse des poupées hyper-reálistes...). C'était aussi le cas de Alex De la Iglesia, qui tentait un portrait en creux (et malheureusement très adorateur) du footballeur Lionel Messi, en réunissant ceux qui l'ont connu dans un même restaurant.

Du côté des films sensoriels, on notera avant tout l'expérience proposée par Shinya Tsukamoto, réalisateur de "Testsuo". Dans « Fires on the plain » il nous entraîne progressivement des les délires d'un soldat fiévreux, coincé entre front et infirmerie. Une sorte de plongée tripesque dans une forêt menaçante, où la caméra rend à merveille un certain chaos mental généré par la violence qui ceinture le personnage. Enfin, portant le mot même dans son titre « Near death experience » nous mène sur les traces d'un homme au cerveau bouillonnant, parti dans les montagnes de Provence pour se donner la mort. Un film à la limite du supportable, filmé dans une image vidéo bringuebalante plutôt crade, et qui délivre quelques messages simplistes sur la vie. Une expérience ratée.

Olivier Bachelard

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